Sujet
particulièrement intéressant parce qu'il permet de revoir et
d'approfondir l'échange, le don, la violence et la guerre. Bien
venu en cette dernière partie de l'année scolaire.
Le refus
désigne l'action consistant à ne pas
accepter quelque chose qui est offert: C'est toujours se
priver de et cela pose la question: pourquoi, en
échange de quoi se prive-t-on de l'échange? La motivation
peut ne pas apparaître à l'individu qui accomplit cet acte
de refuser (inconscience) ou bien lui apparaître comme
fonction d'un motif, une raison d'ordre intellectuel d'agir,
reprise par un choix de sa volonté éclairé par son
intelligence. Dans tous les cas le refus c'est l'acte d'un individu,
d'un sujet ou d'un groupe social comme ensemble d'individus
et de sujets.
L'échange
Action d'offrir ou de recevoir une chose ou une valeur
contre une autre considérée comme lui étant équivalente:
donner pour recevoir semble, au départ, être le
principe de l'échange. Cela implique une certaine justice
comme égalité. Au sens large c'est l'action de communiquer
d'égal à égal, comme par exemple dans un dialogue.
=> Mouvement d'intention réciproque => Circulation,
volonté partagée, accord => réciprocité au
fondement de l'échange.
Pour débuter....
= Qu'est-ce que
cette privation volontaire, cette renonciation permettrait
d'obtenir? Sortir d'un cercle infernal d'une concurrence pour la
consommation, d'une exaltation des besoins, de l'aliénation à
l'augmentation de l'avoir au détriment de l'être?
= En n'acceptant pas quelque chose qui m'est offert, je perds tout
ce que la chose pourrait m'apporter: le refus de l'échange est-il
possible? Est-il "tenable"? Voir dans L'échange
de Claudel Thomas qui refuse l'argent en échange de sa femme. http://www.philagora.net/claudel/
(lien nouvelle
fenêtre)
= Un homme peut-il refuser l'échange et rester humain?
Pour
démarrer l'introduction et s'orienter vers le problème
=
En Lettres: chercher dans Les fleurs du mal de Baudelaire,
le poème "Assommons les pauvres" . Montrer que le
poète refuse le refus de l'échange. En quoi l'échange des coups
rend-il la dignité au riche comme aux pauvre? En quoi
l'acceptation de l'échange est-il constitutif de la dignité, de
la liberté, de l'égalité, de l'humanité? Comment pourrait-on
refuser tout cela.
= En philosophie: en quoi l'existence est-elle un don? Que
peut-il y avoir de scandaleux dans ce don? N'est-il pas imposé?
Dans ce don, n'y a-t-il pas une double violence? Violence d'un
fardeau et violence de ce qui exige une reprise pour être une
existence pleinement humaine? Impossible de jamais être quitte,
de donner l'équivalent de ce qui a été donné. => La
condition humaine comme situation: ici et maintenant de
l'existence emportée par la violence du temps. Comment un acte de
liberté pourrait-il refuser la liberté?
=>
Les deux démarches convergent vers la mise en évidence du
problème, de la question fondamentale posée par
l'expression: le refus de l'échange. Comment refuser
l'échange sans s'inscrire dans l'inhumain, sans perdre son
humanité en niant celle des autres, sans se réduire à
l'existence brute d'une brute? Comment refuser la réciprocité
sans briser sa dignité et la dignité d'autrui? Mais,
comment ne pas refuser l'échange si l'échange entraîne dans une
spirale d'aliénation à l'avoir, s'il tend simplement vers le gain, le
bénéfice, si son principe est devenu: recevoir plutôt
que donner. La forme idéale de l'échange ne doit pas nous
faire oublier les formes réelles, sociales de l'échange.
Quelques
perspectives pour esquisser un plan.
Ici
le plan sera dialectique et analytique: le mouvement de la pensée
peut se développer en trois temps et l'analyse des concepts
l'accompagnera: par exemple:
1
= Le refus de l'échange n'est-il pas la voie royale du
partage par le don qui manifeste la liberté souveraine
d'un sujet préférant l'être à l'avoir?
