"Si
j'étais haïe par les créatures privées de langage,
j'attribuerais leur haine à leur ignorance, me
disant qu'elles sont dépourvues de cette force de
l'intelligence qui seule est capable d'apprécier les
avantages que je leur offre." La
complainte de la paix. (1469 (environ)
- 1536)
la
haine est une passion qui veut la disparition de... Ici de
la paix.
créatures
...de
Dieu: important, nous sommes dans une pensée religieuse.
privées
de langage
à
l'époque, cela désigne bien entendu les animaux.
j'attribuerais
ici
signifie: j'expliquerais sans m'étonner.
ignorance
parce
qu'ils n'ont pas la raison et l'intelligence comme faculté
de trouver des rapports, de comparer: le bon sens.
me
disant
me
rappelant que...
capable
d'apprécier
que
la paix est la source de tous les biens et qu'elle n'a donc
pas de prix: "quel que soit le prix payé, la paix est
toujours bon marché." Mai Lequan, La paix,
Corpus, page 104.
=>
La haine de la paix est une passion,
un effet de l'ignorance des avantages offerts par la paix. C'est donc un
paradoxe qu'un homme "doué de raison et capable d'exercer
une intelligence d'origine divine ... un homme engendré pour être
sensible à la bienveillance et à la concorde" (Érasme) puisse haïr
la paix.
Quelle petite cervelle n'attribuerait- on pas à l'homme en le voyant dépenser
tant d'argent, gaspiller tant de temps, d'inventions, risquer tant de périls
... pour se plonger dans les malheurs de la guerre!
Pourtant, une simple comparaison, grâce à sa raison, son bon sens, ne
devrait-elle pas l'éclairer et le sauver !
=>
Si la guerre produit des malheurs, des crimes,
se fait au profit du petit nombre par une perversion de la nature
de l'homme, comment la préférer à la paix qui éclaire tout d'une
lumière, qui met en valeur chaque bien et permet donc de tout
apprécier, et d'exercer la vertu: ne fait-elle pas le bonheur du
plus grand nombre, ne convient-elle pas à un être raisonnable
sensiblement affecté: apprécier la paix est bien le résultat d'un
effort intellectuel.
=>
Remarquer
que l'on ne vous demande pas si apprécier la paix est le résultat d'un
effort intellectuel mais en quoi c'est le résultat d'un effort
intellectuel. Vous pouvez distinguer à la suite d'Érasme le point de
vue de la nature, de la raison, de la religion.
Ce qui ne vous interdit pas de remarquer que, quelque soit l'effort
intellectuel de pensée qui est fait, toute appréciation suppose
une existence, une réalité. Or la paix est une idée de la raison et
pour apprécier la paix, encore faut-il faire la paix...
=>
Quoi qu'il en soit,
vous lirez le contexte de votre citation à la page 105 La paix, Mai
Lequan, Corpus , GF Flammarion, N° 3026, en particulier:
"Tu te demanderas, après mure réflexion, s'il est avantageux
de remplacer la paix par la guerre." Mais ne s'agit-il pas plutôt, et c'est tout le problème de
remplacer la guerre par la paix!..D'aller la chercher au ciel des idées...?
=> Pour
ce qui est de l'effort intellectuel,
il s'agit de :
-
Revenir sur la guerre et la paix pour pouvoir comparer
les horreurs de la guerre et les bienfaits de la paix;
- Comprendre que la paix a une telle valeur qu'elle
justifie tous les sacrifices et en particulier celui de la
guerre et de ses passions;
- Distinguer un bien particulier et la source de tous
les biens qui est la paix: dès lors elle mérite qu'on l'achète
au prix de tout ce qui n'est pas elle et un tel échange est
toujours une excellente affaire.
=> Intelligence: ici, faculté d'organiser des
rapports entre des objets: la guerre et la paix; balance intérieure,
pouvoir de comparaison, bon sens comme utilisation de la
raison donnée par le créateur à tous les hommes.
Voir: http://www.philagora.net/ph-prepa/la-paix/