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Rubrique Philo-bac de Philagora: http://www.philagora.net/philo-bac/index.htm 

anthro1.gif (2902 octets)
ANTHROPOLOGIE 

  p.9 

 

3 - Science et liberté

Vers: 1 La liberté du sujet pensant 
Vers: 2 Imagination et raison

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La démarche scientifique nous fait donc saisir les différentes étapes au cours desquelles se manifeste la liberté de notre esprit:
-Nous projeter hors de nous-mêmes
-Nous affranchir du donné, mais cette distance une fois prise nous offre une possibilité d'une reprise de soi.
Reste maintenant une étape essentielle la découverte d'un ordre dans la nature, d'une liaison des vérités (Pascal), des lois c'est à dire d'un déterminisme.
-L'esprit manifestera alors sa liberté par un consentement à cet ordre, par une acceptation, c'était le point de vue des stoïciens; Mais le
rationalisme moderne adopte un point de vue plus combatif: la liberté sera comprise en "transformant les obstacles (= la nécessité) en moyens".

Comment procède-t-il face à cet univers qui lui résiste mais qu'il veut soumettre?
Penser librement c'est penser d'après ses propres lumières, d'après sa propre raison, sans subir de contraintes extérieures. Ainsi lorsque notre esprit par son travail rigoureux découvre les lois de la nature et les reconnaît comme vraies, il adhère librement à la vérité puisqu'il y est parvenu grâce à ses propres règles. Son acte est libre, il n'est dû à aucune raison étrangère mais à la sienne propre: il n'est soumis à aucune contrainte extérieure: et le déterminisme qu'il découvre loin de l'asservir comme le ferait le fatalisme va au contraire le libérer.

-Le fatalisme prétend qu'un événement que l'on redoute est inévitable quoi qu'il arrive auparavant; quoi qu'on fasse pour l'éviter cet événement se produira quand même. (Cf. Oedipe).
-Au contraire le déterminisme affirme seulement que les événements sont liés entre eux par des lois nécessaire. Ainsi on sait que l'échauffement produit la dilatation du métal,
mais si l'on ne veut pas que le métal se dilate, on ne le chauffera pas. Ainsi pour se libérer l'homme n'a pas besoin que les lois de la nature cessent de s'exercer comme dans les contes de fées, mais au contraire il apprendra à les connaître pour pouvoir les utiliser habilement et les transformer en instrument de sa libération. Ce qui lui faisait obstacle deviendra, par des techniques efficaces, des moyens pour se libérer des contraintes naturelles. Alain prend l'exemple du bateau à voiles qui, par une habile manœuvre avance par vent contraire, en louvoyant: le marin a utilisé intelligemment les lois naturelles qui lui étaient contraires: la raison agit par détours, par le détours des lois naturelles.

   Ainsi lorsque Spinoza disait que la liberté consistait dans la prise de conscience de la nécessité il nous montrait la première condition de notre libération; Engels écrivait "La nécessité n'est aveugle qu'autant qu'elle n'est pas comprise". La science en nous permettant de comprendre les lois qui régissent l'univers va transformer "l'esclave de l'univers" qu'était l'homme en maître de cet univers.
Car la liberté ne consiste pas dans le rêve d'une action indépendante des lois de la nature mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité que l'homme se donne de les faire agir systématiquement en vue de fins déterminées.

   Descartes en 1637, dans le Discours de la Méthode (6ème partie) disait de la science et de la technique qu'elles nous rendraient "maîtres et possesseurs du monde" et, avant lui, Francis Bacon (1561-1626) pensait que nous pourrions "commander à la nature en lui obéissant".

   La liberté suppose donc, outre la prise de conscience de l'obstacle une organisation rationnelle pour le contourner et l'utiliser: cet obstacle est un moyen. En effet, si le monde physique ignorait le déterminisme, s'il était le lieu de perpétuels miracles, de perpétuels changements, l'action humaine ne trouverait aucun point d'appui: nous serions les jouets de ses caprices et aucune liberté ne serait alors possible.

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