Une piste: Michel
Henry (ouverture
nouvelle fenêtre)
2
= Mais, il nous faut faire peser le soupçon sur le refus
de l'échange et sur le don lui-même.
3
= Le refus de l'échange c'est simplement le refus de la
perversion de l'échange?
Quelques
indications pour la deuxième partie.
a) Si refuser l'échange c'est refuser la réciprocité, si le don
est une figure de ce refus, cet acte peut être, à juste titre,
mis en question. Quelle est la face cachée du don, sa face
d'ombre? En quel sens peut-on dire qu'il est une forme de
violence, de mépris d'autrui? On donne la liberté alors que la
liberté se prend, en donnant on asservit à la gratitude, on
dévalorise autrui (on a donné , c'est pas la peine de le
regarder ou de lui parler, de le considérer), on le dévalorise
et on se présente comme indifférent à ce qui est, à ce qu'il
fait, au service qu'il pourrait rendre. En se déclarant
suffisant, le donneur réduit autrui à l'avoir, et inscrit autrui
dans l'insuffisance de l'être. "On a assez donné..."
C'est dire que le refus de l'échange tient toujours de celui qui
s'enferme dans son temple, du fanatique , cet amoureux du
sens unique, qui ne doute jamais de soi parce qu'il s'identifie à
une vérité et donc doute radicalement de la capacité d'autrui
à trouver par lui même sa propre route. Pour le fanatique, la
vérité n'est pas ce que l'on cherche ensemble dans un dialogue,
mais un avoir que l'on possède comme on possède une opinion.
Mais l'opinion ne pense pas. Alors on donnera aussi bien la
vérité, la liberté, le bonheur ...
b)
Refuser l'échange n'est-ce pas refuser le temps du dialogue, de
la concertation, du débat, tout ce qui permet d'arriver à un
accord, de partager, de consentir?
Alors le refus de l'échange consisterait à prendre de force, à
voler, à violer les règles et, pas que les règles, à
exercer effectivement la violence dans le silence ou les cris,
dans le déchaînement de la puissance après la déclaration de
guerre qui met fin à tout échange.
c)
Si refuser l'échange c'est refuser sa dépendance, le refus de
l'échange sera affirmation de soi au mépris des influences: une
réduction au sentiment, à la vie, au soi. "Je me
reste" dirait Descartes.
Vous pouvez analyser l'autarcie et ses limites ou relire le très
beau livre de Michel Tournier Vendredi ou les limbes du
Pacifique ... Mais cette réduction est-elle possible si
l'homme est un nœud de relation, si les relations comptent seules
pour l'homme selon Saint Exupéry dans Pilote de guerre.
==>La question est de savoir si la réduction au soi est
toujours déjà effectuée par le sentiment, alors le refus
de l'échange est possible, ou si autrui est déjà inclus dans
le mouvement du soi selon la belle pensée de Levinas, alors
le refus de l'échange est impossible.
Voir Emmanuel Levinas
Dans la troisième partie, c'est à vous de
jouer: précisément comme sujet, vous déciderez librement de faire pencher la
balance ... Je pense donc je suis, j'échange donc je suis ou alors je suis donc
j'échange ...
Qui pense? je (cogito) ou nous (cogitamus)?
Qu'est-ce que l'homme? Je est-il autre? ou plutôt L'autre n'est-il autre
que par le je?
Un nœud de relations ou une possibilité de relations?Toute
conscience est conscience de quelque chose: on peut le comprendre comme:
l'homme n'est que éclatement, relation à ou:
l'homme est auto affection de l'acte de transcendance car une conscience qui ne
serait que transcendance, qui ne s'apparaîtrait pas à elle même serait
inconsciente. http://www.philagora.net/philo/mirandole.htm Pour vous documenter:
(liens en ouverture nouvelle
fenêtre)
Philo-prépas - ressources: L'échange
Philo-poche - ressources: L'existence