L'étude de texte au baccalauréat.
A- Stratégie d'ensemble
B- Le détail de ce qui vous est
demandé
C- Plan possible du
devoir
C- Plan possible du devoir.
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant
à son étude ordonnée. (rappel du texte)
"Dans la science, les convictions n'ont pas droit de cité, voilà ce
que l'on dit à juste titre: ce n'est que lorsqu'elles se décident à
s'abaisser modestement au niveau d'une hypothèse, à adopter le point de
vue provisoire d'un essai expérimental, que l'on peut leur accorder l'accès
et même une certaine valeur à l'intérieur du domaine de la connaissance
- avec cette restriction toutefois, de rester sous la surveillance policière
de la méfiance. Mais si l'on y regarde de plus près, cela ne
signifie-t-il pas que la conviction n'est admissible dans la science que
lorsqu'elle cesse d'être conviction? La discipline de l'esprit
scientifique ne débuterait-elle pas par le fait de s'interdire dorénavant
toutes convictions?... Il en est probablement ainsi reste à savoir s'il
ne faudrait pas, pour que pareille discipline pût s'instaurer, qu'il y eût
déjà conviction, conviction si impérative et inconditionnelle qu'elle
sacrifiât pour son compte toutes autres convictions. On le voit, la
science elle aussi se fonde sur une croyance, il n'est point de science
"sans présupposition ". La question de savoir si la vérité
est nécessaire ne doit pas seulement au préalable avoir trouvé sa réponse
affirmative, cette réponse doit encore l'affirmer de telle sorte qu'elle
exprime le principe, la croyance, la conviction que " rien n'est
aussi nécessaire que la vérité et que par rapport à elle tout le reste
n'est que d'importance secondaire."
NIETZSCHE |
-Une introduction cousue d'un seul fil (sans aller à la
ligne) avec:
Notions du programme concernées, = La
science, la vérité.
la question, = qu'est-ce qui fonde la science?
le problème, = Le fondement de la science est-il fondé? Le postulat
d'objectivité est-il lui même objectif? Qu'est-ce qui fonde le fondement de la
science. Ce qui fonde la science est-ce la recherche de l'être (la connaissance
de ce qui est) ou la recherche de la réalisation d'une valeur morale (ce qui
doit être?). La science recherche-t-elle le savoir ou le pouvoir?
l'enjeu, = La science qui
se présente comme un savoir objectif n'est peut-être qu'une stratégie de la
volonté, une stratégie de pouvoir. Ce qui est risqué dans ce texte: le principe d'objectivité qui est l'orgueil de la science.
-Le développement comprend trois parties:
I-
Première partie = étude ordonnée:
-Le plan, -Le mouvement:
Nietzsche part d'une opinion et il ne la met pas en doute dans le
premier moment, il semble même l'accepter pour montrer que dans la science
l'hypothèse, la croyance est étroitement surveillée. Dans une deuxième
partie ("Mais si l'on y regarde de plus près"...), il montre que
l'hypothèse est acceptée à condition qu'elle cesse d'être une croyance. Il
aboutit ainsi à la définition du principe d'objectivité comme ce qui exclut
la croyance. Dans la troisième partie ("Reste à savoir " ...), il
fait apparaître la condition fondamentale de la science: un refus des
convictions. C'est dire que la connaissance scientifique est artificielle,
seconde par rapport à une conviction, une croyance qui la fonde: la croyance en
la valeur de la vérité exige le sacrifice de toutes les autres convictions. Enfin Nietzsche formule
cette conviction fondatrice de la science, la croyance que "Rien n'est
aussi nécessaire que la vérité".
-L'analyse
explicative: L'analyse repère l'idée générale, les idées
secondaires et les rapports entre les idées. Par exemple:
Idée générale |
La science veut imposer
une valeur: la vérité exige le sacrifice de toutes les autres valeurs:
la volonté de connaître n'est que le masque de la conscience morale.
|
- |
Idée secondaire 1- |
Selon l'opinion il n'y a
pas de croyance dans la science: l'hypothèse n'est qu'une croyance
provisoire: elle n'est acceptée que parce qu'elle doit se transformer
en loi vérifiée.
|
- |
Idée secondaire 2- |
La science exerce une
discipline: elle interdit et elle surveille.
|
Découle de l'idée secondaire
1 et appuie l'idée générale
|
Idée secondaire 3- |
La science a pour
origine une croyance: elle exclut l'opinion et pourtant elle est fondée
elle même sur la croyance qu'il n'y a rien de plus nécessaire que la
vérité.
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Établit l'idée générale: il
y a une volonté morale qui veut exclure, faire disparaître tout ce qui
n'est pas elle: tyranniser la vie, la sensibilité.
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- Règle d'or: rédiger
l'analyse en insistant sur les rapports logiques entre les idées.
