Elvire, femme exceptionnelle, s'oppose à Dom Juan,  comme la démesure dans la mesure s'oppose à la démesure dans  l'ennui.

"Sur de tels sujets, un noble coeur, au premier mot, doit prendre son parti. N'attends pas que j'éclate ici en reproches et en injures ..." (page 64)

D'une foule de femmes anonymes, ayant comme commun dénominateur la même valeur, ce qui revient à leur dénier toute valeur propre puisque leur équivalence les fait remplaçables dans une chasse indéfinie, Une femme émerge: Elvire. Fière , noble, capable d'un amour purifié du désir comme de la passion, telle se présente Elvire.
 

Elvire, anima expulsé hors de Dom Juan.

"Éloigné de moi, vous souffrez ce que souffre un corps qui est séparé de son âme ..." (page 62)

C'est que Elvire représente la projection de ce qu'il y a de meilleur en Dom Juan, son âme immortelle, sa conscience qui le conseille et l'accompagne pour peu qu'il se regarde, comme un double dans un miroir. En ce sens, elle est bien l'épouse, la moitié, la part de lumière de Dom Juan.
Peut-on dire la part de mesure qu'il refuse si la mesure proposée par Elvire est  elle-même démesure de l'absolu mystique? (page 61).
 

Elvire, la rencontre qui fait peur.

"Madame, voilà Sganarelle qui sait pourquoi je suis parti."

Ce Moi perdu, jadis tant aimé par le narcisse qu'on était, devient alors celui qu'on ne saurait affronter, le persécuteur, celui qu'on évite et Dom Juan confie à Sganarelle le soin de rencontrer Elvire: Sganarelle, son double rassurant dont les critiques sont mesurées par une démesure toujours sous-jacente et peut-être l'incrédulité de la foi du charbonnier: la démesure du doute qui ronge tout est peut être la face cachée de la naïve sagesse d'un Sganarelle. Sganarelle a donc le droit de tout dire à son maître comme les"fous" au moyen age.
Serait-ce que Dom Juan considère Elvire comme celle qui le persécute qui veut l'empêcher de fuir cet ennui qui le taraude?