¤
Philagora.net
¤
Nouveautés
¤
FORUMS
- Aides aux dissert.
- Prépas
- Vos annonces ¤
PHILOSOPHIE
- Philo-Bac
- Cours
- philo-express
- Citations
- Philo-Prépas
- Philo-Fac
-
Prepagreg
- Le
grenier
- Aide aux
dissertations
- Methodo
- Psychanalyse
-
Médecine
¤ EPISTEMOLOGIE
¤
ART
¤
FRANCAIS
poésie,
théâtre, prose
Bac français, parcours initiatiques
¤
MARE
NOSTRUM
¤ LIVRES
des aperçus
¤ Travaux
Personnels Encadrés
Forum TPE
¤
Contes pour
enfants en
musique!
¤ Occitan-Catalan
¤ Revue
Pôle- international
¤ Francophonie
¤
L'Association
philagora
Pourquoi ce site?
¤
Philagora tous droits réservés. ©
-CNIL n°713062-
philagora@philagora.net
¤ INFO-PUB-
-
|
|
|
Jean Jaurès
et les enseignants.
_________________________________
|
Avec Jaurès, contre les hiérarchies, la
liberté pour tous les enseignants!
Dans la séance du 20 juin 1894, Jaurès, en
plaidant pour le personnel enseignant et ses libertés, prend en fait la défense de la
République.
Contre la violence dune administration qui
veut souvent utiliser le pouvoir légitime de lEtat pour exclure les enseignants des
fonctions politiques, pour réduire au silence desclaves les instituteurs qui sont
responsables de lenseignement parce que, au contact des enfants, pour les réduire
à la solitude et à limpuissance en empêchant les regroupements, Jaurès propose
de leur reconnaître les droits fondamentaux de parler librement, dassumer un mandat
politique, denvoyer des pétitions collectives au Parlement, de participer au
Conseil de lInstruction publique pour empêcher les manuvres dune
hiérarchie qui se pare trop souvent dune légitimité qui nappartient
quaux serviteurs de la loi cest à dire aux serviteurs de tous!
Que tous comprennent que les instituteurs et les
enseignants sont lhonneur de la République car en apprenant à penser ils
apprennent aussi à se maîtriser, à se comporter en citoyen, à la fois législateur et
sujet, à acquérir cette autonomie comme capacité dobéir à la loi quon
sest prescrite, sans laquelle citoyens et République disparaîtraient.
Quand on voit comment lEtat de Droit est
parfois bafoué par ceux-là mêmes qui ont pour mission de le faire respecter et qui
doivent lui obéir, quand on voit utiliser la force de lEtat au service de la
violence dun désir particulier, quand on voit les mandarinat étouffer les
individus ou les mettre au pas -comme si seuls ceux qui croient savoir avaient droit à la
parole, par exemple- on se prend à espérer que ce discours soit relu par tous et que la
justice, un peu plus souvent, trouve ces violences incongrues dans un Etat de Droit.
Cela rabattrait linsolence de ceux qui non
seulement se croient au-dessus des lois parce quils croient quils savent, mais
aussi, utilisent leur fonction hiérarchique pour éteindre un enthousiasme quils
nont pas allumé: ils réfléchiraient à deux fois avant dutiliser le pouvoir
qui leur est confié pour éliminer ceux qui leur paraissent des concurrents, sils
craignaient un peu plus la justice qui nest que lapplication de la Loi, de
légalité, de la liberté.
(Texte de Joseph Llapasset
|
Séance du 20 juin 1894 , extraits du discours de Jean Jaurès................
M. Lannelongue a paru creuser entre les trois ordres d'enseignement. en ce qui touche
la liberté politique des maîtres, leur indépendance de conscience, un abîme que, pour
notre part, nous n'acceptons pas. (Très bien très bien! à l'extrême gauche.)
Pour les instituteurs du peuple, la
neutralité obligatoire, le silence obligatoire, pas d'opinion politique, pas d'expression
publique de l'opinion politique, pas de liberté pour eux la consigne et rien que la
consigne. Pour les professeurs de l'enseignement secondaire, une sorte de liberté
tempérée et mitigée, et pour cette haute aristocratie de l'enseignement supérieur dont
M. Lannelongue est une des gloires... |
M. JUMEL. - Et vous aussi.
M. JAURÈS. - . . .une liberté absolue.
En bas, à l'usage du peuple. à lusage de ceux qui travaillent tous
les jours, une sorte d'automatisme, de mécanisme réglé' par le préfet dans chaque
chef-lieu de département. Au milieu, dans l'enseignement secondaire, une sorte
d'organisation mixte, qui n'est ni le 'mécanisme ni la liberté. Et en haut, pour
l'élite des classes dirigeantes, ce nouveau privilège la liberté de penser Voilà ce
que. pour notre part. nous n'admettons pas et en ne l'acceptant pas, en le repoussant, en
le répudiant, c'est nous personne ne pourra le contester - qui restons dans l'esprit de
la Révolution française. La Révolution française, par ces trois mots d'enseignement
primaire, d'enseignement secondaire et denseignement supérieur, indiquait une
série, mais non pas une hiérarchie. (Applaudissements à
l'extrême gauche.)
