Nous
ferons une
belle
fête.
Toute
la classe aime beaucoup Angélique la maîtresse. Quand elle
regarde ses petits, chacun sent qu'il est le plus gentil, le plus sage et ça lui donne du
courage pour bien écouter et bien faire son travail. En fait, ils ont vite compris qu'ils
étaient tous ses préférés, ça les ennuyait un peu, au début, mais, depuis qu'elle
leur a expliqué que personne ne peut prendre à son voisin la lumière ni la chaleur du
soleil et qu'il y en a toujours autant pour tout le monde, ils sont rassurés.
Hier soir, au
moment de la sortie, pendant qu'ils tournaient tous le dos pour prendre leurs affaires aux
porte-manteaux, elle a écrit sur le tableau en grandes lettres:
"
VENDREDI, NOUS FERONS
UNE
BELLE FÊTE ! "
Eric s'est
retourné le premier et il a vu ça.
"Ho! les amis! regardez ce qui
est écrit!"
Tout le monde a crié, on a sauté de joie, on a demandé ce que c'était que cette fête,
mais la maîtresse n'a rien voulu dire:
"C'est un secret! vous verrez!"
Elle a seulement précisé que vendredi matin, il faudrait arriver bien à l'heure, et
sans faire de bruit.
Les voilà qui rentrent à la maison, bien
intrigués.
Amandine rencontre son voisin, Peppo, le musicien.
"Dis, Peppo, qu'est-ce
que c'est, pour toi, une belle fête?"
- Une belle fête? C'est quand je joue du
banjo avec autour de moi plein de gens contents".
Pendant ce temps, Gilles et
Sébastien, les deux inséparables, entrent chez madame Testut, la boulangère.
Simone retrouve sa mamie qui
tricote
un pull jacquard.
- "Une
belle fête, ma chérie? Ce sont de gentils enfants qui écoutent une histoire de toutes
leurs oreilles, sans se disputer".
Jean-Pierre interroge son grand cousin Roger, qui lui
répond sans hésiter:
- "Une
belle fête, mon gars? C'est de mettre la musique à plein tube, de danser, de rire, de
marcher sur les mains, de faire la roue, d'épater les filles..."
- Arrête! arrête! j'ai compris!"
En passant devant le magasin de fleurs,
Consuelo et ses amies ont vu Madame Jean tout affairée au milieu des roses, des
primevères et des tulipes:
- "Une belle fête, mes petites filles? Mais il y faut
des fleurs, bien sûr!" |
Magalie a rencontré Audrey, qui travaille dans un hôtel
chic.
- "Une belle fête? Oh, je
connais ça! Les gens sont très bien habillés, ils se parlent, en buvant du champagne et
en croquant des tas de bonnes choses".
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Tous les enfants se sont renseignés, et ils se retrouvent le lendemain,
à la récréation, la tête pleine d'idées. "Ah, elle n'a pas voulu nous
dire ce que c'est que sa fête! Eh bien, elle va voir ce que nous allons faire,
nous!" Ils sont petits, mais ils savent s'organiser, la maîtresse sera bien
attrapée !
Vendredi matin, ils sont là, bien à l'heure, avec tout ce qu'il faut pour une belle
fête: Amandine amène Peppo et sa guitare, Gilles, Sébastien, Marina et Kevin apportent
de la brioche, de
la galette et des bonbons, Simone tient soigneusement le gros livre des contes de Grimm
que mamie lui a confié.
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Jean-Pierre, qui s'est exercé avec
cousin Roger, fait sensation en arrivant sur les mains, pendant que Ouassim, Eric et
Dimitri réussissent des roues magnifiques. Fatima. Consuelo et Agnès ont préparé des guirlandes de branchages et de fleurs. Toutes les petites filles se sont faites belles, et
elles sont très fières du brin de rouge qu'Audrey est venue leur mettre sur les joues
(les garçons ricanent, bien sûr!)
A Huit heures et demie, la sonnerie
annonce le début des cours. Maîtresse, qui attendait à l'intérieur, ouvre la porte de
la classe pour faire entrer ses élèves, et...
"Ah!!!"
C'est le même cri d'étonnement
des deux côtés, tous sont stupéfaits, les enfants, devant leur classe, où tout est
changé. Les tables ont été rangées le long des murs, des gens qu'ils ne connaissent
pas sont là, devant six ordinateurs, qui ont chacun leur clavier et leur souris.
Maîtresse explique:
"Aujourd'hui, c'est la
fête de notre langue, et pour que les enfants qui parlent français ou qui l'apprennent
puissent se dire bonjour d'un bout du monde à l'autre, ces spécialistes nous ont
installé ces appareils."
Dans des écoles, à Montréal, à Niamey, à Genève, à Beyrouth, à Tokyo... on a préparé la même chose. Depuis leur classe, des élèves comme vous
vont pouvoir communiquer avec vous. Vous taperez à tour de rôle sur le clavier ce que
vous avez envie de leur dire. N'ayez pas peur, on vous aidera".
Les enfants sont bouche bée, ils se poussent
du coude: "Vas-y! - Non! toi! - Allez, Magalie! tu es bonne en dictée! -
Mais je ne sais pas taper! - Alors Kévin! - Oh, moi, je ne sais pas quoi dire! - On dit
n'importe quoi, et puis c'est tout! - Ah, non! dit Sébastien, on ne dit pas n'importe
quoi aux gens! moi, j'y vais".
Il s'assied et commence: "Bonjour, le Monde, ici, Sébastien, j'ai
neuf ans, et vous?
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- Ici, Dakar, c'est
Mamadou, j'ai
dix ans.
- Ici,
Leila, du Caire...
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Ici, Stephan, d'Ottawa...
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Ici, Luisella, à Florence.
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- Ici, Saint Denis
de la Réunion, c'est Cécile.
Ici,
Panayotis, de Thessalonique... Ici... Ici... Ici... "
Des quatre coins de la planète,
les réponses fusent.
Les enfants de
mademoiselle sentent que la Terre est devenue aussi petite, aussi joyeuse que leur salle
de classe, et qu'elle est remplie d'amis. Ils n'ont plus peur du clavier, ni des fautes
d'orthographe, les idées leur viennent toutes seules, ils veulent tous dire leur mot.
- J'ai deux grands frères,
et toi?
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- Chez nous, ont est dix, je suis la dernière |
- Est-ce que
tu aimes les chiens? J'en ai un, c'est mon ami. |
- Moi, j'ai un singe et une mangouste.
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- Ici,
en France, c'est l'hiver, et chez vous? |
- A
Brazzaville, c'est la saison des pluies, chaque soir, après six heures, il y a une grosse
tornade.
Simone a pris son livre et elle
raconte pour Yukako et pour Farid: "Il était une fois, un roi qui possédait un
magnifique poirier aux fruits d'or, un jour... "
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Tous ont des choses à se dire, de
tous côtés, on leur répond, c'est merveilleux.
Tout de même, au bout d'un moment, ils sont
fatigués.
"Et si on faisait notre fête?
- ça, c'est une bonne idée!"
Consuelo, Fatima et Agnès
n'ont pas attendu pour décorer les murs avec leurs guirlandes, Gilles et ses camarades
proposent leurs friandises, Jean-Pierre et ses amis exécutent leur tours de magie, sous
l'oeil émerveillé de toutes leurs compagnes, on peut dire que c'est réussi.
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Alors, Peppo prend sa guitare et
commence à chanter: "Si tous
les gars du monde
Pouvaient s'donner la main,
Ca ferait une ronde
Une amitié sans fin".
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Texte de Jacqueline
Masson
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