Bergson et l'héroïsme. Fait et Métaphysique.
(p.2)
Si on reproche à la philosophie du
XXème siècle d'ignorer l'héroïsme, ce grief ne peut s'adresser à
Bergson: pour cet auteur, en chaque homme il y a la vie, une puissance
d'héroïsme qui sommeille et que la loi, oeuvre de la raison, ne peut
éveiller:
que le sentiment comme émotion rayonne d'un individu voilà
que l'héroïsme se réveille en chacun à la vue du héros, qu'un
mouvement créateur anime et qui incarne une moralité absolue car le
mouvement se suffit à lui même.
Ce qui suit est aussi bien un parcours initiatique, une grille lecture
ou le plan d'un cours que le lecteur peut remplir par son activité: pour
une approche de la pensée bergsonienne sur l'héroïsme.
On aura soin de replacer les citations dans leur contexte par une
lecture attentive qui doit accompagner l'effort de penser par soi même,
d'autant plus que Bergson, maîtrisant parfaitement sa langue,
trouve toujours le terme juste qui peut donc guider la compréhension
car il incarne la pensée.
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I. L'héroïsme est un fait.
Le fondement de la démarche bergsonienne s'inspire de la
philosophie anglaise.
La philosophie est expérimentale ou
n'est pas.
La critique du mécanisme réductionniste
(matérialisme) ne peut dons que s'appuyer sur des faits, se placer du point de
vue des faits et de l'histoire.
La société humaine est oeuvre de liberté parce qu'elle comprend des
unités intelligentes et libres qui réagissent sur la société et l'entraînent:
c'est un fait que le triomphe de la raison (liberté, égalité) n'est pas le
résultat d'un rythme, d'une action régulière et mécanique de forces mais
d'éruptions qui manifestent la liberté d'individus à la volonté puissante,
d'homme de génie dont l'héroïsme réveille l'héroïsme des contemporains.
Autant dire que pour Bergson cela n'a pas de sens de faire jaillir la liberté
du déterminisme mais que la liberté peut seule assurer le triomphe de la
liberté.
"Le développement des sociétés
ressemble assez bien au développement de l'organisme, mais il faut bien
tenir compte des crises intelligentes, contingentes, de la société, de
l'influence des grands hommes." (Bergson, Cours de philosophie
morale et politique à Henry IV, Qu'est-ce qu'une société, page
2.)
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II. Héroïsme et société.
L'héroïsme est un fait qui permet de distinguer
société animale et société humaine.
L'héroïsme est critère de distinction qui
ouvre à une vérité métaphysique.
Bergson: L'énergie spirituelle (p.26-27).
"La société, qui est la mise en commun des énergies
individuelles bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur
effort plus facile. Elle ne peut subsister
que si elle se subordonne l'individu elle ne peut progresser
que si elle le laisse faire...
Chez
l'insecte, la première condition est seule remplie.
Les sociétés de fourmis et d'abeilles sont admirablement
disciplinées et unies mais figées dans une immuable routine.
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Seules
les sociétés humaines tiennent fixées devant leurs yeux les
deux buts à atteindre... La vie travaille à individuer et à
intégrer pour
obtenir la quantité la plus grande, la variété la plus riche,
les qualités les plus hautes d'invention et d'effort."
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III. Héroïsme et métaphysique.
L'héroïsme est révélateur de vérité
métaphysique.
Bergson: L'énergie spirituelle (p.25).
"Le feu qui est au centre de la terre n'apparaît qu'au sommet des
volcans."
"Les grands hommes de bien, et plus particulièrement ceux dont
l'héroïsme inventif et simple a frayé à la vertu des voies
nouvelles sont révélateurs de vérité métaphysique. Ils ont beau
être au point culminant de l'évolution, ils sont le plus près des
origines et rendent sensible à nos yeux l'impulsion qui vient du
fond."
Bergson prolonge la conclusion du chapitre
III.
de l'évolution créatrice: il y a le mouvement de la vie, qui fait la parenté
du centre et du sommet, de l'élan vital et du héros, de sorte que l'héroïsme
manifeste et incarne un mouvement généreux parce qu'il se suffit à lui même et
qu'il trouve sa liberté dans l'acceptation de ses racines.
Le héros par le don de soi, par le don de sa vie se soumet généreusement à
des fins qui le dépassent dans une "éruption", dans une création
qui bouscule les conformismes en fonction d'un élan créateur premier.
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