Maman rêvait de voyages au-delà des mers, de lagons bleus et de pays enchanteurs.
Mais un pas de géant sépare bien souvent le rêve de la réalité !
Et Maman, le regard tourné vers la fenêtre, soupirait… 

Ti-bobo pensait alors que la plus grande preuve de tendresse serait d’emmener sa maman vers ces rivages lointains.
Pourquoi n’était-il pas capitaine? Il naviguerait sur un magnifique voilier aux voiles blanches déployées, sous un ciel sans nuage, avec une reine à son bord… 
Hélas, il n’était qu’un petit garçon de sept ans, aux jambes fluettes et à la tirelire misérable de surcroît ! 
Bientôt, ce serait la fête des mères aussi avait-il pensé à fabriquer un collier de perles colorées ou un cœur en papier brillant. 
Mais tout cela semblait si dérisoire, comparé aux rêves de maman ! 
Il avait même consulté Papa à ce sujet :
_ Thibault (Il ne l’appelait pas Ti-bobo comme maman…), le plus beau des cadeaux, c’est ton amour ! Le reste est sans importance, lui répondit-il !

C’était bien là une réponse de grande personne; Thibault était persuadé qu’elle méritait tellement mieux ! 
Sur le chemin de l’école, il réfléchissait encore à son cadeau impossible et cherchait des solutions toutes plus insensées les unes que les autres. 
Il souhaita l’intervention de quelque fée charitable… Aladin, à sa place, aurait déjà maintes fois frotté la lampe magique et fait apparaître un bon génie !
Peut-être un tapis magique ? Mais où en trouver ?… 

Et, comme il était plongé dans ses pensées, il buta maladroitement contre un banc. Un vieil homme y était assis et observait depuis quelques instants déjà, cet enfant au visage si triste :
_ As-tu besoin d’aide, mon garçon? demanda-t-il, avec un sourire engageant.
Et Ti-Bobo qui était pourtant timide, lui confia toute son histoire, sans hésiter : Il ne put résister à la voix chaleureuse et au regard compréhensif du vieil homme !
_ Écoute, je vais te confier un secret, dit ce dernier : 
Ferme les yeux et compte cent pas, en marchant sur le trottoir, de ce côté-ci de la rue… Quand tu auras terminé, tu sauras quel cadeau offrir à ta maman ! Ne me pose pas de questions, va… !
Alors le garçon exécuta cette curieuse proposition… Quatre-vingt-dix-neuf, cent ! Ti-Bobo ouvrit les yeux: le hasard l’avait conduit devant un magasin de brocantes, rempli d’objets surprenants. Il sut dès lors, en regardant la vitrine, quel serait son cadeau…
Radieux, il se retourna pour remercier son nouvel ami d’un sourire mais l’homme avait disparu mystérieusement !

Thibault, cependant, ne put attendre le dimanche pour donner sa fabuleuse surprise : le soir même, Maman découvrait au milieu de feuilles de soie éparses, un minuscule navire qui voguait à l’intérieur d’une bouteille ! 
Jamais elle n’avait eu plus beau cadeau. ... Et le garçon comprit ce jour-là, grâce à un inconnu, que les plus extraordinaires voyages, ce sont ceux que la magie de notre imaginaire a su tisser.

=> Vers Le jardin de Maman

= Texte de Jocelyne Marque  institutrice - Copyright
= Page Joëlle Llapasset

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