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Rubrique Mare
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LA GAULE INTÉRIEURE A LA VEILLE
DE LA CONQUÊTE ROMAINE.
(II° et I° siècles avant J.C.)
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DEFI A CESAR. -Les Dieux
Gaulois. Au cours d'une conférence
au Musée de Lattes, Monsieur Christian
Goudineau, professeur au collège de France, a démontré que nos ancêtres
les Gaulois étaient parvenus à un degré de civilisation appréciable lorsque Jules
César vint les soumettre, entre 59 et 52 avant J.C. |
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Il fallait déblayer quelques
idées reçues, par exemple:
Tous les Gaulois
étaient de grands blonds aux longs cheveux (d'où le nom de "Gaule Chevelue"),
et les hommes portaient une moustache tombante.
Ils vivaient dans les forêts épaisses qui couvraient le pays.
Ils se nourrissaient de la chasse.
Il n'y avait pas d'agriculture.
Il n'y avait pas d'organisation sociale, ni d'urbanisation.
Sans l'intervention de Jules César, la Gaule n'aurait pas "décollé" avant
bien longtemps. |
Une abondante documentation
photographique appuie cet exposé.
Des vues aériennes, mettant en
évidence un découpage régulier des terres. Des
champs de fouilles, où l'on s'aperçoit de l'ampleur des zones d'habitation et
d'activités.
Des restes de constructions,
éléments de remparts et de murs, fossés, talus, remblais, emplacements de pieux et de
poutres, clous... montrant des techniques très comparables à celles de leurs voisins, et
le même soin dans la protection et la conservation des biens et des personnes.
Présentation:
d'outillage d'agriculture, dont les constituants resteront les mêmes jusqu'au siècle
dernier, sans innovations importantes.
d'établissement de métallurgie, réservant une pièce à l'usage du feu, une autre au
travail du métal, avec des moules en cloche pour la production de fibules en série.
d'objets de céramique et d'orfèvrerie
finement travaillés, dont un emblème d'or de sanglier
magnifiquement stylisé.
de décharges domestiques, où les ossements sont très majoritairement ceux d'animaux
d'élevage.
de monnaies, qui nous
présentent des chefs imberbes et sans moustaches.
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De plus des maquettes et des plans
reconstituent:
des fermes avec leurs différents bâtiments, en particulier des silos sur pilotis, des
fortifications, avec la complexité de leurs remparts et de leurs portes, des rues de
ville, larges et bien dessinées.
Enfin, un mannequin composé
d'après une monnaie figurant l'Héduen Dunmorix, paré de son torque, tenant la trompe
gauloise à tête de dragon, une enseigne de sanglier et la tête d'un ennemi nous donne
à penser que le type nordique n'était pas le lot général et que l'art du tissage avait
déjà inventé l'écossais. Son étonnant deux pièces, blouse et pantalon en tissu à
carreaux de couleurs vives et son allure de brun en témoigne.
que loin d'être livrée au désordre,
la Gaule était administrée par des chefs puissants et riches, vivant dans de vastes
résidences protégées par des murailles.
qu'un déboisement très actif:
- était nécessité par la construction, en
particulier celle des kilomètres de remparts, tout à la fois robustes, souples et beaux
à voir, grâce à une armature de poutres, un blocage intérieur de matériaux grossiers
et des parements de moellons.
- a permis le développement de l'agriculture sur
plusieurs hectares enserrés dans des enclos de fossés et de talus concentriques, les
bâtiments de ferme se trouvant vers le centre.
-que la culture des céréales, blé, épeautre, et
des légumineux se pratiquait comme au moyen-Age, avec le même engrais animal et
sensiblement le même rendement.
-que l'élevage comportait chevaux, bovins, porcs,
brebis, et que ces races domestiques étaient plus petites qu'actuellement.
-que la chasse fournissait fort peu de viande
comestible et semble avoir été dès cette époque, une distraction pour les nobles.
L'abondance de débris
d'amphores prouve des échanges commerciaux très importants avec tout le bassin
méditerranéen. La Gaule, qui ne possédait pas de vignes à l'époque était un gros
acheteur de vins (notre vignoble s'implante sous Auguste). Elle exportait des matières
premières, en particulier des minéraux, et des hommes ( les entraves gauloises, très
ingénieuses, en disent long sur le savoir faire des trafiquants d'esclaves...). |
Les monnaies furent
d'abord locales, imitant librement des modèles latins ou grecs, y compris pour la
transcription des noms (n'oublions pas la présence grecque sur notre littoral
méditerranéen depuis le VII° siècle avant J.C.). En effet, loin d'être incultes, les
Gaulois, aux II° et I° siècles avant J.C., utilisaient les caractères romains ou grecs
pour établir actes et conventions de toute nature. Il n'en reste rien, parce que les
supports fragiles qu'ils employaient se sont perdus.
A partir de
la fin du II° siècle avant J.C. , sans supprimer les monnaies existantes, apparaît une
monnaie copiée sur la drachme grecque, étalonnée à son poids et correspondant à une
fraction précise du denier romain.
Ainsi, en
même temps que courait la monnaie du lieu, une monnaie internationale, sorte d'Euro avant la lettre, facilitait les tractations des commerçants
venus de l'extérieur dès avant la conquête romaine.
Des
relations assez étroites s'étaient établies entre les autochtones et leurs futurs
maîtres, déjà installés dans la Provincia Narbonensis depuis le second siècle avant
J.C. préparant la voie de la romanisation sur toute la terre gauloise. Ainsi, les
Héduens et leur chef Dunmorix étaient officiellement alliés et même "frères de
sang" des Romains.
Dans cette
optique, la découverte récente à Besançon, d'une maison sur cave, recelant des objets
de luxe, un outillage de type romain et l'os d'un bovin de grande taille, provenant sans
doute d'Italie... pourrait bien être celle d'un riche commerçant latin installé dans
cette ville
Sur un
terrain ouvert au progrès et en constantes relations d'affaires avec Rome la conquête
voulue par l'ambitieux proconsul comme un tremplin vers le pouvoir a donc dû être
largement facilitée.
Le grand Jules
César exerçait une fascination sur les deux "Bonaparte". Napoléon Ier
écrivit, à Sainte Hélène, des "Remarques sur les Commentaires concernant la
Guerre des Gaules".
Quant à Napoléon
III, il entreprit et il soutint de ses deniers des recherches archéologiques pour la
localisation des grands sièges de la guerre comme Bibracte et Alésia.
C'est à un négociant d'Autun
passionné par cette question que revient le mérite d'avoir retrouvé Bibracte, sur le
Mont Beuvrey. Ses fouilles furent poursuivies par son neveu, Déchelette, qui a laissé un
nom dans l'Histoire Gauloise.
Actuellement, Monsieur
Goudineau dirige des fouilles à Bibracte, site auprès duquel on peut visiter un musée
fort instructif.
Texte de Jacqueline Masson.
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