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Préparer
son oral - Philosophie ~~
Machiavel ~~ (1469-1527)
Discours sur la première
décade de Tite-Live
(* Le texte, en ouverture nouvelle fenêtre)
Page
1 - Vers page 2
Extraits
proposés par les éditions Bordas dans le livre "Philosophie
terminale L" sous la direction de Jean Montenot et Philippe Ducat
pages 522 à 526
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Pas à
pas, un accompagnement pour votre oral
Vous
pourriez situer le texte par rapport à l'œuvre de Machiavel, Le
Prince qui a été écrit à la même époque (vers 1513/1516).
Votre oral commencerait donc de cette manière:
Dans
Le Prince, Machiavel s'oriente vers la modernité: il tourne la
page, pour ainsi dire, sur une conception de la politique propre aux
anciens: le bon prince, selon lui, est celui qui, ayant la charge du salut
de la cité, doit s'occuper de ce qui est car une action ne peut réussir
que si la réalité est prise en compte. Or la réalité, pour
Machiavel, c'est que l'homme vulgaire, celui qu'on retrouve en plus grand
nombre, est méchant. Il faut donc ou bien le tromper par la ruse en lui
mentant, ou bien lui faire peur, le forcer, ou encore susciter sa crainte
par des exemple de cruauté, ce qui revient à le contraindre physiquement
ou moralement, à distinguer morale , religion et politique. Ce
texte est extrait du Discours sur la première décade de Tite-Live(
historien latin),
oeuvre que Machiavel commença vers la même époque que Le Prince
mais qu'il ne termina pas. Il cherche des exemples dans le passé pour,
grâce à sa raison, établir comment un bien peut jaillir de ce qui
paraît un mal aux yeux de la conscience morale:
S'il est inutile de compter sur la bonté des hommes pour progresser,
puisqu'il n'y en a pas, cela ne doit pas nous désespérer. Il ne faut pas
se lamenter sur cette méchanceté mais suivre l'histoire qui nous invite
à y voir la promesse d'un progrès puisque les divisions et les
désordres on été, dans le passé, source de progrès.
Après
ce préambule, vous abordez l'étude du premier texte, au chapitre
III: quelles aventures amenèrent la création des tribuns à Rome, et
comment la République en sortit plus parfaite. Il est important de donner
en premier le plan du texte que vous avez sous les yeux. Par exemple: Ce
texte comprend trois parties:
-
1-Dans
la première partie (jusqu'à "au grand jour"
- la ligne 8), Machiavel pose une sorte de
loi, un principe qui lui paraît incontestable, un postulat que le bon
politique doit admettre: une hypothèse une supposition, ce qui
n'apparaît pas au regard, n'est pas visible, mais que l'intelligible
révèle: il faut supposer que les hommes sont méchants
et que cette méchanceté s'exprimera, à chaque "occasion",
c'est à dire chaque fois que cela sera possible, que la contrainte de
la force disparaîtra.
-
2-Dans
la deuxième partie (jusqu'à "le désordre" -la ligne 21), l'auteur à partir de
l'analyse d'un exemple historique, la brusque disparition de l'ordre
imposé par le joug des Tarquins, s'efforce de prouver la valeur de
son principe.
En effet, avant cette brusque disparition, l'opinion qui croit à
tout ce qu'elle entend et à tout ce qu'elle voit, qui se fie aux
apparences hypocrites, aurait affirmé que les nobles du Sénat
avaient bien changé! Plus d'ambition, semblait-il, et beaucoup
d'humanité envers la plèbe. Mais ce n'était qu'une apparence car la
disparition des Tarquins fit apparaître la réalité: la démesure et
la persécution du peuple recommencèrent. C'est bien le mouvement du
temps qui est le père de toute vérité, par exemple qui fait
apparaître que l'amitié proclamée n'était qu'une simple
camaraderie intéressée.
-
3-Dans
la troisième partie, la raison s'exerce sur l'expérience pour en
dégager des enseignements: Machiavel tire la conséquence des deux
premières parties. Une institution est nécessaire: quand une
institution disparaît, il faut en créer une autre, meilleure: ici,
confier la garde de la liberté à des tribuns élus par le
peuple.
C'est que le désordre crée un besoin, le besoin d'une invention:
l'excès de licence appelle une invention. Pour protéger la liberté
du peuple de la démesure du sénat il faut créer une nouvelle
magistrature: les tribuns, élus par la plèbe, qui seront les gardien
de sa liberté.
Maintenant, vous pourriez procéder à une lecture
expressive des huit premières lignes.
Pour
rendre votre lecture expressive, soigner le ton. C'est un peu
celui d'un orateur. Montrez que vous avez compris l'importance des
concepts employés en appuyant par la voix sur eux (par exemple: tous;
s'accordent; supposer; méchanceté; penchant
caché; l'occasion ...)
L'explication,
vous la réaliserez en évitant la paraphrase: en
dépliant les principaux concepts sur lequel vous venez d'insister et, à
partir d'eux, en faisant apparaître le sens du texte.
Par
exemple: "Supposer", c'est faire une hypothèse, "d'avance",
c'est a priori avant toute expérience: il s'agit bien d'un postulat sur
lequel on ne revient pas sous peine d'être trompé et de périr. Celui
qui ne méfiera pas de la méchanceté des hommes sera frappé par cette
méchanceté.
