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Rubrique Français http://www.philagora.net/frindex.htm

cocteau5.jpg (8058 octets)  
LA MACHINE INFERNALE de Jean Cocteau p.1- 

Rubrique http://www.philagora.net/auteurs/cocteau.htm

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L'affaire d'Oedipe, on en parle encore.
Quel génie avaient-ils donc, ces Grecs, nos Anciens, pour nous avoir donné d'emblée les mythes dont se nourrit toujours notre pensée? Sans cesse, renaît sous un éclairage neuf ce qui semblait avoir été dit de façon définitive par les grands Tragiques de l'Athènes du V° siècle (avant J.C.)
Inlassablement, chaque époque ajuste à sa sensibilité leurs fables inépuisables: noblesse et passion de notre période classique, raisonnement et politique de l'âge des lumières, paroxysmes romantiques du XIX° siècle, pour en arriver aux multiples avatars de l'ère contemporaine.

masque2.gif (2050 octets)La trouvaille commune aux dramaturges d'aujourd'hui est une réactualisation qui, enlevant aux protagonistes les ornements de leur antique dignité, les présente comme de simples gens tels que nous en rencontrons tous les jours, et nous permet d'accéder directement à leurs soucis.

Mais il en faut davantage pour soutenir l'intérêt d'une aventure connue de tous. Ainsi, nous avons vu Jean Giraudoux poser durement dans Electre les conséquence d'une exigeance absolue de vérité, et chez Jean Anouilh, la grande Antigone sophocléenne s'humaniser en une pauvre enfant agressive et mal dans sa peau.

Ici, que va tirer Jean Cocteau du drame d'Oedipe, ce cheval de bataille de la psychanalyse? D'abord, un titre, et qui n'est pas si mal!

LA MACHINE INFERNALE ...

Nous y sentons à la fois la férocité inconsciente d'un objet, qu'on ne peut ni convaincre ni arrêter, et une menace d'autant plus effrayante qu'elle émane d'une force invisible née des ténèbres et de la malfaisance. Comme nous l'annonce l'auteur: "une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel".

Est-il nécessaire de rappeler que les Dieux Infernaux sont, dans la mythologie gréco-latine, les dieux du monde souterrain où descendent tous les morts (les bons comme les méchants)? Ils n'étaient pas particulièrement mauvais, et s'ils faisaient peur, ce n'était pas comme le Diable, tortionnaire des damnés dans l'Enfer chrétien, mais comme les maîtres d'un au-delà triste et désincarné, sans vraie lumière, ni vie réelle. Sans s'embarrasser de trop de précision mythologique, Cocteau réunit ici les connotations les plus angoissantes du mot.
(notons cette liberté de l'auteur, qui lui permet de choisir à son gré dans les différentes traditions ce qui illustre le plus efficacement son propos).

Comment se présente cette Machine Infernale?

Elle comporte un court prologue suivi de quatre actes. Les trois premiers sont de longueur sensiblement égale, tandis que le dernier n'est que la moitié des précédents.

Comment fonctionne cette Machine Infernale?

Au Prologue, ,

La Voix, qui fut celle de Cocteau lui-même lors de la création, en avril 1934, nous révèle ce que nous pouvons ici nous permettre d'appeler tous les rouages (le poète, nous le savons, est par vocation un prophète, celui qui ouvre les yeux des hommes et leur enseigne des choses cachées).

Il y a d'abord, l'oracle d'Apollon, annoncé

  • -aux parents, en deux affirmations au futur, sèchement juxtaposées:
    "Il tuera son père. Il épousera sa mère".

  • -à leur fils devenu homme, d'une façon presque identique, mais où le tutoiement, le mot assassiner et la coordination sonnent comme une accusation anticipée :
    "tu assassineras ton père et tu épouseras ta mère".

Ensuite, les parades croisées des parents et de leur fils, qui ramèneront celui qu'on avait éloigné vers les victimes qu'il fuit.

Puis le hasard et l'ignorance, qui entretiendront les illusions.

  • -Le fils du roi de Thèbes, adopté par le roi de Corinthe, se croit son fils, il se soucie donc peu du vieillard inconnu qu'il tue involontairement au cours d'une querelle de circulation.

  • -La ville dont il obtient la royauté en épousant sa reine lui est totalement étrangère.

  • -Cette reine, d'ailleurs, a de bonnes raisons de penser que son fils est mort depuis longtemps.

