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Ponge et les partis politiques.
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- Je me rends compte nettement
de plusieurs
Choses:
Que la prétendue personnalité est un résultat de
lattitude, des "poses", des mômeries.
Que lhomme est un monstre par rapport aux
enfants.
Que la société des hommes est une assemblée sans
Pudeur où toutes les hontes sexcusent cest-à-dire
sétalent cyniquement et sans crainte de repré-
sailles impossibles.
Tous les hommes sont dépravés et savent que les
autres le savent: ils nen éprouvent aucune honte.
Société hideuse de débauche. (Francis Ponge)
Francis
Ponge écrit cette première "bombe" sur une table de la
bibliothèque Sainte Geneviève à Paris : il est alors en
" prépas " au lycée Louis-le-Grand.
C’est son esprit qui, nettement, déduit de ses
observations cette "affiche" qu’aucun parti n’oserait
reprendre: c’est une déclaration de guerre à une société
foncièrement immorale: ce texte permet de comprendre l’errance de Ponge
de parti politique en parti politique dans laquelle, seul contre tous, il
ne sera jamais pleinement d’aucun parti.
A la politique qui tourne le dos à la morale, qui plie le
genou devant le gros dévorant les petits, Ponge oppose sa morale sans
laquelle la politique n’est que le masque de l’injustice. Ainsi il
prend le parti de l’innocence, des petits, des enfants, puis des objets
qui ont tous les droits, contre la lutte sociale dont le sort dépend
davantage de la violence, du mensonge, de la ruse que de la vérité et de
la justice.
Ponge ira de dégoût en dégoût: socialiste vite
marginalisé, il se livrera un temps au train du communisme: mais là
encore il sera dégoûté par la morgue des dirigeants de l’époque,
leur sectarisme: l’inquiétude le gagnera devant la naissance
de
nouvelles idées "reines", ces fausses vérités sources de
tyrannie au nom desquelles l’individu est toujours nié ou sacrifié à
des lendemains qui n’apparaîtront jamais. Ponge retrouve donc la
solitude de l’hérétique qui rêve de réconciliation sociale, de paix
intérieure: il se voue aux grands solitaires qui l’ont toujours
inspiré, Epicure… Mallarmé…
Enfin, il accepte d’inaugurer le Centre Beaubourg, "nettement",
il nous l’a dit :
"J’ai
toujours été patriote de la langue française, comme cela figure dans l’Ecrit
Beaubourg, et c’est pourquoi j’ai fait l’éloge de la francité dans
Pour un Malherbe. Tout cela explique mon soutien à Pompidou, puis à
Chirac aux élections législatives de 1978, dans la ligne
gaulliste."
(On lira l’excellent travail, Ponge, politique
dans le livre de J.-M Gleize, FRANCIS PONGE, Les Contemporains, Seuil –
pages 148 à 197)
Francis Ponge n’appartient donc
à personne, ce qui signifie qu’il appartient à tous: chacun y retrouvera
le meilleur de lui-même comme l'exigence de ne jamais pactiser avec la
violence du loup qui voudrait que le droit soit avec lui pour pouvoir manger
l’agneau avec la conscience tranquille!
Texte de Joseph Llapasset
(Voir
le Loup et l’agneau sur Philagora)
-Suivre
le parcours initiatique Francis Ponge
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