Vous
répondrez aux questions qui
vous sont posées seulement après avoir cherché si la réponse n'est pas
dans le texte. Par exemple:
Questions
que pourrait vous poser votre examinateur:
=Dans
la deuxième partie, il y a l'expulsion des Tarquins et donc la
disparition de leur joug. Pourtant, après cette expulsion le sénat
semble uni avec le peuple, comme si les nobles étaient devenus une partie
du peuple, allant même jusqu'à prendre des manières populaires pour se
faire supporter écrit Machiavel. Selon sa théorie: si le joug a disparu
le Sénat ne devrait-il pas redevenir méchant. Comment comprenez-vous
cela?
(Votre
explication n'a pas assez souligné un point: le Sénat continue à
composer parce qu'il a peur du retour des Tarquins. Machiavel se souvient
que l'exil des Médicis hors de Florence a été provisoire et qu'ils sont
revenus... C'est donc la peur d'une alliance entre les Tarquins et une
plèbe excédée par les persécutions du Sénat qui contraignent le
Sénat à composer hypocritement en attendant la mort de Tarquins qui fera
disparaître définitivement toute menace de rétablissement de leur
pouvoir dans Rome).
-
Réponse
possible: Le Sénat a peur de persécuter le peuple et d'en faire
le soutien d'un retour des Tarquins... De réelle la domination est
devenue possible et la simple possibilité d'un châtiment suffit à
faire, pour ainsi dire, rentrer la méchanceté.
=Vous
parlez d'un postulat dans la première partie en vous vous appuyant
sur "Supposer"
et "d'avance": pourtant dans la deuxième partie, ne croyez-vous pas que Machiavel
essaie de le démontrer? Or vous définissez à juste titre le postulat
comme ce qui doit être admis sans démonstration. Comment accorder cela?
-
Réponse
possible: (Vous commencez par réfléchir et surtout, vous ne
revenez jamais immédiatement sur ce que vous avez déjà dit dans
l'explication. Puisqu'on vous demande d'accorder les deux parties, de
montrer qu'elles ne sont pas contradictoires, vous allez vous appuyer
sur la distinction entre démontrer et prouver.)
Effectivement, il est impossible de démontrer un principe car
démontrer c'est déduire d'une définition antérieure et un principe
est toujours premier: il n'y a rien avant lui. Un principe ne peut
donc être démontré. Mais un principe permet de prévoir; par
exemple si les hommes sont méchants, dès que la contrainte
disparaît, la méchanceté apparaîtra.
A partir du moment où l'auteur déduit une prévision du principe, il
peut toujours observer dans l'existence que son calcul se réalise
effectivement: par exemple dans le texte la disparition de la
dictature et de l'ordre qu'elle impose amène un comportement plein de
méchanceté du Sénat.
Ainsi, la deuxième partie ne contredit pas la première: Machiavel ne
cherche pas à démontrer le principe mais à le prouver en le mettant
en relation avec l'expérience. Prouver c'est toujours ramener à une
expérience. Par exemple Descartes met en évidence la première des
vérités, l'existence qui s'éprouve elle-même: je suis, j'existe.
Machiavel est tout simplement pragmatique: si un principe permet de
prévoir ce qui se passera, et d'échapper à la mort, ce principe est
"vrai" pour la vie d'un Prince. L'utilité suffit.
(réponse élaborée en fonction du corrigé de votre professeur).
=Le temps est le père de toute vérité, qu'est-ce que cela peut
signifier?
-
Réponse
possible: ou bien que le changement fait apparaître la réalité
en faisant disparaître les raisons de la dissimuler. Ou bien, on peut
aussi comprendre de façon complémentaire que le temps permet la
multiplication des expériences et une certaine "marche"
vers la vérité.
(réponse possible
d'un candidat).
Vous pouvez ajouter un exemple comme celui de l'amitié que le temps
"révèle" parfois en la réduisant à un simple intérêt ...
Pour
instaurer un dialogue avec
votre examinateur, vous devez quitter le ton de l'affirmation: lui poser
une question ou mieux vous interroger
vous-même à voix haute devant lui: par exemple:
A la
fin de votre oral: je me demande si cette séparation radicale de la
politique et de la morale peut vraiment s'accompagner d'un réel progrès?
Ou encore: N'est-ce
pas à l'origine de la démocratie dans cette invention de tribuns élus, gardiens de la liberté que je viens d'assister?
(S'il
le souhaite, votre examinateur saisira l'occasion d'engager un dialogue
dans lequel vous essaierez ensemble de former des idées: dans tous les
cas, vous chercherez à terminer par les intérêts philosophiques du
textes, à les insérer dans le dialogue: rappelons que l'intérêt
philosophique d'un texte, c'est ce qu'il apporte à la recherche de la
vérité et/ou de la justice)
Ce qui
vous amène au problème: est-ce le mal que nous prêche Machiavel? ou
au contraire, n'a t-il pas le souci de l'efficacité et de la paix sans
lesquels le bien apparaît et disparaît aussitôt? ..
-
Note
importante: quelle importance accorder à la biographie de
l'auteur?
Seuls des éléments qui permettraient de mieux comprendre le texte
sont intéressants dans un oral. Il est bon de savoir que Machiavel,
après l'expulsion des Médicis s'est mis au service de la république
que cette expulsion a permis de rétablir (à partir de 1494 à
Florence). Un peu avant la rédaction de ce texte, en 1512, la
République disparaît et Machiavel doit s'exiler. Il écrit alors des
oeuvres politiques. De retour, les Médicis règnent jusqu'en 1526 .
Après Machiavel retrouve son poste au service de la République. C'est donc
quelqu'un qui sait bien de quoi il parle, un grand serviteur de la
République et de la liberté!
Bonne
réussite à tous. Joseph
Llapasset ==> Vers
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