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LE CID  de Corneille (p.4)

- Après le désarroi que nous observions dans la strophe 1, Rodrigue s'achemine donc vers une décision.

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p.1- Beau comme Le Cid
p.2- Pour Rodrigue tout bascule
p.3- La plus difficile victoire
p.4- Vers une décision
p.5- Une difficile rencontre
p.6- Grand affolement!
p.7- L'amour aimé d'honneur
p.8- Le mouvement en général
p.9- Coup d'essai, coup de maître
p.10- Un style ---
p.11- Vers la victoire finale.
p.12- Le dialogue final

Strophe 2: Il réfléchit et pose clairement les données.
Strophe 3: Il hésite et se trouve dans une totale perplexité.
Strophe 4: L'impasse qu'il a constatée le conduit au désespoir, il songe au suicide.
Strophe 5: L'idée de laisser un souvenir déshonorant lui donne un sursaut.
Strophe 6: Le voilà bien décidé à venger l'honneur familial.

=Quel chemin parcouru! Après les plaintes, les exclamations, les interrogations, la dernière strophe (v. 341-351), avec ses affirmations et ses impératifs, est toute de certitude: "oui... je dois tout à mon père... ne soyons plus en peine..."
=L'assurance d'y voir clair rejette les égarements précédents: "mon esprit s'était déçu... je m'accuse déjà de trop de négligeance... tout honteux d'avoir tant balancé".
=Elle envisage dans l'exaltation le renoncement à la vie et à l'amour: "que je meure au combat ou meure de tristesse... ne soyons plus en peine..."
=Elle soulève la fierté: "je rendrai mon sang pur", et elle lance dans l'action avec enthousiasme: "courons à la vengeance".

=>Réfléchissons maintenant à ce que Rodrigue a découvert durant cette méditation des stances.

Il a compris qu'il était devenu grand, ou plutôt, que, désormais son père ne pourrait plus le protéger, mais avait besoin de lui, c'est ça, grandir.

Il a senti ce qui comptait pour lui, dans l'existence: son amour et l'honneur familial (de nos jours encore, bien que de façons différentes, les enfants ne supportent pas qu'on humilie leurs parents).
Si la mort est constamment présente dans ce débat: "mortelle, tue, morts, trépas, mourir, mourons, trépas mortel, que je meure, ou meure, je rendrai mon sang...",
Rodrigue ne semble pas trop s'émouvoir à l'idée qu'il n'a pas grande chance de survivre à un duel avec le grand Don Gormas.
Nous l'avons compris, pour lui, la mort c'est la perte de son amour, mais le déshonneur, c'est aussi la mort. (on peut aussi penser qu'il est trop jeune pour vraiment croire qu'il va mourir).
Il a connu la tentation du désespoir et même du suicide. Ce qui l'a sauvé de l'un et de l'autre, c'est la réflexion. Il a contraint son esprit à envisager clairement ce qui le faisait souffrir. Au lieu de s'imaginer que le suicide règlerait tout, il a pris le soin d'en évaluer les suites.

Ainsi, Rodrigue a progressé dans l'idée qu'il se faisait de son amour pour Chimène. Il a vu que, s'il lui apportait bonheur et plaisirs, il comportait aussi des devoirs, celui de ne pas affecter sa bien-aimée dans la personne de son père, et surtout, celui de rester digne d'elle: "j'attire ses mépris en ne me vengeant pas".

Alors, il a compris que, loin de s'opposer, son amour et son honneur l'engageaient l'un et l'autre au devoir de vengeance.

Dans ce dur combat, Rodrigue a fait son unité, son coeur n'est plus partagé. Voilà sa première victoire, celle sur lui-même.

Nous avons vu se dérouler ici ce qu'on appelle un débat cornélien (dont nous avions une première amorce dans le monologue de Don Diègue).
Après une phase passive d'émotion intense, le héros se ressaisit progressivement, il analyse la situation qui s'impose à lui, il envisage différentes solutions et leurs conséquences, enfin, il se décide, pratiquement toujours pour la plus difficile, parce qu'elle correspond à son tempérament et qu'elle lui permet de se recentrer.

 A partir de ce choix, il n'est plus question de regarder en arrière, on fonce vers son but, comme une flèche bien affûtée. Et, croyez-moi, on est vainqueur!

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