II-
Deuxième partie = intérêt philosophique
(ce que le texte apporte à la
recherche de la vérité et de la justice):
quelques conseils:
L'intérêt philosophique c'est l'utilité du
texte: à quoi il sert pour l'acte de philosopher: la philosophie n'est pas une
science mais un acte qui distingue l'opinion de la science: cette distinction
fait apparaître l'insuffisance de l'opinion. Si j'en reste à l'opinion je ne
sais rien. Grâce à la distinction de l'opinion et de la science je découvre
mon ignorance. Connaissant mon ignorance j'éprouve un manque, un désir de
vérité et de justice. Ce que je ne sais pas, je ne peux l'atteindre que par
une recherche, un enquête. Tout ce qui peut faire avancer cette recherche a
un intérêt philosophique, théorique (que puis-je savoir?) ou pratique (que
dois-je faire?)
Tout ce qui concerne la recherche de la vérité et de la justice constitue
l'intérêt philosophique du texte et particulièrement la position d'un
problème, la résolution du problème et l'idée générale du texte comme
solution.
-Par exemple pour le texte de
Nietzsche
L'intérêt
philosophique de ce texte tient donc au problème fondamental posé par la
vérité dans les sciences. L'exclusion de toute conviction dans le
principe d'objectivité se fonde sur une croyance non démontrée en la
nécessité de la vérité: la question de la vérité
n'est donc pas, contrairement à ce qu'affirme Platon, issue d'un désir,
d'un manque éprouvé mais d'une volonté de puissance, d'un instinct qui
cherche à s'affirmer de manière "impérialiste" et qui est
premier par rapport à la science. ...
|
III.
Troisième partie = question posée à l'auteur:
quelques conseils:
Critiquer c'est poser des
limites, séparer le
vrai du faux:
limiter c'est faire apparaître quel est le domaine de compétence de l'idée
générale.
Éviter une réfutation de l'auteur. Poser une ou plusieurs questions à
l'auteur. Pour trouver une limite et donc une objection/question, reprendre
l'idée générale et demander: est-ce vrai dans tous les cas? Si vous trouvez
une exception, transformez cette exception en question posée à l'auteur.
-Par exemple pour le texte de
Nietzsche:
Cette critique de
l'objectivité comme ce qui masque une volonté de puissance est-elle valable
pour toute forme d'objectivité? Le fait que notre époque ne parle plus
de principe d'objectivité mais de postulat d'objectivité ne permet-il
pas d'échapper à la critique de Nietzsche? Est-il vrai que derrière
toute science il y a la volonté de nier la vie, de poser par la pensée
un modèle de la vie alors que c'est la vie qui pose la pensée? N'est-ce
pas une caricature de Socrate que vise Nietzsche? Socrate pour qui Eros
est philosophe, Platon pour qui la dialectique ne s'embarrasse jamais de
méthode mais se laisse guider par la forme de ce qu'elle cherche. Si la
science, comme la philosophie, par l'usage de la raison, nous détourne de
la crédulité des opinions ce n'est pas pour exclure toute forme de
croyance, c'est pour nous engager à toujours rectifier les erreurs, à
dépasser la croyance grâce à ce que Bachelard appelle "les ouvriers de
la preuve". La science contemporaine n'a t-elle pas dépassé
l'impérialisme de la vérité, la naïveté du mécanisme, puisqu'elle
est profondément humble: loin d'exclure la croyance, l'erreur elle
s'appuie sur elle pour avancer. Cette possibilité de se réformer sans
cesse, de transformer les erreurs en tremplin a-t-elle encore un rapport
avec l'hypocrisie dénoncée par Nietzsche au XIX ème siècle? Jean
Rostand déclarait "se lever chaque matin pour assurer ses ignorances".
Cette humilité peut-elle être confondue avec une volonté de puissance?
....
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-La conclusion
peut comprend trois phrases:
la réponse à la
question par la solution du problème.
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L'intérêt
philosophique de ce texte est de relier la question de la vérité non pas
au problème de l'être mais à celui de la valeur: il s'agit moins de
savoir que de vouloir et de pouvoir.
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+ Conséquence d'un tel texte
(c'est l'enjeu).
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On ne peut plus parler
du principe d'objectivité: on parlera désormais du postulat
d'objectivité fruit d'un choix éthique conscient.
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+ Élargissement vers un autre auteur ou une autre
époque chaque fois que cela est possible.
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A partir d'un tel texte,
on comprend qu'un scientifique contemporain, Jacques Monod, dans son
livre "Le hasard et la nécessité", reconnaisse explicitement
que le principe d'objectivité se réfère à un choix éthique qui le
fonde: "Dans l'éthique de la connaissance c'est le choix éthique
d'une valeur primitive qui fonde la connaissance" (p.191)
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L'étude de texte est donc un exercice qui exige beaucoup
d'attention, de rigueur, une fidélité extrême au texte, la capacité
de retrouver ce qui n'est pas formulé explicitement et ... le souvenir
précis de tous les concepts définis pendant les cours. (tout au long
de l'année apprenez les définitions, marquez-les sur vos notes avec un
fluo). Pour choisir l'étude de texte, vous devez être capable
d'expliquer, de déplier les principaux concepts ou expressions du
texte. Si certains vous échappent ne prenez pas le texte. Soyez très
prudents: un contresens sur l'idée générale du texte va "couler"
l'ensemble de votre devoir.
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