Pourquoi pas, j'existe donc j'échange?
Vous pouvez vous étonner, vous indigner et , dans tous les
cas, questionner le sujet.
Mettre l'échange en premier, comme un acte fondateur n'est-ce pas nier
l'échange lui même? Comment pourrait-il y avoir échange s'il n'y a rien à
échanger, s'il n'y a pas eu une production préalable: cela a-t-il un sens de
vouloir faire surgir le bien à échanger de l'échange lui même! Qui n'est
rien n'a rien et n'a rien à échanger. Ne faut-il pas préférer à cette
formule provocante, à la mode, lapidaire une formule plus cohérente: j'existe
donc j'échange.
Voyez bien l'enjeu d'un tel sujet et sa difficulté: vouloir déduire
l'existence de l'échange c'est proposer une thèse qui nie l'homme en tant
qu'homme: quoiqu'il en soit on va plonger dans le mystère puisque, un système
ne peut jamais se dire complètement selon le, théorème Gödel. Puisque la
recherche porte sur nous même, comment pourrions-nous objectiver l'existence
qui s'éprouve soi même et déduire d'un processus ce qui fonde et permet le
processus? Le mécanisme de l'intelligence semblera toujours avoir raison de ce
qui n'apparaît que dans l'horizon de la transcendance , parce qu'il le
fonde et lui permet d'apparaître.
Pour éclairer votre formule, puisqu'un contraire éclaire l'autre,
distinguez-la du, je pense donc je suis, du je suis, j'existede
Descartes. L'existence est la première des vérités, le fondement.
finalement cela revient à dire, je me saisis moi -même dans une présence à
soi indubitable (le soi est ce qui ne peut échapper à soi, Michel Henry) avec
pour conséquence que je me suffis: je peux tout perdre mais je me reste se dit
le veuf joyeux dans Les passions de l'âme. C'est donc dans la solitude
que je m'éprouve, que je suis et le paraître aux yeux d'autrui (larvatus
prodeo) n'ajoute rien à ce que je suis, que des jugements obtenus par le
raisonnement par analogie, le plus mauvais des raisonnements. C'est dans la
solitude que je pense le mieux, je suis une chose qui pense. D'ailleurs, je peux
douter de tout sauf de mon doute au moment où je doute. Qui niera que douter
c'est penser? J'échange donc je suis. L'existence n'apparaît que dans le
"nous pensons". D'ailleurs dans le dialogue les idées se forment plus
qu'elles ne communiquent. Même Descartes appelle de ses vœux une conversation,
une correspondance, des objections pour penser par soi même avec les autres en
échangeant. Beaucoup de grands philosophes ont utilisés le dialogue ... De nos
jours celui qui n'échange pas n'est-il pas rien parce qu'il n'a rien à
échanger. D'ailleurs, comment déceler une erreur sans un échange? Théorie et
expérimentation: le moteur de la science n'est-il pas l'échange? A la limite
certains réduiraient l'invention au résultat du travail d'un groupe. Si bien
que , si ne la fait pas, un autre la fera. Pas de culture solitaire répète une
certaine épistémologie contemporaine. elle se noierait dans l'erreur souligne Bachelard.
=> Serait-ce qu'à force de répéter, une invention jaillirait?
Pour le plan: Dans une première partie, il est toujours possible de souligner
le grand intérêt de la formule: pour cela, vous pouvez largement utiliser la
thèse de Dagognet, L'échange, premières réflexions, Bréal, en particulier
pages 44 à 54.
Une transition: que vaut l'existence donnée par l'échange? Vous pouvez
utiliser dans L'échange de Paul Claudel, ce qui est dit de la vie de Thomas
avant qu'il n'ait rencontré Marthe, l'âme, la présence à soi. (Voir les
pages: Ce
que Thomas dit de lui (Publicain ou Pharisien) Ce
qu'on dit de Thomas .)
= L'existence déduite de l'échange
n'est-elle pas existence à la surface, fuite de l'essentiel,
divertissement, échange de signes conventionnels, de pièces usées dirait
Mallarmé!
Dans une deuxième partie, vous pourriez montrer les limites
de la formule, ce qu'elle heurte. A t-elle bien pris en considération que la
pensée est d'abord un dialogue intérieur: c'est le même qui sait
interroger et qui sait répondre (Platon). Que dans ce dialogue intérieur
entre plusieurs personnages que Claudel met en scène dans l'échange, il y a un
sujet capable de créer une hiérarchie et de mettre un ordre et que la
puissance de ce sujet vient de ce qu'il est conscient, présent à soi même:
c'est cette épreuve de soi qui permet la vie des personnages que sont par
exemple animus et anima...
Dans la troisième partie, c'est à vous de
jouer: précisément comme sujet, vous déciderez librement de faire pencher la
balance ... Je pense donc je suis, j'échange donc je suis ou alors je suis donc
j'échange ...
Qui pense? je (cogito) ou nous (cogitamus)?
Qu'est-ce que l'homme? Je est-il autre? ou plutôt L'autre n'est-il autre
que par le je?
Un nœud de relations ou une possibilité de relations?Toute
conscience est conscience de quelque chose: on peut le comprendre comme:
l'homme n'est que éclatement, relation à ou:
l'homme est auto affection de l'acte de transcendance car une conscience qui ne
serait que transcendance, qui ne s'apparaîtrait pas à elle même serait
inconsciente. http://www.philagora.net/philo/mirandole.htm
Pour vous documenter:
(liens en ouverture nouvelle
fenêtre)
Philo-prépas - ressources: L'échange
Philo-poche - ressources: L'existence