Tant pis,
maintenant qu'elle s'est mis en tête de partir, elle se débrouillera
toute seule. La voilà en route, courbée sur son bâton, son
baluchon sur le dos, de toute la vitesse de ses vieilles jambes.
Elle longe de grandes plaines, elle franchit des rivières, elle
traverse des forêts, et quand elle rencontre un village, elle
s'arrête sur la place pour demander:
|
"Bonnes gens,
dites-moi, je vous prie, l'Enfant Jésus l'avez-vous vu?
- Vieille mère,
il est loin encore, mais hier au soir, sont passés trois
cavaliers qui le cherchaient, vous êtes sur le bon chemin.
- Dieu vous
bénisse, mes enfants, pour un si bon renseignement".
Et Befana
s'en repartait, courbée sur son bâton, son baluchon sur le dos,
de toute la vitesse de ses vieilles jambes.
Voilà
qu'un jour, dans un village, elle voit un gros attroupement. Elle
s'approche, et elle reconnaît la crosse, le bonnet d'évêque, le
petit âne: ce beau monsieur si imposant, c'est donc le grand
saint Nicolas!
"Grand
saint, l'ami des tout petits, mais aussi des pauvres mères-grands,
l'Enfant Jésus, l'avez-vous vu?
- Vieille mère,
j'y vais de ce pas, tu peux me suivre si tu veux".
|
Il aurait dû
lui proposer de monter sur le petit âne, mais on a beau être un
grand saint, on n'est pas toujours charitable. Hélas, il a vite
disparu.
Et Befana
est repartie, courbée sur son bâton, le baluchon sur le dos, de
toute la vitesse de ses vieilles jambes. Voilà
qu'un jour, à force de marcher, elle se retrouve dans la grande
ville de Padoue. Sur la place, elle voit un homme habillé d'une
longue robe brune, c'est un moine, c'est saint Antoine, qu'on prie
beaucoup en Italie: quand on a perdu quelque chose, il vous aide à
le retrouver. Befana s'incline devant le moine:
"Bon
saint Antoine, je vous en prie, l'Enfant Jésus, l'avez-vous vu?
Voilà des semaines que je marche et je n'ai pas pu le trouver.
Dans mon baluchon, j'avais mis un pannetone, un pandoro, des
bonbons, des petits gâteaux, des olives de mon jardin, de la
grappa pour saint Joseph, pour Marie du tiramisù, et tout ça va
être perdu!"
Saint
Antoine l'a regardée un grand moment sans lui parler, il a vu son
air anxieux, sa bonne vieille figure fripée et son pauvre dos
tout courbé, il a souri et il a dit:
|
|
"Vieille
mère, tu ne le sais pas? L'enfant que tu cherches est ici!"
Alors
Befana a posé par terre le baluchon plein de cadeaux, et les
petits sont arrivés. A pleines mains, elle a donné à tous ceux
qui lui demandaient, plus elle donnait, plus il y avait à donner,
et plus son cœur chantait de joie. Et c'est
depuis ce temps-là que tous les enfants d'Italie vénèrent la
pauvre vieille Befana.
Retour
à la page 1
La
recette de la galette des rois - le
gâteau des rois provençal
Retour à Bienvenue les
enfants
Page d'accueil de
philagora.net
|