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Rubrique
philosophie de Philagora: http://www.philagora.net/philo.htm
Jacques Monod
(page
1 et page 2)
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Les frontières de la biologie moderne.
"Ces frontières je les
vois, pour ma part, aux deux
extrémités de l'évolution: l'origine des premiers systèmes vivants d'une
part, et d'autre part le fonctionnement du système le plus intensément
téléonomique qui ait jamais émergé, je veux dire le système nerveux central
de l'homme. Dans le présent chapitre, je voudrais tenter de délimiter ces deux
frontières de l'inconnu...
L'énigme demeure, qui masque aussi la réponse à une question d'un
profond intérêt. La vie est apparue sur la terre: quel était avant
l'événement la probabilité qu'il en fût ainsi?...
Instrument d'anticipation s'enrichissant sans cesse des résultats de ses
propres expériences, le simulateur est l'instrument de la découverte et de la
création... Si nous pouvons deviner l'existence de ce merveilleux instrument,
si nous savons traduire, par le langage, le résultat de ces opérations, nous
n'avons aucune idée de son fonctionnement, de sa structure. L'expérimentation
physiologique est, à cet égard, presque impuissante encore. L'introspection,
avec tous ses dangers, nous en dit malgré tout un peu plus. Reste l'analyse du
langage qui cependant ne révèle le processus de simulation qu'au travers de
transformations inconnues et n'explicite sans doute pas toutes ces opérations.
Voilà la frontière, presque aussi infranchissable pour nous qu'elle l'était
pour Descartes... La notion de cerveau et celle d'esprit ne se confondent pas
plus pour nous dans le vécu actuel que pour les hommes du XVIIème
siècle." (Jacques Monod, Le hasard et la nécessité , Seuil, page
156, 160, 172)
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Première et deuxième frontière.
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- Dans le chapitre VIII de son livre, Le hasard et la
nécessité (1970), le professeur Jacques Monod cerne deux frontières,
celle de l'origine du code et celle du fonctionnement cérébral, du rapport
entre le cerveau et l'esprit. A ces deux frontières se heurtent la
curiosité et le désir. Ces frontières sont à la fois celle d'une Nature
et d'un Monde qui se révèlent irréductibles.
-
- La première frontière est l'explication de la structure du
code: quel processus causal l'a produite, quelle est son origine? Deux
hypothèses sont proposées l'une vérifiable, l'autre non:
Soit les liaisons sont induites par une affinité, ce qui
explique la structure du code par une raison.
Soit les liaisons sont le fruit du hasard.
Y aurait-il une troisième frontière?
Jacques Monod reprend la définition
du hasard donnée par
Cournot. A la lumière du texte de Cournot (aller
à Cournot -ouverture en nouvelle
fenêtre) qui distingue la Nature et le Monde, demandons-nous si deux types d'intelligibilité, deux idées
peuvent produire autre chose que des objets absolument irréductibles l'un à
l'autre. Autrement dit, les deux frontières de la biologie seraient en fait
produite par la dualité des perspectives, des points de vue qui rendraient des
objets distincts et définitivement irréductibles: ces deux frontières
n'auraient donc pas pour origine la réalité. Il est vain dirait Cournot de
croire que les progrès faits par un point de vue peuvent avoir pour résultat
de réduire l'autre type d'intelligibilité à la première.
La vraie frontière n'est-elle pas le refus de l'écart dans
lequel l'altérité se constitue comme définitivement irréductible. N'est-ce
pas l'origine des frontières entre les sciences? Entre les hommes?
Joseph Llapasset
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