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Toute mesure est-elle relative?
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a)
Mesure, au sens quantitatif est toujours relatif puisque son
point de départ est arbitraire (relire le texte de O'Neil).
En physique quantique la mesure perturbe l'état des choses à
mesurer (sujet:
peut-on tout mesurer ?).
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B)
Sur
le plan moral on voudrait nous faire croire que toute mesure est
relative à l'homme à ses choix et donc à tel ou tel état de
la société de telle ou telle époque. Cela facilite beaucoup
le travail de nos écrivains qui mettent dans le même sac
Platon, Rabelais et Molière en oubliant l'avertissement de
Nietzsche: Celui qui veut s' entremettre entre deux auteurs a
mauvaise vue. Il est navrant de réduire nos trois auteurs
du programme à ce commun dénominateur: toute
mesure est démesure si on change de point de vue. Cela nous
incite à faire des distinctions:
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Il est vrai que nous avons une "mesure caricature"
articulée et fondée sur le conformisme d'une société close où
effectivement l'homme est mesure des choses, etàù l'homme
devient, fluctue comme l'opinion. Dans une telle société, dans
toute société close, règne l'hypocrisie sociale, la feinte, le
masque derrière lequel se cache la générosité restreinte: c'est Polos
qui représente cette tartuferie combattue par Socrate, qui permet
à Socrate d'ailleurs de le mettre en contradiction par cette ombre
de morale qu'est le conformisme social. Et certes, toute mesure
relative à une société close, à une société contraignante, ne
vaut pas plus qu'une autre mesure, pour peu que l'étalon choisi
arbitrairement soit autre. Mais cette mesure n'est qu'une caricature
de la mesure quantitative, un reflet, une ombre inconsistante. Elle
n'a rien à voir avec la morale.
- D'autre part il faut considérer la mesure articulée sur le
transcendant, sur l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi, ce
qui est la mesure de toute chose pourra lire le lecteur attentif des
Lois (Platon).
"L'Athénien s'exclame (Pléiade, tomme II, page 763):
"C'est donc Dieu qui serait au plus haut degré pour nous la
mesure de toutes choses; et non point, comme certains l'affirment
tel ou tel homme."
Une telle mesure, fondement de la mesure morale, n'a rien de
relatif, n'a rien d'arbitraire, n'est pas lié au conformisme d'une
société close mais à l'orientation de sujets qui s'ouvrent au
Bien et au trois éclats du Bien, le Vrai, le Juste, le Beau.
Personne,
alors, ne s'imaginera détenir la mesure puisque le mouvement vers
la valeur de saurait jamais l'atteindre pleinement et puisque c'est
la valeur qui est mesure: étalon absolu qui a sa raison d'être en
soi. |