Strophe 2: Il
réfléchit et pose clairement les données.
Strophe 3: Il hésite
et se trouve dans une totale perplexité.
Strophe 4: L'impasse
qu'il a constatée le conduit au désespoir, il songe au suicide.
Strophe 5: L'idée de
laisser un souvenir déshonorant lui donne un sursaut.
Strophe 6: Le voilà
bien
décidé à venger l'honneur familial.
=Quel chemin
parcouru! Après les plaintes, les exclamations, les interrogations, la dernière strophe
(v. 341-351), avec ses affirmations et ses impératifs, est toute de certitude: "oui... je dois tout à mon père... ne soyons plus en
peine..."
=L'assurance
d'y voir clair rejette les égarements précédents: "mon esprit s'était déçu... je m'accuse déjà de trop de
négligeance... tout honteux d'avoir tant balancé".
=Elle
envisage dans l'exaltation le renoncement à la vie et à l'amour: "que je meure au combat ou meure de tristesse... ne soyons plus
en peine..."
=Elle
soulève la fierté: "je
rendrai mon sang pur", et
elle lance dans l'action avec enthousiasme: "courons à la vengeance".
=>Réfléchissons maintenant à ce que Rodrigue a découvert durant cette
méditation des stances.
Il a compris qu'il était devenu
grand, ou plutôt, que, désormais son père ne pourrait plus le protéger,
mais avait besoin de lui, c'est ça, grandir.
Il a senti ce qui comptait pour
lui, dans l'existence: son amour et l'honneur familial (de nos jours
encore, bien que de façons différentes, les enfants ne supportent pas qu'on humilie
leurs parents).
Si la mort est constamment présente dans ce débat: "mortelle, tue, morts, trépas, mourir, mourons,
trépas mortel, que je meure, ou meure, je rendrai mon sang...",
Rodrigue ne semble pas trop s'émouvoir à l'idée
qu'il n'a pas grande chance de survivre à un duel avec le grand Don Gormas.
Nous l'avons compris, pour lui, la mort c'est la perte de son amour, mais le
déshonneur, c'est aussi la mort. (on peut aussi penser qu'il est trop jeune pour
vraiment croire qu'il va mourir).
Il a connu la tentation du désespoir et même du suicide. Ce qui l'a sauvé de
l'un et de l'autre, c'est la réflexion. Il a contraint son esprit à envisager
clairement
ce qui le faisait souffrir. Au lieu de s'imaginer que le suicide règlerait tout, il a
pris le soin d'en évaluer les suites.
Ainsi, Rodrigue a progressé
dans l'idée qu'il se faisait de son amour pour Chimène. Il a vu que, s'il lui
apportait bonheur et plaisirs, il comportait aussi des devoirs, celui de ne
pas affecter sa bien-aimée dans la personne de son père, et surtout, celui de
rester
digne d'elle: "j'attire ses mépris en ne me vengeant pas".
Alors, il a compris que,
loin de
s'opposer, son amour et son honneur l'engageaient l'un et l'autre au devoir de vengeance.
Dans ce dur combat, Rodrigue a
fait son unité, son coeur n'est plus partagé. Voilà sa première victoire, celle
sur lui-même. |
Nous avons vu se
dérouler ici ce qu'on appelle un débat cornélien (dont nous avions une première
amorce dans le monologue de Don Diègue).
Après une phase passive d'émotion intense, le héros se ressaisit
progressivement, il analyse la situation qui s'impose à lui, il envisage différentes
solutions et leurs conséquences, enfin, il se décide, pratiquement toujours pour
la plus difficile, parce qu'elle correspond à son tempérament et qu'elle lui permet
de se recentrer.
A partir de ce choix, il n'est
plus question de
regarder en arrière, on fonce vers son but, comme une flèche bien affûtée. Et,
croyez-moi, on est vainqueur!
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suivante: Une difficile rencontre!
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