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La Fontaine,
Les animaux malades de la peste.
(Livre VII
- 1)
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La fable Les
Animaux malades de la peste (lien
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Le mal dans sa
réalité concrète! (Vers.7 à 14)
* 7 "ils ne
mouraient pas tous, mais tous étaient frappés"
L'espoir éveillé par "ils ne mouraient pas tous", est
anéanti par la fin du vers "étaient frappés", tandis qu'au
milieu, par un effet de chiasme, ou construction en croisement "tous"se
trouvent enfermés sans pouvoir s'échapper. La suite des vers confirme ce désespoir
avec "point, nul, ni, ni, plus, plus".
* 8 "On n'en voyait point d'occupés
à chercher le soutien d'une mourante vie
..."
* 10- ni loups ni renards n'épiaient
la douce et l'innocente proie.
les tourterelles se fuyaient:
plus d'amour, partant plus de joie".
Pire que la mort c'est la négation de la vie. Les instincts primordiaux, la
faim, le désir sexuel ont disparu et en même temps ce qui caractérisait telle espèce,
la chasse ou la tendresse. Quelle tristesse dans ces longs imparfaits (temps de la durée
de la contemplation)! Quel découragement devant une entreprise donnée au Vers.9 comme
impossible par l'alliance d'idées opposées "soutien/mourante"
et quelle lassitude dans ce participe qui dure au point de devenir un adjectif.
* Aux
Vers.11-12 en 2 octosyllabes voici, magistralement posé en négatif, le guet silencieux
des deux prédateurs, et par une sorte de contagion irrationnelle, notre pitié pour
"la douce et l'innocente proie" va envelopper ces
chasseurs annihilés par le mal.
* Au Vers.13, attitude paradoxale et même suicidaire de ces
oiseaux-caresse de notre bestiaire. Dans l'évocation de l'épidémie, il n'a pas été
question de souffrance mais de vie blessée.
Au V.14, La Fontaine choisit de conclure par le plus grave: la disparition du bonheur qui
ne peut exister sans le plaisir de l'amour, c'est là un cri du coeur: "plus
d'amour, partant plus de joie".
Le conseil du lion (Vers.15 à 63) va
chercher une solution. Son discours ouvre la séance
(V. 15 à 33, en y incluant sa confession)
* 15 "Mes chers amis,
je crois que le ciel a permis
pour nos péchés cette infortune.
Que le plus coupable de nous
se sacrifie aux traits du céleste courroux.
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
on fait de pareils dévouements.
Ne nous flattons donc point. Voyons sans indulgence
l'état de notre conscience."
-Avec chaleur et simplicité "mes chers amis", le lion
s'affirme solidaire de tous les animaux par l'utilisation de la première
personne du pluriel (3 pronoms personnels, 3 possessifs, 2 impératifs), il montre un
grand souci de la "guérison commune". Sans arrogance "je
crois", "peut-être", "l'histoire nous apprend",
il propose une explication religieuse du fléau (déjà suggérée dans
l'introduction), "le ciel a permis cette infortune", "pour nos
péchés", et il annonce une solution religieuse, celle très classique dans les
temps anciens d'une victime expiatoire: "se sacrifie", "céleste
courroux", "dévouements" (c'est à dire consécration à la
divinité).
- Avec les mots: "coupable... indulgence... conscience... que le plus coupable
périsse", le conseil devient cour suprême de justice, car il faut bien
chercher maintenant un Bouc Emissaire. Une fois éveillée la crainte du sacré,
le lion peut se montrer sévère et cela d'autant plus qu'il ne se dissocie pas du groupe;
Il joue le jeu et s'accuse le premier:
* 25 "Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
j'ai dévoré force moutons".
non content d'avouer ses fautes, il utilise des mots qui soulignent sa culpabilité:
"appétits gloutons... dévoré... force (bien pire que beaucoup)
"
* 27 "que m'avaient-ils fait? nulle offense".
Il balaie la circonstance atténuante de la vengeance comme il avait négligé celles de
la faim ou de la rareté des faits. Quelle confusion dans cet aveu au rythme haché, avec
le final génial, en rejet!:
"même/il m'est arrivé/quelquefois/de manger
le berger".
-Qui n'admirerait une telle sincérité, un tel courage et qui ne penserait que le grand
coupable s'est généreusement dénoncé et va sauver son peuple?
Malheureusement, le roi poursuit... et tout bascule!
"Je me dévouerait donc, s'il le faut. Mais je pense
qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi:
car on doit souhaiter selon toute justice
que le plus coupable périsse".
Ainsi, sous couleur d'équité, le roi se montre bien décidé à trouver un autre
coupable que lui-même. Un discours qui avait commencé sous le signe de la solidarité et
de la transparence s'achève dans la comédie et le mensonge.
-Texte de Jacqueline.
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