C'était d'un bout à l'autre, depuis l'école de hameau jusqu'à
institut central, jusqu'aux immenses laboratoires d'où sortent les découvertes
nouvelles, un même enseignement qui devait conduire par degrés tous les esprits de
l'éducation élémentaire à la part d'éducation supérieure qui peut revenir à chaque
citoyen. Voilà quel était le
programme d'enseignement, la conception de la Révolution française; c'était un tout
solidaire dont les trois ordres d'enseignement sont des parties liées, mais non pas cette
sorte de superposition de liberté en haut et de servitude ou de domestication en bas.
(Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) |
Est-ce qu'il y a quatre ans, en 1889,
lorsque la liberté républicaine paraissait menacée d'une éclipse, lorsqu'il y avait
une sorte d'entraînement qui paraissait universel vers une espèce de régime nouveau de
réaction césarienne, il ne s'est pas trouvé un ministre de l'Instruction
publique, M. Fallières, qui a écrit à tous les instituteurs de France dans une
circulaire mémorable: "Vous êtes des instituteurs de liberté, et la liberté que
vous enseignez à l'école, vous devez la répandre au dehors? Ce sont vos ministres de
l'Instruction publique, cest votre prédécesseur, monsieur le ministre, qui a ainsi
jeté tous les instituteurs de France dans le combat pour la liberté politique, pour la
liberté républicaine. Et si, parmi ces instituteurs que le ministre de l'Instruction
publique conduisait à cette époque à la défense de la liberté menacée, il en est qui
se soient dit "Oui, c'est vrai, le ministre a raison, il est de mon devoir de servir
partout la République sociale", c'est vous, monsieur le ministre, qui lui avez
ouvert la porte: vous navez plus le droit de le frapper!
|
(Vifs applaudissements
à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche.)
Ah! non, lorsque vous les
aurez ainsi soumis à votre discipline et à vos formulaires, lorsque vous aurez ainsi
tué en eux la liberté, ils ne pourront pas l'apprendre aux autres. Vous aurez beau
faire; c'est en vain que vous ordonnerez à des âmes serviles de propager la liberté, à
des flambeaux éteints de communiquer la lumière et à des morts de donner la vie. Ne
tuez pas! |
(Vifs applaudissements à l'extrême
gauche et sur divers bancs à gauche.)
M. JAURÈS.
Voici un passage de la circulaire ministérielle: "J'ai eu récemment à rappeler,
disait M. Spuller, que c'est au ministre seul et par l'entremise des chefs hiérarchiques,
que les requêtes et les réclamations individuelles ou collectives doivent être
adressées."
Vous entendez bien, messieurs, "individuelles ou collectives ". M.
Spuller justifiait cette mesure en disant que, d'après la loi, le ministre est seul
intermédiaire entre les professeurs et le Parlement.
La doctrine est clairement formulée. Vous me permettrez de dire qu'elle est
la négation absolue du droit de pétition pour les citoyens, la négation du droit de
contrôle par le Parlement.
Ce n'est pas seulement la négation du droit de pétition pour les
professeurs, ce n'est pas seulement la négation du droit de pétition pour tous les
fonctionnaires, c'est la négation du droit de pétition pour tous les citoyens
(Exclamations sur divers bancs), car il n'y a pas un seul citoyen, dans quelque situation
qu'il se trouve, qui ne soit protégé dans ses intérêts par une administration publique
organisée et constituée (Mouvements divers); c'est ainsi que d'après votre doctrine, un
justiciable n'aurait pas le droit d'adresser une pétition au Parlement. En effet, il y a
des tribunaux de première instance, des Cours d'appel, une Cour de cassation ; il y a le
ministre de la Justice. Et lorsqu'un homme a été illégalement interné dans un asile
d'aliénés, il y a un préfet, qui par des visites régulières a le moyen de mettre un
terme aux abus qui peuvent se commettre! (Applaudissements. Bruit au centre.) |
UN MEMBRE AU CENTRE- Mais cela n'a rien
de commun avec la question en discussion.
M. JAURES: Qu'a
donc voulu le Parlement lorsqu'il a établi pour tous les citoyens, y compris les
fonctionnaires, le droit de pétition? Il a voulu qu'aucune bureaucratie ne pût
s'interposer entre les citoyens et la représentation nationale. Vous votez des lois dans
leur formule générale, dans les dispositions les plus larges; mais ces lois ne valent
que par l'application pratique qui en est faite, par le détail, et ce n'est pas vous
qui êtes chargés de l'application de ces lois, car la distinction entre l'exécutif et
le législatif vous en empêche. Mais il y a un recours si les bureaux faussent les lois
votées par vous, ceux qui en souffrent peuvent faire appel au souverain ; c'est un droit
imprescriptible; le nier, c'est nier le droit de pétition. (Très
bien! très bien! à l'extrême gauche.) |
Aller
à: Jean Jaurès et la paix. (page 1 et
page 2)
Suivre le parcours
intiatique: Jean Jaurès sur philagora
Retour à la page d'accueil
de philagora
|