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HUGO , Quatrevingt-treize.-
La paix
par la conscience
(Éditions Folio classique
n°3513). Toutes nos références
renvoient à cette édition d'Yves Gohin
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La paix par la conscience, "ce
fil que j'ai dans le cœur et qui me tient attaché, ce quelqu'un
qui me parle bas quand je suis seul." Hugo Les Misérables.
Gauvain pensif: la raison ne quitte jamais la rêverie = le songe.
Ce que la raison distingue et oppose ou juxtapose, l'intuition le
dépasse, le rassemble pour le recueillir sous le regard de Dieu et
la lumière de la vérité: c'est la paix par la conscience.
L'intuition est aussi réflexion.
Il songeait |
S'exerce dans la durée, (rôle de l'imparfait.)
(p. 426) |
Rêverie |
"Sa rêverie était insondable". (p.
427) Par la rêverie, il s'étend vers l'immensité de
l'absolu. Par rapport à cette immensité tout s'équivaut, le
sage comme le fou. |
Une balance intérieure |
"La justice qui est immuable, nous somme
de répondre" (p. 427)... Lequel de ces deux gouffres
était le devoir." (p. 441).
Sous le regard inquisiteur de la conscience, instinct divin. |
Réflexion |
"Plus il réfléchissait à ce qu'il venait
de voir, plus il était bouleversé." (p. 428) |
Sentiment et pouvoir de synthèse |
"Au-dessus du sombre duel entre le faux et
le relatif, dans les profondeurs, la face de la vérité avait
tout à coup apparu." (p. 429).
Intuition de la vérité comme révélation de la force des
faibles enfants. |
Humanité au cœur des extrêmes |
"Ce combat avait eu pour arène une
conscience ... maintenant il recommençait dans une autre
conscience." (p. 431)
En Lantenac comme en Gauvain |
Méditation |
Gauvain méditait (p.431) |
Pouvoir de comparaison |
.......A chercher. |
Fidélité et sincérité |
"Mais cette mort ne l'avait-il pas promise?
Lui, Gauvain, l'homme clément, n'avait-il pas déclaré que
Lantenac faisait exception à la clémence ..." (p. 433) |
Devoir comme forme sans contenu |
"Quelle force pourtant dans la raison
sévère!" (p. 441)
Sens du devoir, de son universalité. |
La solution du problème de la guerre
ne peut venir d'un combat entre le faux et le relatif car, quelle que
soit l'issue du combat le vainqueur ne peut qu'engendrer une autre
guerre: que ce soit le faux ou le relatif, aucun n'a le pouvoir
d'assurer la justice, la liberté et l'égalité sans lesquelles il
ne peut y avoir de fraternité et donc de paix perpétuelle. La paix
jaillira d'une conversion: c'est l'aveugle qui retrouve la vue,
"Un changement à vue inouï." (p. 427) parce que, envoyé
par Dieu, par une expérience qui réconcilie le sensible et
l'intelligible: les combattants voient effectivement l'innocence des
enfants qui comme une aurore enlève toute valeur au mal. En celui
qui perpétue les erreurs du passé (Lantenac) et celui qui confond
la relativité de son droit révolutionnaire avec l'absolu du droit
(Gauvain), il y a une opposition irréductible. Une apparition
renvoie, pour ainsi dire, le faux et le relatif dos à dos: la force
des faibles, l'innocence se révèle à la conscience comme ce qui
exige l'accomplissement d'un devoir absolu, catégorique avec lequel
on ne discute pas : sous le regard de Dieu, la sagesse des hommes
devient folie, la faiblesse de l'innocence devient ce qui révèle
la face de la vérité. ("Tout ce qui est abaissé sera relevé
... L'Archi-gnose est la gnose des simples" Michel Henry, Incarnation.
Dernière phrase)
La conscience psychologique est
aussi conscience morale: témoin et juge. C'est le même qui
sait interroger et qui sait répondre: la conscience est à la fois
un champ de bataille, une arène pour un combat et le juge suprême
et absolu de ce combat: activité de part en part, la conscience est
une tâche à accomplir : en choisissant on se choisit et c'est
l'humanité qui apparaît. Quel paradoxe ! En perdant Lantenac a
gagné: en s'inclinant devant la faiblesse, en la sauvant du feu, en
s'humiliant dans l'obéissance à son devoir, il s'est élevé à la
parfaite maîtrise de soi, à la liberté comme si, avec Dieu
c'était toujours à qui perd son orgueil, gagne la paix. L'âme
qui se constitue perdante gagne affirme en ce sens Jean de la Croix.
Là est la source de la paix dans la gnose des simples, dans la
pitié qui préfère l'humilité: l'humilité c'est la vérité et
la vérité c'est la paix.
Parce que, un feu qui s'allume ne
peut pas ne pas éclairer, réchauffer, Gauvain va être
transfiguré par le témoignage de Lantenac (p. 434 - 440) et c'est
ainsi que la propagation de la paix est assurée ( pour Victor
Hugo). La paix de l'humanité s'enracine dans la paix de
l'âme qui s'élève au dessus de la mêlée, pour rejoindre les
autres âmes dans la vérité: l'essence de la vérité c'est la
liberté qui est confiée à l'humanité.
La paix est donc contemporaine de l'avènement d'une humanité (qui
se retrouve dans et par la conscience),
qui répond à sa vocation de commencement, d'innocence du matin
neuf et rend donc hommage au dénuement de l'enfance, figure de tous
les commencements. C'est une humanité comme ensemble des
consciences qui se reconnaissent dans une filiation, comme filles de
la vérité. Vérité de l'intelligence qui rend hommage à la
création et de l'intuition qui découvre le sens de la
création comme une invitation à collaborer à l'avènement
de la liberté et de l'égalité.
Noter l'angoisse qui accompagne la
liberté: l'angoisse est le fruit d'une réflexion sur la
liberté (p. 441).
Ne quittons pas ce texte sans avoir essayé de cerner ce que
l'intuition réflexive fait apparaître d'inouï à Gauvain:
-Un absolu supérieur vient de se révéler: "Au-dessus de
l'absolu révolutionnaire, il y a l'absolu humain." (p.428)
Aucun lendemain qui chante ne peut justifier qu'on porte
atteinte à l'enfance dans l'homme, c'est à dire à
l'innocence qui est liberté. Condamnation morale de la terreur, de
toute terreur!
-La force de la faiblesse est tout à coup apparue . Elle réalise
la paix! "L'innocence avait vaincu." (p.430)
"Lantenac venait d'illuminer de la clarté d'une action divine
le précipice des guerres." (p. 439)
"Une métamorphose avait eu lieu." (p. 434)
"Le porte-glaive s'était métamorphosé en
porte-lumière." (p.434)
-Gauvain reste cependant seul devant sa liberté de choisir: la
patrie, la famille, l'humanité. Sauver ou perdre le marquis
Lantenac. ("Lequel de ces deux gouffres étaient son
devoir" p. 441).
Une clé:
==>La Fin de Satan: "L'infernal Satan était redevenu le
Lucifer céleste." (p 440)
Joseph Llapasset -
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