|
Rubrique:
http://www.philagora.net/auteurs/la-fontaine.htm
La Fontaine:
un prédicateur
?
ou
un moraliste? (page 2)
Retour:
La Fontaine prédicateur (page 1)
_________________________________
|
Lorsqu'il
publie son premier recueil de fables, il innove dans un genre qui
n'a pas encore ses lettres de noblesse en France, comme la
tragédie, la comédie ou le roman.
De plus, il veut se ménager la faveur du roi, qui se méfie de lui
(il y a son amitié avec Nicolas Fouquet, avec la duchesse de
Bouillon et son entourage assez libre, il y ses Contes...)
Il va donc offrir son premier recueil de fables au fils de Louis XIX,
le Dauphin, un petit garçon de 6 ans et demi. Il va remplir sa
préface de toutes les belles pensées.
Le
titre de moraliste qu'on lui donne avec raison doit être pris dans son sens
très neutre, d'observateur des mœurs humaines. La leçon que chacun va
tirer de ces fables lui importe beaucoup moins que son plaisir à les
raconter. Le grand Rousseau ne s'y était pas trompé lorsque, dans son
Emile, il critiquait le pessimisme décourageant du fabuliste.
La Fontaine qui ne s'est pas occupé de son propre fils ne s'intéressait
pas particulièrement aux enfants. Il n'a pas songé à eux en écrivant,
parce qu'il ne les aimait pas beaucoup; Il se méfiait d'eux. Il les a
quasiment en horreur! Vous ne me croyez pas? Je vous le prouve!
Sur les quelques 200 pièces du fablier il ne parle d'eux guère plus d'une
demi-douzaine de fois et dans des termes très peu chaleureux, voyons
plutôt:
|
En I 19 L'Enfant
et le Maître d'école, l'un tombe à l'eau sans éveiller la moindre pitié chez
notre conteur: "Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise!"
Un second en V 11 La Fortune et le jeune Enfant , n'y tombe pas, quoique
visiblement La Fontaine trouve qu'il l'aurait bien mérité.
- Un autre, en IV 16 Le Loup, la mère et l'Enfant, agace tellement sa
mère par ses cris qu'elle le menace du Loup.
En IX 5 , L'écolier, le Pédant et le Maître d'un jardin
"Certain enfant sot qui sentait son collège
doublement sot et doublement fripon
par le jeune âge et par le
privilège
qu'ont les pédants de gâter la
raison
Pille un jardin: La Fontaine en conclut:
"et ne sais bête au monde pire
que l'écolier si ce n'est le
pédant
le meilleur de ces deux pour voisin à
vrai dire ne me plairait aucunement.
-
En IX 2, Les deux pigeons, un autre: "fripon d'enfant (cet âge est
sans pitié) " frappe d'un coup de fronde un malheureux pigeon.
J'ai feuilleté mon fablier, interrogé sa table des matières, nulle part je n'y ai
trouvé d'enfant agréable;
|
Il ne faudrait pas
conclure de cette antipathie que notre homme était un monstre: les enfants à son époque
n'intéressaient pas le monde des adultes (sauf nombreuses exceptions surtout
maternelles). Ils n'ont commencé leur "existence" officielle qu'au siècle
suivant.
Le miracle, c'est que La Fontaine plait aux enfants qu'il appréciait
si peu. Le paradoxe, c'est que la plupart des "pédants" - gens sans rancune-
s'accordent à dire que les fables de La Fontaine sont bien adaptées aux enfants,
qu'elles peuvent les instruire et les divertir, à condition ajoutent-ils de les choisir
judicieusement et de les expliquer avec soin.
Voilà pour l'image d'un La Fontaine entouré d'enfants!
-Texte de Jacqueline.
-
Site
Philagora, tous droits réservés ©
Retour:
La Fontaine prédicateur (page 1)
Aller
vers: La Fontaine et les femmes
Retour à "J'aime le français" -pour suivre les autres pages: les fables Retour à la
page d'accueil de philagora
|