Régis Debray, invité d'honneur à La Comédie du Livre 2000 à Montpellier,
au grand dépit d'une élite confite de bigoterie et de la tribu
ou "médiaterie" journalistique engoncée dans son cléricalisme: on
ne devrait pas s'ennuyer dans Montpellier la solennelle à recevoir un tel
chevalier qui ne quittera la place qu'à la fin de la Comédie, n'en doutons
pas. Sans peur, il signe sa verte parole et se désigne dans ses écrits par une
formule sans ambiguïté: Le soussigné.
Sa générosité sollicite sans cesse le lecteur jusqu'à l'amener au seuil
d'une conversion à partir de laquelle le monologue de l'auteur se transforme en
dialogue que les ailes du désir vont animer.
Sa force tient à ce qu'il n'hésite pas
--toujours au delà du dogmatisme facile à réfuter-- à camper, à
s'enraciner, partout où il voit des traces de vérité et jusque dans
les positions abandonnées par l'adversaire, par exemple dans cette idée de
nation que la pensée unique rejette avec d'autant plus de dégoût qu'elle lui
doit ses racines.
Son esprit, l'œuvre en témoigne, scrute l'inconnu sans crainte de s'y
noyer.
Fasciné par les secrets du prosélytisme, chercheur éperdu de cette pierre
philosophale qui assurait la transmission comme s'il était possible de la
découvrir sans la trahison des clercs ou, à défaut, sans une conversion qui
met le chercheur à genoux avec les aveugles. Et certes, esprit de vérité,
déchiré entre la distance de l'observation et l'aveuglement de la
coïncidence, condamné au supplice de tantale des sciences humaines, toujours
prêtes à connaître et toujours rejetées sur le sable du désert.
Fidèle à la sincérité, avec pour devise de ne jamais préférer la maîtrise
de l'espace à la profondeur de la durée, ce devenir passé qui nous a faits ce
que nous sommes et sans qui nous ne serions rien. Fidélité d'un combat contre
la barbarie.
Fabuleux bibliothécaire (pour Montpellier?) qui sait et qui proclame que les
beaux rayons bien garnis de livres ne sont rien sans le prosélytisme d'une Église
qui assure la transmission aux petits comme aux grands pour que le miel de
l'esprit ne soit pas jalousement conservé.
- Si vous rencontrez un Président du Conseil Régional ne l'appelez pas
Monsieur le Président du Conseil Général à moins que vous ne vouliez le mettre en colère.
-
Si vous rencontrez Régis Debray veillez à ne pas confondre médiologie
et médialogie.
La médiologie est l'étude des faits de transmission: elle s'intéresse donc à
l'humanité, à son passé, à son présent, à son avenir.
Il est inutile sur son passage de murmurer: mais comment peut-on être
médiologue! D'autant plus que, vient de paraître au PUF, Introduction
à la médiologie de Régis Debray.
Joseph Llapasset
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