Christian Ligier, dans son roman La
nuit de Faraman, affouille la violence jusqu'à faire apparaître le
secret de son arrogance, cet orgueil qui se glorifie du crime, de la
haine de ce qui n'est pas soi; qui traque et massacre l'étranger comme
on poursuit une bête, fondant l'affirmation de soi sur la chasse à
l'homme; qui comme un poison enivrant parcourt les générations
glorieuses d'un déchaînement ne méritant pourtant que la honte.
On comprend, à lire ce beau livre, que la
violence justifiée parcourt l'histoire de l'humanité en général et
en particulier du devenir de Faraman, ville lagunaire cernée par l'eau
qui dort ou qui court comme l'oubli et la mémoire, témoin irrécusable
d'une "euphorie meurtrière".
L'intrigue, menée comme une
enquête, comme une médecine aussi, suit la violence lovée dans les cœurs,
fière d'elle même dans une bien curieuse manifestation, dégonflée
enfin comme une vieille baudruche devant la pureté et la farandole
d'une jeunesse joyeuse interposée entre la force au service du code et
la marée boueuse d'une tuerie passée.
Lisez ce livre qui narre comment
seule la pure vérité, toujours jeune, peut éteindre le feu qui couve
dans la bêtise vaniteuse du fanatisme et vous verrez apparaître d'un
coup de scalpel les racines de la violence et vous verrez trancher les nœuds
de la violence. Livre qui donne à penser et à trembler qui emporte le
lecteur vers l'horizon de l'espérance.
Joseph Llapasset |