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Vous
avez toujours le droit de vous étonner: de prendre les yeux naïf
de l'opinion. Le plus souvent, l'opinion confond, transforme ses
désirs en connaissance. Ici, elle classe, elle distingue: la
guerre n'est-elle pas l'arrêt de la diplomatie, de l'art
politique qui utilise l'intelligence, la stratégie, le calcul:
n'est-elle pas l'irruption de la violence ...
Pour
la recherche du problème...
L'
État qui fait la
guerre ne fait-il pas encore une certaine politique, ne
prolonge-t-il pas une certaine politique qui était sous-jacente
en temps de paix? Une guerre dans laquelle le peuple, l'ensemble
des citoyens, s'engagerait, une guerre populaire ne serait-elle
pas essentiellement une guerre de défense, celle dont parlait si
souvent Jaurès?
Questionnez
le sujet: faire de la politique est-ce agir, pousser de toutes ses
forces dans la même direction? L'action populaire
n'est-elle pas née en 93?
Pour
la recherche des idées.
Machiavel,
Clausewitz, Raymond Aron peuvent grandement vous aider.
= Pour
Machiavel, la
guerre, comme d'ailleurs la religion n'est qu'un moyen politique parmi d'autres.
La guerre est justifiée par l'intérêt d'un État, sa conservation, elle
continue donc sous d'autres formes ce que l'État conduisait comme politique en
temps de paix: l'utilisation de moyens pour se conserver. C'est dire que la
politique ne relève pas de la morale, de l'impératif catégorique qui
légifère absolument et universellement, mais de l'impératif hypothétique qui
commande au coup par coup en fonction de l'intérêt du moment: fais la guerre
si tu as intérêt à la faire pour ta conservation et l'accroissement de tes
forces. Reste que la guerre massive et rapide se brisera toujours sur un
peuple uni: "Contre la barbarie (furore) la vertu s'armera."
= Pour
Clausewitz: De la guerre.
La guerre serait-elle l'émergence de mécanismes inhérents à la paix.
Serait-elle la simple continuation de la politique par d'autres moyens? La
difficulté avec cet auteur est de ne pas faire de contresens sur sa pensée de
la guerre. Essayons:
Comprendre qu'il y a une volonté politique qui n'est pas suivie par un
adversaire: les moyens diplomatiques ont échoué.
"La guerre est donc un acte de violence destiné à contraindre
l'adversaire à exécuter notre volonté." (page 51) L'essence de la
guerre, parce qu'elle tient du calcul et de l'ordre peut donc être
expliquée comme une politique qui a une origine, un pourquoi, une fin et des
moyens. Faire la guerre c'est donc faire de la politique. Il s'agit donc d'agir,
de pousser avec constance dans la même direction: contraindre l'adversaire à
exécuter une volonté, celle de celui qui attaque. La fin politique propre à
toute guerre est celle d'imposer une politique à l'adversaire au point que le
traité de paix, lorsque l'adversaire a été mis à genoux, n'est rien d'autre
que cette volonté formulée comme plan de paix imposé, ce qui marque la
fin de la guerre comme acte.
Une citation va nous amener à mieux comprendre cette pensée, ce raisonnement
vigilant de Clausewitz, d'autant plus intéressante qu'elle porte sur 93:
"Une force fit son apparition en 1793. La guerre était soudain devenue
l'affaire d'un peuple ... La participation du peuple à la guerre ... faisait
entrer une nation entière dans le jeu avec son poids naturel";
comprendre que la Révolution française a transformé la nature de la guerre. => En affirmant que la guerre est la continuation de la politique par
d'autres moyens, Clausewitz ne veut pas dire que la guerre est seulement un
moyen de la politique car la guerre a sa propre fin qui est d'obtenir la décision
par les armes, de faire plier l'adversaire.
=> Pourtant c'est la politique qui a le dernier mot et cela se voit, pour
Clausewitz comme pour Jaurès, dans les guerres de défense où le peuple
dans une guerre nationale a eu le dernier mot. L'Espagne contre Napoléon
qui l'envahit, la Russie contre Napoléon puis contre Hitler, le Vietnam contre
l'Amérique ... Encore faut-il que le peuple soit uni ... La politique s'exerce
donc particulièrement dans la guerre de défense et prendrait le dessus sur les
techniques les plus sophistiquées.
= Je vous
laisse découvrir l'intérêt de la pensée de Raymond Aron dans une lecture personnelle. Guerre et paix
entre le nations, Calmann-Lévy Penser la guerre, Gallimard, 1976.
Pour
la recherche du plan....
1-
Il semble que quand on fait la guerre on fasse de la
politique.
2- Mais
on ne fait pas que cela, la guerre a sa propre fin...
3- Dans toute
guerre le dernier mot revient à la politique. "Même les armes atomiques
ne sont que des tigres de papier" Mao