Les romans durassiens sont ceux de l'attente, de la destruction et du désir. Tout est suspendu à l'attente d'un événement qui ne vient pas, d'un événement inimaginable. Tous les personnages vivent dans l'attente. Leur univers est entourné de ce dernier: Attente de l'espoir, attente de l'amour, attente d'un choix étranger qui les sortira de leur déréliction.

Dans L'après-midi de Monsieur Andesmas l'attente est très dominante. L'Action est entièrement centrée sur l'attente d'un vieillard au cours d'un après-midi comme dans la plupart de ses romans. L'attente rive M. Andesmas à une apparente paresse. Son corps ne fait rien pour agir. Il est devenu  dérisoire. Seul son esprit parle. Il est le sursaut désespéré de son être.

"Sans doute, dit M. Andesmas, va-t-il me falloir plusieurs jours pour me remettre des fatigues d'une telle attente"[1].

Dans la citation ci-dessus M. Andesmas désigne la difficulté de son attente. Comme ce roman-ci, les récits de Duras ne sont pas actifs et ceux-ci ont un rythme très lent presque irritant. Cette lenteur a quelque chose de diabolique. Ses personnages   s'arrachent des gestes, décomposent des mouvements. M. Andesmas s'assied toujours dans son fauteuil d'osier, quelquefois il échappe à  ce dernier.

"Celle-ci s'ankylosait facilement dans l'immobilité, et de temps en temps M. Andesmas la déplaçait , la remuait un peu dans le fauteuil d'osier. Ainsi supportait-il l'attente"[2].

Comme on s'en aperçoit, Il s'agit d'un temps fondé sur l'attente et l'immobilité. Dans cette vaine attente, M. Andesmas se met d'abord en colère.

"Qui le ferait en effet? se répondit-il. Qui, à ma place, ne se mettrait pas en colère?"[3].

         Et il trouve l'attente pénible et ennuyeuse. "(...) Attente est pénible"[4]. Puis son attente finit encore une fois par redevenir tranquille.

"L'attente de M. Andesmas finit une fois de plus par redevenir tranquille"[5].

Mais, à mesure que son attente s'allonge M. Andesmas commence à se révolter car, il est tout seul dans son fauteuil d'osier devant le chalet.

"Je ne comprends pas. Ce n'est pas bien de la part de M. Arc, ce n'est pas bien de faire attente un vieillard, des heures, comme il le fait.

-Comment peut-il se permettre une chose pareille?"[6].

Bien que l'attente finisse par révolter, Mme Andesmas ne cesse d'attendre M. Arc pour faire construire une terrasse devant le chalet.

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