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Rubrique
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Cambaceres
ou les feux de
l'ambiguïté.
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En 1753
naît, dans Montpellier la solennelle, d'une noblesse de robe*, Jean-Jacques Régis de Cambaceres: il arrive dans un monde où les
convulsions seront nombreuses au point que nombre de ses contemporains disparaîtront
pour un oui, pour un non: voilà pourquoi, celui que Talleyrand, prince de
l'intelligence, désignait par le démonstratif latin "haec"
(celle-là...) avait l'art de ne dire ni oui ni non.
Par exemple, il vote la mort de Louis XVI, mais en termes ambigus et aussitôt,
il vote le sursis, ce qui fit de lui un demi-régicide, rassurant pour tous
selon la face par laquelle on le prenait.
Il n'oubliait jamais son solide petit déjeuner avant d'aller au
nouveau Comité de
Salut public (Thermidor) qu'il assistait de toute sa réserve et d'une grande discrétion;
cela lui valut d'en être par trois fois membre.
Jean-Jacques se consacre à la recherche, à l'élaboration d'un projet de
Code Civil et se détourne de ce qui est, en se tournant vers ce qui doit être
avec une belle prudence dans laquelle certains voient un signe de servilité non
sans quelque injustice.
De mauvaises langues témoignent et affirment qu'il était docile comme une
femme (de l'époque), opportuniste comme un politique capable tantôt de pousser
Napoléon jusqu'à l'Empire tantôt de voter, le premier, la déchéance de son
bienfaiteur, en Avril 1814.
Au demeurant c'était un gastronome averti qui invitait à de somptueux repas
la belle société de l'époque.
Il profite du Concordat
(1801) pour retrouver une pratique religieuse qui ne cédait
en rien aux fastes de ses banquets. Lorsqu'il sera exilé à Bruxelles (1815), il
réjouira les autres exilés en arrivant à l'office en culotte courte, en bas de soie, avec tout son train.
Belle constance, franc-maçon et pénitent.
Il aimait suggérer, sans le dire explicitement, qu'il s'était occupé du
sort de Louis XVII. Ce qui était bien pour faire rêver ses contemporains même
si, on le sait maintenant, cela n'a pas arraché l'enfant à son triste temple.
On le dit bon conseiller. L'assassinat d'un Bourbon était-il un acte
simplement utile pour se rallier des nostalgiques de la Révolution ou
un acte vraiment utile? On aime à penser, sans trop y croire, que ce
juriste aurait essayé d'en détourner Napoléon, là encore en vain.
Comme tout ce qui est ambigu prête au rêve qui ne se contente jamais de ce
qu'il a, comme cette démocratie grecque qui vivait du travail des esclaves,
Cambaceres n'en doutons pas, va nourrir l'éloquence de nos historiens qui
scruteront une vie assoiffée d'égards.
A sa mort, le 8 Mars 1824, il "laisse une fortune d'environ 600
millions de nos francs!" (P-F Pinaud, Cambaceres le premier
surveillant de la Franc-Maçonnerie impériale, page 16).
C'est dire que le colloque sur Cambaceres attirera la foule soucieuse de
savoir enfin si Cambaceres est un héros ou si sa vie fastueuse est creuse.
Messieurs les chercheurs, à vous la parole pour un discours bien ajusté qui
s'intéresse davantage à la vérité que l'omission offusque. (Suivre le Colloque Cambaceres)
Joseph Llapasset.
Voir P-F
Pinaud, Cambaceres le premier surveillant de la Franc-Maçonnerie
impériale. (Editions
Maçonniques de France).
"1753–1824, French revolutionary and
legislator.
He was deputy to the National Convention and to the Council of Five
Hundred, second consul under Napoleon (1799–1804), and archchancellor
of the empire. Throughout his career, his chief interest was in
developing the principles of revolutionary jurisprudence. He played a
major part in the preparation of the Code
Napoléon. In 1808, Cambacérès was made duke of Parma. Minister of
justice in the Hundred
Days (1815), he was exiled after the restoration of the monarchy
until 1818."
(source internet: infoplease.com)
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-*La
noblesse de robe: à distinguer de la noblesse d'épée récompense de faits
d'armes, la noblesse de robe désigne ceux qui ont acheté au fisc des charges anoblissantes:
ces "bourgeois gentilshommes" orientent le plus souvent leurs enfants
dans la judicature à la suite de Henri-François d'Aguesseau, esprit libéral,
précurseur du Code Civil.
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