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Rubrique: aide à la dissertation de philosophie http://www.philagora.net/dissert.htm 

  Être raisonnable est-ce renoncer à ses désirs?

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Étonnez-vous !  
Suivre la raison n'est-ce pas nécessairement se laisser conduire par la seule raison, renoncer à ce qui est de l'ordre de l'immédiat, qui entraîne à la violence: aux appétits qui déterminent? Pourquoi poser la question si la réponse est immédiate?

Compréhension du sujet: premier effort de définition.

être

marque la continuité, l'action orientée, patiente, qui pousse toujours dans le même sens (s'oppose à devenir, changer "faire" au coup par coup).

raisonnable

ce qui est conforme à la raison, à la loi morale: faire son devoir par devoir, indépendamment de tout intérêt sensible, de tout désir particulier, de tout point de vue: donner la priorité à l'universel (Montesquieu). 
Au sens large, conduite guidée par la seule raison qui fait preuve de discernement et de prudence.

renoncer à

se défaire de

désir

bien définir le terme: chaque élément de définition sera utilisé pour l'argumentation d'une des parties du devoir: 
-1) manque éprouvé, insatiable 
-2) énergie, force productive 
-3) violence à maîtriser.

De la question au problème: 
la raison exclut-elle nécessairement tout désir? =>Qu'est-ce qui fonde le désir? =>Le désir est-il l'essence de l'homme =>le désir est-il nécessairement violence? =>Comment avoir des raisons de vivre et d'agir sans le désir? =>Le désir relève-t-il de la raison?

Du problème au plan:

Première partie: ce qui vient immédiatement à l'esprit. Il semble raisonnable de renoncer à ses désirs.
Deuxième partie: ce que dit la réflexion. Pourtant l'homme ne peut vivre sans désir.
Troisième partie: la solution du problème qui permet de répondre à la question posée. Tout désir n'est pas nécessairement déraisonnable: ce qui est déraisonnable c'est le désir tant qu'il n'est pas pénétré d'intelligence et de volonté, tant qu'il n'est pas développé. Il n'est pas raisonnable de renoncer au désir.

La recherche des idées par questionnement:

I- Pour quelles raisons il semble qu'il est raisonnable de renoncer à ses désirs.

  1. Si être raisonnable c'est se conduire selon la raison par le choix autonome d'une loi qu'on se prescrit, d'une loi pour tous, alors ne doit-on pas exclure ses désirs parce qu'on ne les a pas choisi et qu'ils sont particuliers? Ne vaut-il pas mieux obéir à la nature, à l'ordre, se dominer, souffrir, supporter et se taire selon la sagesse des stoïciens. Selon eux le bonheur est dans la vertu, seule la vertu compte: il faut donc être indifférent à tout ce qui relève de la sensibilité, des désirs, des mirages de l'imagination et nier la douleur. Le stoa était le portique sous lequel enseignaient les stoïciens. Comprendre que celui qui vit en harmonie avec la raison (= la nature ordonnée et divine) échappe aux troubles de la passion (un désir qui a envahi toute la conscience).

  2. Si le désir est insatiable cela a-t-il un sens de chercher à combler ce qui ne peut être satisfait? N'est-ce pas mener une vie de "tonneaux percés" (Platon)?

  3. Si le désir porte sur l'avenir, sur ce qu'on n'a pas encore, il se détourne du réel présent: rien ne lui résiste, l'imagination s'exerce pleinement et étend la mesure du possible (Rousseau). Cela a-t-il un sens de courir après des déceptions?

Transition: mais cet abandon des désirs ne réduit-il pas une vie humaine à l'inertie? n'est-ce pas perdre toute raison de vivre?

II- Pour quelles raisons l'homme ne peut vivre sans désir?

  1. Le désir peut-il être réduit à un simple manque éprouvé? N'y a-t-il pas dans le désir une force, une énergie? L'essence de l'homme n'est-elle pas l'existence, la liberté de choisir et de poser des fins qui trouvent dans le désir la force et l'enthousiasme pour les accomplir?

  2. Qu'est-ce qu'une vie proprement humaine? Qui pose les fins, qui choisit la fin, qui donne la force de vouloir? comment la perte du désir amène-t-elle la perte de la raison, comme raison de vivre et raison d'agir? La perte du sens n'accompagne-t-elle pas l'absence de désir? La raison suit-elle le sort du désir?

  3. "Ses désirs": ne peut-on choisir de suivre les désirs dans lesquels nous nous reconnaissons? nous les ferions nôtre par ce choix. En s'orientant vers des valeurs rendues désirables par le désir, la vérité, la beauté, la justice, l'homme n'accède-t-il pas en même temps au sens de sa vie et à l'autonomie en obéissant à la loi qu'il s'est prescrite?

Transition: y aurait-il de bons désirs et de mauvais désirs? N'y a-t-il pas plutôt des désirs bruts et des désirs couronnés par la connaissance?

III- Tout désir n'est pas nécessairement déraisonnable.

=> Peut-on aller contre sa propre essence? Où prendrait-on l'énergie pour un tel mouvement?
=> La force du désir peut-elle être simplement suivie sans qu'elle ne dégénère en violence?
=> Développer son essence n'est-ce pas pénétrer le désir de connaissances véritables, utiliser sa force au service d'une vie pleinement humaine, libérée de l'erreur, des fantômes de l'imagination.
=> En lui même le désir n'est pas déraisonnable, il oriente vers la connaissance qui permet la maîtrise de soi. Dire que le désir est déraisonnable, n'a pas de sens, c'est le confondre avec l'erreur, avec ce qu'il n'est pas.

Pour une conclusion.

N'est-on pas allé trop vite en affirmant qu'il était raisonnable de renoncer au désir? La précipitation a été source d'erreur. Que nous a appris l'analyse du désir?
En distinguant le désir et ce qu'il n'est pas, n'avons-nous pas déterminé que le désir est aspiration à la liberté, condition de possibilité de la liberté? Est-ce une condition nécessaire? Est-ce une condition suffisante?
Quelle conséquence pratique de ce bilan du devoir? La liberté est-elle une donnée ou une puissance à actualiser par un effort de connaissance? 

Lecture incontournable: Spinoza: Ethique: Livre III, Définitions des sentiments I, XVII ...
Livre IV, Proposition XVII, XVIII, XXVII, XXXV, XXXVII
Appendice.

Voir dans Philagora: Le désir - L'existence - Kant, l'impératif catégorique - 

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