"II y a une vérité dont la
connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que chacun de
nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent,
les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du
monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et
qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus
particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des
parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à
laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa
naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout,
dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ;
toutefois avec mesure et discrétion(1), car on aurait tort de
s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à
ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que
tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir
perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on
ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on
croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune
vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu
; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend
plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas
d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en
présente ; voire on voudrait perdre son âme, s'il se pouvait, pour
sauver les autres.
La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il
faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension
précise du texte, du problème dont il est question.
(1) ici : discernement"
Descartes, Lettre à Elisabeth.
La connaissance de la
doctrine de l'auteur n'est pas requise.
C'est un
voeu pieux des technocrates de la philosophie qui cherchent à se rassurer:
si la connaissance de l'auteur n'était pas requise, le texte ne serait pas
de l'auteur. Tous ceux qui sont un peu familier de la pensée de Descartes
verront tout de suite que "s'il se pouvait", dans la dernière
phrase exige une connaissance de la pensée de l'auteur. J'ajoute que le
terme "doctrine" ne me plaît pas.
De même, je ne suis pas certain que l'importance du texte connaissance
soit saisie par autre chose que par une élite "coachée".
Voici quelques
conseils, et quelques indications sur le texte.
D'abord
quelques conseils:
= Choisir
l'étude de texte c'est toujours choisir un texte rédigé et cela exige de
vous d'en cerner le mouvement (le sens comme orientation et
signification).
Derrière un texte philosophique rédigé il y a un problème, une
solution et bien entendu l'enjeu.
= Il n'y a pas
de méthode pour l'étude de texte. Derrière cette formule rassurante, il y
a cependant des exigences, ce qui revient à dire que votre devoir doit
être méthodique, rigoureux. Comme on n'a pas pu s'entendre sur
une méthode, "on" (= la communauté philosophique qui est un
fantasme) a décidé qu'il n'y a pas de méthode. (autruche).
= Reste que le
correcteur attend (consciemment ou non) la preuve que le texte a été
compris dans son intégralité (inutile de sauter un passage ou une
expression que vous ne comprenez pas: cette incompréhension doit dans tous
les cas vous amener à choisir une dissertation).
Le correcteur attend la preuve que le candidat est capable d'exercer sa réflexion
philosophique pour dégager l'enjeu et l'intérêt philosophique du
texte.
Enfin, le correcteur attend que le candidat soit capable d'exercer son
esprit critique, avec prudence car il s'agit tout de même d'un
affrontement entre un candidat et Descartes qu'il n'a peut-être pas lu ...
Nous poserons une ou plusieurs questions à l'auteur: si elles sont
pertinentes, à propos d'un passage du texte bien compris, cela suffira.
= De ce qui
précède, on peut déduire, mais ce n'est ni une obligation ni une
contrainte, un plan en trois parties:
Explication / intérêts / question posée à l'auteur.
Quel que
soit votre plan, il sera accepté du moment que vous prouvez que le texte a
été compris, que son intérêt est dégagé et que, on aperçoit
clairement que le texte n'a pas été simplement "gobé".
Les indications sur la
page suivante sont ordonnées selon le plan en trois partie: Explication /
intérêts / question.