Mais aussi des preuves et d'éventuels témoins qui pourront un jour ou l'autre éclairer la mère et le fils:

  • -le nom même d'Oedipe qui fut donné à l'enfant à cause de ses "pieds enflés", et que justifient encore les cicatrices de ses pieds mutilés..

  • -le serviteur des princes de Corinthe qui a trouvé l'enfant et sait bien qu'il n'est pas du sang royal.

  • -le lieu, connu de tous les thébains, où le roi Laïus a trouvé la mort ( le carrefour où se croisent les routes de Delphes et de Daulie).

Dans ce court prologue, nous voyons en accéléré, par une suite de courtes phrases au présent, se dérouler tout le destin d'Oedipe, c'est à dire d'un mortel dont se jouent les dieux (car il faut, nous dit-on, "que les dieux s'amusent beaucoup").

Sans cesse présents, ils agissent de façon à mener leurs proies où ils veulent. En effet, ce sont les dieux:

  • -qui inventent l'oracle pour que celui-ci, loin de les prémunir contre le parricide et l'inceste, pousse victimes et bourreau les uns vers les autres.

  • -qui envoient "le fléau du sphinx" sans lequel Oedipe n'aurait pas songé à Jocaste.

  • -qui "compliquent... les noces monstrueuses" par des "années...prospères" et une belle descendance.

  • -qui, au moment qui leur convient, font que "la peste éclate", alors, ils "accusent un criminel anonyme... et exigent qu'on le chasse".

Grâce aux preuves et aux témoignages, "Lumière est faite. Avec son écharpe rouge, Jocaste se pend. Avec la broche d'or de sa femme pendue, Oedipe se crève les yeux."

Puisque vous êtes dans le secret des dieux, vous avez sans doute remarqué ces quelques mots-clés, ne les oubliez pas, vous les retrouverez souvent au cours de la représentation: "Lumière est faite. Avec son écharpe rouge, Jocaste se pend. Avec la broche d'or de sa femme pendue, Oedipe se crève les yeux".

Précisons aussi que le mot sphinx appartient à une racine grecque qui signifie étrangler.

Dans ce Prologue, la Voix nous a tout dit! Nous connaissons la programmation complète, à quoi bon, nous attarder à la représentation?

Et si, justement, maintenant que nous savons tout, il s'agissait de voir comment Cocteau réussit à "faire passer" cette histoire énorme?  

Il va, évidemment, exploiter les immenses possibilités psychologiques, ou psychanalytiques du thème, mais ce n'est pas l'essentiel de son propos.
Rendre sensible sur une scène parisienne l'intrusion des dieux dans notre monde rationnel, voilà une gageure passionnante, et c'est ça, le pari que tente l'auteur sur le thème oedipéen. Là se trouve la grande originalité de la pièce.

A présent, voyons ce qui se passe dans la suite de nos quatre actes.
-Nous prendrons d'abord la pièce au premier degré, pour voir le scénario adopté par l'auteur.
-Au second degré, nous chercherons à mettre en valeur l'aspect psychologique.
-Au troisième degré, nous découvrirons l'approche du mystère, "l'intrusion des dieux", disions-nous.

-Au quatrième degré... 

QUE VA-T-ON REPRÉSENTER SUR LA SCÈNE?

Alors que Sophocle prend son récit au moment où la chance tourne et va s'acharner sur Oedipe, roi respecté et aimé de son peuple, époux heureux, père comblé par quatre beaux enfants, Cocteau part de plus loin, il montre le héros avant sa réussite et se risque dans les épisodes les plus délicats de sa légende:

  • Le premier, la victoire sur le sphinx, n'est pas crédible pour des esprits rationnels.

  • Le second, les noces incestueuses, choque profondément la morale.

  • Ils gênent, et c'est sans doute pour cette raison que le tragique grec n'y fait que de brèves allusions.

theatre.gif (4986 octets)
Le quotidien, plus accessible à nos mentalités.

La démarche différente de Cocteau nous permettra peut-être, lorsqu'au dernier acte arriveront la révélation et la punition, d'y être mieux préparés que chez Sophocle, où le châtiment, s'abattant sur un prince vertueux, semble plus injuste et révoltant. Comme souvent sur le théâtre contemporain, nous y perdrons probablement en grandeur ce que nous gagnerons en simple humanité..

Aller à: L'enchaînement de la pièce, les 4 actes

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