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Les héros dans l'Iliade?
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13)
Quand, après avoir constaté
que les motifs de la guerre et ceux de la querelle entre les chefs achéens
étaient d'origine purement féminine, on s'aperçoit que les guerriers
sont constamment télécommandés, assistés et protégés par les dieux,
on se demande quel espace de libre arbitre et d'action personnelle reste
encore à ces messieurs pour mériter le titre de héros.
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Y a-t-il des héros dans
l'Iliade?
La question se pose!
Après tout, qu'est-ce qu'un héros? En bonne logique, il faudrait
commencer par le définir, mais, puisque, dans une guerre, tous les
participants sont des héros en puissance, nous passerons d'abord nos
troupes en revue.
Du côté des Grecs.
L'armée achéenne comporte
trois catégories: les "hommes de pied", les fils de
famille, "les Anciens".
- "Les hommes de
pied",
ce sont les "petits,
les sans grade" de l'armée napoléonnienne. Agriculteurs,
artisans, ou pêcheurs, ils ont quitté le pays avec leur maître,
seigneur ou roitelet, parce qu'ils étaient obligés de le suivre, et
parfois, peut-être, par goût de l'aventure. Ils forment une masse
docile et influençable, qui, suivant les mots d'ordre, hisse les
voiles pour le retour dans la patrie, construit un rempart, monte un bûcher
funéraire, ou s'enthousiasme pour le combat.
Ils marchent en rangs serrés
vers l'ennemi, sous la conduite du chef de leur cité, les plus courageux
aux points les plus stratégiques, les moins braves derrière. Ils sont le
gros des troupes, ceux qui crient, se battent, meurent, et couvrent le
sol de leurs cadavres. Sur ces corps anonymes passent les chars des
Grands. Plus tard, quand on le peut, on offre une sépulture à ces
pauvres restes ensanglantés...
Morts au champ d'honneur, en sont-ils, pour autant, des héros, ces
soldats inconnus? Hélas, chez Homère, c'est à celui qui ôte la vie que
revient "la gloire", et les humbles vaincus sont vite oubliés.
- Les fils de famille
bénéficient de plus de considération.
On nous les présente, avec leurs noms, leur origine, leurs
brillantes qualités, les raisons personnelles qui les ont conduits aux
bords du Scamandre.
La mort, qui, bientôt,
cruellement les fauche, nous afflige comme une injustice. Ils sont des
dizaines, des centaines peut-être, que nous voyons tomber.
Inlassablement, Homère peint la diversité de leurs affrontements,
l'horreur de leurs blessures, la violence de leurs souffrances.
Et l'absurdité de ces
destins, qui coupent court à tous les rêves, à toutes les
tendresses, fait naître le chagrin et la pitié.
Etaient-ils des héros, ces
jeunes hommes qui croyaient vaincre et se jetaient impétueusement au
combat? Risquer sa vie, n'est-ce pas cela, l'héroïsme?
- "Les Anciens"
(le terme, ici, n'indique pas
leur âge, mais leur rang) sont les rois des plus grandes cités de
Grèce et les chefs les plus sages. Ils forment ce qu'on peut appeler l'état-major
de l'armée achéenne. Il y a les deux Atrides (Agamemenon et son
frère Ménélas), Ulysse, Ajax, fils de Télamon et Ajax, fils d'Oilée,
Diomède, Idoménée, le vieux Nestor, que remplacera un jour
son fils Antiloque. Il y a aussi Achille...
Ces gens-là se distinguent
par leur situation sociale exceptionnelle. Leur ascendance compte
nombre de personnages légendaires ou de divinités. Ils
sont maîtres de l'armée qu'ils ont levée sur leur royaume. Ils mènent
un train de vie opulent, organisent des banquets somptueux, offrent
des présents magnifiques, disposent des équipements les plus
performants, tout cela, d'autant plus facilement que la plus grande
partie du butin recueilli dans les coups de mains leur revient de
droit.
Ils se distinguent aussi par
leurs qualités militaires. Leur courage, leur force, leur adresse
sont indéniables et reconnus de tous. Ils intéressent les
dieux eux-mêmes, qui, nous l'avons vu, les assistent souvent.
Leur valeur, leur excellent
armement, et la protection divine leur confèrent une invulnérabilité relative qui nous permet de les retrouver tout au
long de l'Iliade, et de les connaître quelque peu.
Ce sont
eux que le langage commun pourrait appeler les héros du récit. Souvent
nommés de cette façon par le poète, d'une façon un peu mécanique, tous
méritent réellement cette qualification, avec des nuances particulières
à chacun.
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Ménélas...
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