Auteurs,
par ordre alphabétique http://www.philagora.net/frindex.htm Stéphane MALLARMÉ.
Il était une fois Mallarmé,
un enfant qui ne se laisse pas écraser par le hasard. (p.1)
de 1842 à 1863
- Enfance et
adolescence p.1
de 1863 à 1898 - La vie d'un
albatros p.2
raconté par Joseph Llapasset
Enfance et adolescence
Je vais te raconter une enfance et une adolescence qui, à l'image de la tienne
peut-être, est faite de lumière et d'ombre, de douleurs, de souffrances, et de joies:
Stéphane c'est ton frère, un enfant qui comme tous les enfants est à la merci des
projets de son entourage et du hasard souvent cruel.
Le 18 Mars 1842, au 12, rue Laferrière, à Paris (2ème
arrondissement), un enfant arrive en même temps que la lumière: ses parents Numa Joseph
Mallarmé et Élisabeth Desmoulins s'étaient mariés 9 mois et 4 jours avant, et
n'avaient donc pas perdu leur temps. C'est le bonheur!
Mais le hasard que Stéphane prendra en haine brise parfois les projets des hommes: 5 ans
plus tard, en 1847, tout bascule au retour d'un voyage en Italie, ce pays où lumière et
sources jaillissantes rivalisent avec l'obscurité et le désert. Élisabeth, sa mère,
meurt et sa voix s'éloigne pour toujours des rivages de lumière. Quel désastre!
Stéphane à 5 ans, est confié
à sa grand-mère maternelle qui l'élèvera. C'est la tendresse retrouvée!
En 1852, 5 ans plus tard, son père se
remarie et l'enfant "entre" dans une pension religieuse à Passy où habitent
ses grands-parents: dès l'âge de 10 ans, c'est l'internat et la pesanteur des heures qui
semblent s'accrocher... La correspondance de la grand-mère nous laisse deviner des
possibilités mal exploitées: comprenons que Mallarmé est un bon élève, médiocre
écolier qui n'est pas très studieux. Est-il malheureux?
En tous cas, il quitte cette pension au bout de 5 mois (!)
pour un pensionnat "autre": c'est l'éclaircie car, baigné de courtoisie et de
respect, de cette vieille politesse française, heureux enfin, Mallarmé
travaille, réussit, écrit même "l'ange gardien" où l'on peut voir
l'espérance et la confiance d'un jeune adolescent de 13 ans. Cette espérance
n'est pas déçue puisqu'en Août 1855 la récolte est abondante lors de la distribution
des prix.
-
Il peut maintenant entrer au lycée de Sens, accéder rapidement
à la classe de 3ème puis à la seconde, toujours dans les premiers, sauf en Anglais où
il est déjà le premier le 12 Août 1858.
-
Il "arrive" dans cette classe de "rhétorique"
(première classique) qui était le couronnement des études littéraires, le 4 Octobre de
la même année.
-
Mais dès le mois de mars Stéphane souffre cruellement de
rhumatismes aux jambes et de maux de tête. Il crie alors la douleur, la souffrance aussi
d'avoir perdu il y a deux ans sa sur Maria dans un poème qui maudit ce Dieu qu'il
rend responsable de la création, du moi et du monde.
Malgré une scolarité brillante Stéphane qui a
maintenant un peu plus de 18 ans échoue au baccalauréat le 10 Août
1860. C'est l'humiliation familiale. Après un mois de travail à Versailles, dans le
havre de ses grands-parents, il est reçu bachelier le 8 novembre de la même année.
Brève joie!
Son
père, à la suite d'une chute reste impotent (ne peut plus se déplacer par lui-même).
Stéphane doit travailler: il a un "petit boulot" chez un receveur.
Il va donc travailler, prendre en pleine face la réalité, les petites vexations que la
nécessité et plus tard les responsabilités de sa vie familiale l'empêcheront de fuir.
Ce
n'est plus un enfant!
Ce qu'on peut retenir de cette enfance et de cette adolescence,
c'est la volonté de faire face, de donner une raison d'être à chaque instant de la vie
dans l'espoir de vaincre le hasard: envers et contre tous les malheurs, cet enfant, cet
adolescent veut motiver sa vie, lui donner un sens.
Francis PONGE écrira, en 1926, sur Mallarmé: "Poète, pour couvrir les autres
voix surprenantes du hasard". Ponge, clairvoyant!
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vers 2): Une
vie, comme un albatros sur le pont d'un navire...
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