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Montpellier - Pavillon du Musée
Fabre:
Sébastien Bourdon
1616 – 1671
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-Sébastien Bourdon, sa vie son
oeuvre -
Présentation - pages: 1 - 2
- 3
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Né à Montpellier en 1616,
formé à Rome et à Paris, peintre de cour de la reine Christine de
Suède, Sébastien Bourdon compte parmi les personnalités les plus
brillantes du XVIIe siècle français, pourtant il demeurait l’un des
seuls à n’avoir pas encore bénéficié d’une rétrospective d’envergure
nationale. Pour la première fois, une sélection rigoureuse d’œuvres
disséminées à travers le monde est réunie afin de témoigner du
génie de l’artiste, de son plaisir de peindre et du rôle de premier
plan qu’il tient aux côtés de Poussin, Le Sueur, La Hyre ou Le Brun.
La diversité d’inspiration de Bourdon révèle une exceptionnelle
sensibilité, capable de s’attacher à des pensées diverses, sinon
contradictoires, et d’en dégager la richesse intrinsèque. Sa science
des volumes donne à ses compositions solidité et équilibre, alors que
le dosage des couleurs fondamentales confère à ses œuvres un éclat
incomparable.
Il excelle dans tous les genres : bambochades et paysages
appréciés de tout temps ; grands tableaux d’autel, baroques et
sensuels ; tableaux d’Histoire où il se montre de plus en plus
sensible au classicisme noble et méditatif de Poussin ; portraits
élégants et raffinés à la manière de Van Dyck…
Environ soixante-quinze tableaux, sont présentés chronologiquement,
cinquante dessins et gravures, couvrent l’ensemble de la carrière
de Bourdon et permettent de découvrir tous les aspects de son art, d’apprécier
son classicisme élégant ainsi que l’extraordinaire richesse de sa
palette colorée.
-Sébastien Bourdon, Un
tempérament hors du commun -
(extraits de
l’introduction de Jacques Thuillier pour le catalogue de l’exposition)
Un petit homme du midi, sec, noir de poil, le nez busqué, le teint
hâve, un regard de feu. Des manières courtoises sous lesquelles se
devine l'humeur emportée, de la familiarité avec les élèves, de
l'aménité avec les collègues. Un air de gaieté qui dissimule un fonds
d'inquiétude. Beaucoup de probité et des principes moraux qui doivent
procéder d'une enfance protestante, en un temps où les réformés du
midi défendaient leur parti jusque sous les canons du roi de
France ; ce peintre "fuit les débauches" et ne déteste
pas sermonner. Au demeurant, des amis fidèles et nombreux, deux mariages
heureux l'un et l'autre, semble-t-il, seize enfants, dont la plupart
moururent jeunes, une vive inclination pour la musique, et un entrain
merveilleux dans tout ce qu’il fait. Voilà Bourdon. On devine, à
regarder les quelques profils qu'il nous a laissés de lui-même, à
consulter le témoignage des contemporains, un tempérament :
mais dans un temps et un milieu qui reconnaissent l'effort majeur de la
volonté, non pas à l'extraordinaire de la conduite, mais à la parfaite
maîtrise des passions.
Il faut bien concevoir ce point. Le temps du Caravage et de ses
suiveurs, le temps des peintres qui l'épée au côté vont de rixe en
aventure, ce temps merveilleux paraît vers 1645 aussi révolu, démodé,
que peut le sembler de nos jours la "vie inimitable" du
Montparnasse de l'Entre-deux guerres, ou bien, sur un autre plan, la vie
mondaine au temps de Proust. Bourdon adolescent a goûté, et plus qu'un
autre, à la bohème : mais il l'a rejetée. Il a connu la vie
errante au hasard des commandes de province, l'enrôlement dans un
régiment et la débauche des camps : il s'en est libéré pour
devenir "Monsieur Bourdon". Et siéger à l'Académie du Roi
entre "Monsieur Champaigne" et "Monsieur Le Brun", qui
pas plus que lui n'étaient de faibles caractères et de médiocres
génies.
Nul n'est plus vif de tempérament, et la première réaction est
toujours brusque : mais dominée aussitôt. À regarder de près, la
vie de cet homme pondéré, prisé de ses collègues pour ses façons
conciliantes, est semée d'éclatantes querelles. Voilà qui avertit sur
le caractère du peintre. Et sur la peinture. Ce protestant est sans
doute, de tout le siècle, avec Blanchard et Cortone, celui qui sut
proposer de la femme l’image la plus suave. Mais une fois quittée la
" bamboche " et ses exigences réalistes, il n'a
jamais permis à son pinceau d'être tant soit peu déshonnête. Toujours,
au départ, une fougue romantique : promptement bridée, mais non
brisée. Par quelle singulière coïncidence le motif qui revient le
plus souvent dans les tableaux de Bourdon est-il celui du groupe de
l'Esquilin, cet athlète retenant un cheval cabré, qui passait pour
représenter Alexandre domptant l'ardent Bucéphale ?
Plus on fréquente l'œuvre de Bourdon, allant des dessins aux
esquisses, des esquisses aux tableaux, plus ce trait frappe, et semble
éclairer la carrière et l'art. On est frappé par la richesses des dons,
une culture vaste, et une élévation spirituelle qui éclate dans les
grandes compositions et transparaît jusque dans les sujets de bamboche.
Quant à la précocité, elle tient du prodige comparable à celle du
Bernin.
Ces dons n'échappèrent pas aux contemporains, le peintre lui-même ne
les ignorait pas et savait, sans orgueil ni fausse modestie, en rendre
grâce à la Providence. Pourtant les circonstances ne devaient jamais
être entièrement à la dimension du talent. Et la qualité de l'œuvre
ne méritait pas le traitement cruel qu'allait lui infliger la
postérité.
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