C'est
ça,
Pâques?
Ce matin, le facteur a posé sur la table une carte qui intrigue beaucoup les jumeaux, ils l'observent tous les deux, sans y rien comprendre.
"Tu vois cette dame, avec sa petite jupe plissée et ses pantoufles à pompons? Qu'est-ce qu'elle fabrique, assise devant un feu de camp? demande Théo.
- Une dame! ça m'étonnerait, proteste son frère, regarde ses grandes moustaches noires! D'ailleurs, autour du feu, tous ces gens qui dansent en levant leurs jambes très haut sont habillés pareil et ils ont tous des moustaches. Ce sont des messieurs en jupe, peut-être des
Écossais, comme on en voit sur le livre d'Anglais!"
- La seule chose qui est sûre, c'est qu'ils ont tous l'air très
contents".
- Oui, c'est une fête, déclare Edouard , mais pas Noël, il n'y a ni neige, ni crèche, ni sapins, au contraire, on voit de l'herbe bien verte, de jolies fleurs, et un grand soleil. On va demander à
maman".
La voici justement qui sort de la cuisine.
"Maman! viens voir la carte qui est
arrivée!"
Maman jette un coup d'oeil et sourit, ravie: "Ah! c'est Georges! Vous savez, cet ami d'études de papa, qui est retourné travailler en Grèce, dans son pays. Chaque année, il nous envoie ses voeux.
- Les voeux, maman, c'est au Nouvel An!
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- Chez nous, c'est vrai, mais les Grecs s'écrivent et se téléphonent aussi au moment de
Pâques pour se souhaiter longue vie et bonheur.
Ils pensent que Pâques est la fête la plus importante de l'année. C'est pour les Chrétiens, très nombreux chez eux, la fête de Jésus revenu à la vie après sa mise à mort sur la croix, parce qu'il gênait les puissants de son temps. Une fameuse bonne nouvelle pour des croyants!
Mais Pâques, c'est aussi le retour du printemps, après les mauvais jours de l'hiver.
Dans la campagne verte et fleurie, il fait bon sortir dehors, se chauffer au soleil, écouter les oiseaux, s'émerveiller de tout ce qui pousse, de tout ce qui
naît.
- Je comprends pourquoi, sur l'image, tout le monde fait la fête, dit Edouard.
- Et, sur le feu de camp, ils préparent à manger pour un festin. |
- Ce qui cuit à la broche, c'est un agneau, explique maman, chaque famille a le sien. Pendant qu'il cuit, on se rend visite d'un feu à l'autre, on goûte la viande, on donne son avis.
On boit du vin blanc, on chante.
- On danse, et on fait l'acrobate! ajoute Théo, j'aimerais bien
ça.
- Ils sont vraiment habillés avec ces jupes plissées?
- Mais non! C'est un souvenir d'autrefois, maintenant, ils s'habillent tout à fait comme
nous.
- Et ces boules rouges que plusieurs tiennent dans leurs mains?
- Ce sont des oeufs teints, ils veulent dire que la vie revient, qu'il faut se réjouir. Si un étranger passe, on l'invite à manger comme s'il vous tombait du ciel. Ce jour-là, pas de disputes, tout le
monde doit s'entendre, un peu comme si on était au paradis! Enfin, presque...
- Et chez nous alors, on n'a pas tout ça?
- Regardez mieux! Les boutiques, en ce moment, sont remplies de lapins, de
poules,
de
poussins, d'oeufs
dans des nids, de poissons, de coquillages, de
cloches, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, en carton, en plastique, en sucre, en chocolat, en nougat, avec du papier doré, des rubans, des
noeuds.
C'est notre façon à nous de dire qu'il faut se réjouir de la vie revenue. Et les cloches sonnent à toute volée, pour annoncer la bonne nouvelle!
- Et ça veut dire que Théo et moi, on ne va plus se
disputer?
- Alors, là, ce serait vraiment le paradis!
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Jacqueline Masson)
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