La démocratie fait du
consentement des personnes humaines la règle du droit national et
international. Le socialisme veut organiser la collectivité humaine
mais ce n’est pas une organisation de contrainte et sous la loi générale
de justice et d’harmonie qui préviendra toute tentative
d’exploitation, il laissera aux nations la libre disposition
d’elles-mêmes dans l’humanité, comme aux individus la libre disposition
d’eux-mêmes dans la nation, Or, dans la paix, la croissance de la démocratie
et du socialisme est certaine.
D’une guerre européenne peut
jaillir la révolution, et les classes dirigeantes feront bien d’y
songer mais il en peut sortir aussi, pour une longue période, des
crises de contre-révolution, de réaction furieuse, de nationalisme
exaspéré, de dictature étouffante, de militarisme monstrueux, une
longue chaîne de violences rétrogrades et de haines basses, de représailles
et de servitudes, Et nous, nous ne voulons pas jouer à ce jeu de hasard
barbare, nous ne voulons pas exposer, sur ce coup de dé sanglant, la
certitude d’émancipation progressive des prolétaires, la certitude
de juste autonomie que réserve à tous les peuples, à tous les
fragments de peuples, au-dessus des partages et des démembrements, la
pleine victoire de la démocratie socialiste européenne.
C’est pourquoi, nous
socialistes français, sans qu’aucune personne humaine puisse nous
accuser d’abaisser le droit, nous répudions à fond, aujourd’hui
et à jamais, et quelles que puissent être les conjectures de la
fortune changeante, toute pensée de revanche militaire contre l’Allemagne,
toute guerre de revanche. Car cette guerre irait contre la démocratie,
elle irait contre le prolétariat, elle irait donc contre le droit des
nations, qui ne sera pleinement garanti que par le prolétariat et la démocratie.
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