RETKA
"Retka! Retka! ...Retka!
Retka!a!a!..."
Pendant des heures, tous les
cinq, papa, maman, et les trois enfants, ont appelé. Pendant des heures, ils ont marché
sous le crachin, parcourant les rues, interrogeant les passants, dans l'espoir de
retrouver leur petite chatte... C'est Constantin qui a fini par dire ce que chacun
nosait pas vraiment penser: "elle est perdue, on rentre à la maison."
L'après-midi, papa a fabriqué des dizaines de
messages: "Nous
avons perdu notre chatte siamoise, si jamais..." Et ils sont allés en déposer dans toutes les boîtes
aux lettres, en afficher chez tous les commerçants..
Le soir, ils se sont
couchés tout tristes. Les enfants se sont endormis, et ils ont fait des rêves.
Alexis a vu un grand pirate aux bras tatoués de têtes de
mort qui s' avançait doucement vers Retka. Il a allongé sa grosse main, il a saisi la
bestiole par le cou, "crac!", il l'a fourrée dans sa besace
"hop!", et il est parti à larges enjambées vers son bateau.
Là, il a ouvert son sac en appelant :"Viens, ma belle! viens, ma jolie! tu vas être bien
ici!". Alors, il lui a présenté son beau perroquet
: "tu vois, c 'est
Séraphin, il sennuyait, tu pourras lui tenir compagnie"
Séraphin a crié de sa grosse voix
"rrô! rrô!".
Elle a passé son museau, puis ses oreilles noires, et le matelot s'est mis à la gratter
sur le dessus de la tête avec deux doigts, puis à la caresser sur le cou, juste comme
elle aime, et elle s'est mise à ronronner.
Constantin a vu Retka qui marchait dans la rue, elle avait faim, où trouver à manger?
Juste à ce moment-là, une bonne odeur est venue lui chatouiller les moustaches
une
odeur de viande et de charcuterie.. Elle a tellement faim qu'elle voudrait
miauler pour réclamer son repas comme elle le fait à la maison, mais ici, elle n'est pas
chez elle! Que faire? Elle va lécher un peu la bête, pour voir... puis elle ne résiste
pas: "tching! tching!
tching! tching!" Quand elle s'est bien rassasiée, elle essuie ses
moustaches d'un coup de patte, et elle va se cacher sous une armoire pour faire sa sieste.
Constantin est tranquillisé, elle ne risque pas de mourir de faim.
Bérénice voit une vieille dame,
dans une chambre remplie de rubans, de dentelles et de fleurs en tissu, elle
va ouvrir sa porte, et, à ce moment-là, qu'est-ce qu'elle aperçoit, pelotonné contre
le mur? un joli chat qui la regarde en ouvrant tout grands ses yeux bleus, c'est Retka. "Oh, ma belle! comment es-tu venue ici? entre à la maison,
il fait froid dehors. Viens je vais te donner un peu de lait chaud".
Retka n'hésite
pas, elle a compris qu'elle avait affaire à une gentille, elle entre et elle se frotte en
ronronnant contre les jambes de la vieille dame.
Papa et maman ne dorment pas. Maman se fait
du souci: sa pauvre chatoune, si affectueuse, si délicate, si timide, que va-t-elle
devenir toute seule dans la nuit et le froid?
Dimanche passe, pas de nouvelles. Il faut reprendre le travail, l'école, le bureau, mais
chacun pense à Retka. Elle manque à tout le monde. Au bout d'une semaine, toujours rien.
Encore une semaine, puis une autre
Il y a presque un mois que la chatte a
disparu, et, sans se le dire, on commence à penser qu'elle ne reviendra plus.
Ce soir, on rentre tard à la maison, il fait noir, il pleut et tout le monde dort dans le
quartier. Pourtant, la lumière s'allume chez Camille
et Monique, ils ont dû guetter le bruit de la voiture. Les voilà qui sortent tous les
deux, ils rient et ils crient: "Retka est retrouvée! Tout
à l'heure, des enfants sont venus nous apporter ce message, ils vous attendent, dans le
grand immeuble de la Colline. Il faut vite y aller!"
Il y a là une dizaine de jeunes, filles et garçons de sept à quinze ans, l'un
d'entre eux tient Retka sur ses genoux. Dès qu'elle aperçoit ceux qu'elle connaît si bien, elle
file vers eux comme une petite flèche de tendresse et ce sont des caresses a n'en plus
finir.
Enfin, on reprend ses esprits et papa interroge: "où
l'avez-vous trouvée? quand ça? qu'est-ce qu'elle faisait?" et tous répondent en
chur: "Cet après-midi, pendant que nous jouions au ballon, nous avons vu
bouger dans le bosquet, devant l'immeuble, ça nous a intrigués, nous sommes allés voir,
et nous avons vu votre chat qui dévorait un pigeon!"
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Retka, dévorer un pigeon!
ça c'est vraiment nouveau! mais il a bien fallu qu'elle se débrouille pour survivre
toute seule pendant un mois.
Retka,
ma fille, nous sommes fiers de toi, et nous te pardonnons le souci que tu
nous a causé, à condition que tu nous racontes tout ce que tu as fait.
Mais ça, c'est une autre paire de moustaches! |
Texte de Jacqueline
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