Comprendre Tocqueville, c'est d'abord lui rendre justice et, pour cela
prendre ensemble la totalité de son oeuvre.
Halte, donc, au dépeçage de l'auteur par des individus qui, peu soucieux
de justice et de vérité, expulsent des textes tout ce qui contredirait
leurs affirmations et amènerait le lecteur à cerner leur mauvaise foi
toujours fonction du simplement utile,des foucades de l'instant auxquelles
se livrent ceux qui "font" de la politique au lieu d'agir, de pousser patiemment et
méthodiquement vers une fin en réalisant scrupuleusement des moyens bien ajustés par un raisonnement vigilant.
Jean-Louis Benoît
réussit très bien dans cette oeuvre de justice qui permet de saisir le
sens de la tâche accomplie par Tocqueville grâce à une lumière projetée
sur ses textes et sur les motivations de ses actes. L'auteur est en effet un
des premiers à saisir l'importance et l'intérêt, l'originalité des vues
de Tocqueville - sur cette question de l'armée à laquelle se heurte
régulièrement toute démocratie,- sur les colonisations en général et en
particulier celle de l'Algérie,- sur ces "idées reines" qui
après avoir été affirmées par l'opinion continuent à exercer leur
pouvoir tyrannique et désastreux, alors même que personne n'y croit plus.
Comme si l'erreur pouvait induire une servitude volontaire de tous pour peu
quelle soit d'abord proclamée vérité par l'opinion publique qui ne pense
pas, opinion qui la préfère à la vérité. C'est alors l'hypocrisie qui
mène un bal sanglant!
Si, comme maître à penser Tocqueville est bien l'homme d'une méthode,
alors ce sera un pilier pour tout étudiant de prépas qui veut accéder à
la construction intellectuelle de soi.
C'est donc parce que l'oeuvre et la vie de Tocqueville jettent sur la
démocratie une lumière crue que cet auteur me paraît incontournable pour
tous ceux qui préparent un concours ayant au programme la démocratie ou un
thème en rapport. Ils y trouveront ce qui les expliquera à eux-mêmes.
J'ajoute que l'auteur, en bon enseignant, sait susciter l'intérêt et mêler
la rigueur et l'intelligence au plaisir de lire.
Aperçu de
Joseph Llapasset
" Tocqueville n'est pas un
maître-penseur mais un maître à penser, non pas l'homme d'une
idéologie mais celui d'une méthode. Celle-ci consiste à définir
une stratégie à long terme, une philosophie carcérale, par
exemple, en se fixant des buts à atteindre et se donnant les moyens
d'y parvenir. Or la pratique politique repose essentiellement sur la
tactique, le coup politique, sur ce qui est immédiatement
rentable..." page 194 |
Vers une bibliographie de Jean-Louis Benoît
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