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- Les
Femmes (suite) -
(Page 6)
*La femme est-elle, pour autant une égale?
Certes, non! Quand un intérêt supérieur apparaît, le mépris masculin éclate spontanément. Ajax est stupéfait du "courroux sans fin et méchant" d'Achille
"pour une fille, une seule! alors qu'aujourd'hui nous t'en offrons sept, parfaites entre toutes, et bien d'autres choses en
plus"... Achille lui-même, lorsque cet attachement lui a coûté la vie de Patrocle, s'indigne de son aveuglement
"au sujet d'une fille! Ah, celle-là, pourquoi donc Artémis ne l'a-t-elle pas tuée d'une flèche sur mes nefs, le jour où je l'ai
prise?"
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Ont-elles, leur mot à dire, dans tout cela?
Hélas! les mortelles, si admirées soient-elles, n'ont qu'à suivre!
Personne, ni Homère, ni ses auditeurs, ne s'est demandé si la jeune Chryséis était contente de rentrer à la maison avec papa, ou si elle aurait souhaité continuer à mener une vie de favorite auprès du Roi des
Rois.("J'aime mieux, de beaucoup, avouait, de son côté, Agamemnon, la garder chez moi. Je la préfère à Clytemnestre même, ma légitime épouse"!).
Briséis, dont Achille a fait sa maîtresse, après avoir tué son mari au cours d'une expédition, s'est soumise à son sort et s'est attachée à la personne de son amant. Elle a dû suivre ensuite Agamemnon, puis, rendue à son premier maître, elle se lamente avec un désespoir sincère devant le corps de son ami: "O Patrocle, si cher au coeur de l'infortunée que je suis... Tu m'assurais que tu ferais de moi l'épouse légitime du divin Achille, qu'il m'emmènerait à bord de ses nefs et célébrerait mes noces au milieu de ses Myrmidons".
En tout cas, Hélène...
On pourrait penser que sa beauté la met au-dessus de toutes les règles, et qu'elle ne suit que son bon plaisir... Hé bien non!
Cette prétendue coquette apparaît dans l'Iliade sous un tout autre jour. Sa discrétion, sa douceur lui ont évité toute haine dans sa nouvelle famille comme dans la ville. On admire sa merveilleuse beauté, en regrettant qu'il soit impossible de la renvoyer dans son pays, mais sans lui faire grief des maux épouvantables qu'elle occasionne.
Elle-même n'est pas heureuse, parce qu'elle se sent coupable du malheur de tous et s'en accuse sans cesse,
"moi, la face de chienne!" répète-t-elle. Elle a honte de son nouvel époux, de son charme nonchalant, qui soulève, elle le sait, le mépris de toute sa famille et l'hostilité du peuple de Troie.
Elle prend conscience qu'il ne correspond pas à son idéal d'homme, en reconnaissant du haut du rempart la fière allure de Ménélas.
"Te voilà donc de retour du combat! Ah! que tu aurais donc mieux fait d'y périr sous les coups du puissant guerrier qui fut mon premier époux!" lance-t-elle au bellâtre qu'Aphrodite a tiré à temps du combat pour le ramener dans ses bras.
Elle se révolte contre le rôle que lui impose la déesse, pour faire durer la guerre en ravivant leur amour:
"Ah! folle, pourquoi ce besoin de me séduire? Prétends-tu donc m'emmener plus loin encore..., parce que, là aussi, tu as un favori parmi les
mortels!" Mais elle cède parce qu'elle sait bien que sa fatale beauté fait d'elle l'instrument de la déesse.
Souhaite-telle rentrer à Sparte, rester à Troie? Là n'est pas le problème.
C'est aux hommes de décider de son sort, comme de celui de toutes ses semblables...
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des déesses.
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