Pour
démarrer le sujet, vous pouvez remarquer que, dans ce qui paraît
actuellement, certains professeurs de Lettres (ce n'est pas le fait de
professeurs de philosophie), vont jusqu'à parler d'une démesure de
Socrate. Socrate "s'acharnerait" à convaincre, prônerait
la tyrannie de la vertu et renverrait dos à dos le sophiste et
l'homme politique. Il voudrait "imposer" sa conception de la
vérité. L'auteur en est vite réduit à multiplier les précautions:
"Socrate peut apparaître"; Socrate ne
"s'acharne-t-il" pas;" Platon suggère"; et
l'auteur, inanimé, de terminer par un lapidaire "qu'est-ce que
la vérité?".
Ce n'est pas avec des questions, un feu d'artifice de suggestions qui
offusque le raisonnement vigilant que l'on peut mener une enquête sur
votre sujet: est-il possible de philosopher sans mesure?
D'où le
problème: comment la démesure peut-elle s'introduire au coeur de
l'acte de philosopher alors que l'acte de philosopher a pour projet de
s'orienter vers le bien qui est mesure?
Si
l'acte de philosopher est ce qui permet de détruire les opinions qui
prolifèrent en son absence, peut-on appeler démesure la doctrine
d'Epicure: il faut philosopher à tous les âges si l'on veut être
heureux?
Voir Epicure, Lettre à Ménécée: http://www.philagora.net/philo-bac/bonhepic.htm
et http://www.philagora.net/philo-bac/bonhep2.htm
=>Peut-on
appeler démesure les efforts de maïeutique que fait Socrate pour
dialoguer avec Calliclès. Dans l'oeuvre de Platon, et en particulier
dans La République , lorsque la maïeutique échoue,
Socrate continue avec d'autres qui l'acceptent ou tout seul comme dans
le Gorgias, mais l'échec ne vient jamais de lui. Dans les Lois,
nous comprendrons que, lorsque la maïeutique échoue, il n'y a plus
que la contrainte, la réglementation.
Si
l'acte de philosopher comme réflexion est retour sur un vécu,
ne pourrait-on pas dire que philosopher sans mesure, ce serait
philosopher sur rien, avant d'avoir vécu? Autrement dit, la démesure
viendrait de ce qu'on n'aurait pas ajusté la réflexion à un vécu
en donnant la priorité à la pensée sur le vécu alors que la
réflexion exigerait de d'abord vivre, ensuite de philosopher. Ainsi
Hegel affirme "L'oiseau de minerve prend son vol à la tombée
de la nuit."
Comment pourrait-on ajuster une réflexion sur ce qui n'a pas encore
été! Suivre ce lien: D'abord vivre, ensuite philosopher... http://www.philagora.net/dissert2/vivre.htm
Si
la mesure consiste à s'entendre sur un étalon, mesurer toutes les
choses par le Bien ou la divinité, par une ouverture au transcendant,
n'est-ce pas engager la philosophie et singulièrement la dialectique
dans un mouvement infini ou tout au moins indéfini? La dialectique ne
saurait s'arrêter. La démesure consisterait alors dans un
cadre humain à inscrire une montée vers l'inhumain?
Bien
entendu, il est possible de surmonter toutes ces suggestions pour
montrer pourquoi il est impossible de philosopher sans mesure. Mais
cela est du ressort de votre choix: il s'agit de penser par soi même
avec les autres pour les entraîner: penser du point de vue de
l'objectivité, de ce qui peut être partagé parce que fondé en
raison.
Bien entendu,
on ne peut que souscrire cette affirmation: "Qui imagine
détenir la démesure est le plus immodéré qui soit" (Trotot,
Mesure et démesure, Ellipses, page 157): c'est enfoncer une porte
ouverte, c'est valable pour les trois oeuvres du programme; mais cela
se retrouve pleinement affirmé par Socrate: "Je sais que je
ne sais rien", ce qui est me semble-t-il la pleine expression
d'une juste mesure de soi, par soi, sur soi. Avant de parler et
d'écrire , il faut chercher ce qu'on ne sait pas.
Y a-t-il un
temps pour philosopher ? http://www.philagora.net/dissert2/tpsphilo.htm
Bon courage
pour ce très beau sujet.
=>Vers
Mesure-demesure
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Joseph
LLapasset ©
Vers
quelques aides sous forme d'esquisses pour les prépas
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