Internet
et psychanalyse
Internet au miroir des philosophes: la libération de lintelligence collective.
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Le pôle du refus, de la critique du nouveau vampire
vient dun urbaniste-architecte, Paul Virilio. Pour cet essayiste, la concurrence de
la mythique tour de Babel par lémergence du réseau mondial bien réellement
virtuel est déloyale, catastrophique et pour tout dire apocalyptique. Ainsi un nouvel
millénarisme souvre: Avec le développement des autoroutes de
linformation, écrit-il, nous nous trouvons devant un phénomène nouveau:
la désorientation. Il y aurait ainsi un risque majeur pour
lhumanité. Dès les années 50, Einstein évoquait selon lui, la
deuxième bombe, la bombe informatique. Linteractivité en temps réel
serait précisément à linformatique ce que la radioactivité serait à
lénergie. La grande menace concernerait la désintégration non seulement
des particules de la matière mais des personnes composant les sociétés contemporaines.
Chômage structurel, télétravail, téléachat, délocalisations seraient en
fait des phénomènes sociaux catastrophiques, effets directs, quasi automatiques de
linformatisation croissante alors même que de nombreux cybermétiers ne cessent
démerger.
Il est remarquable de constater que le vertige qui saisit certains
intellectuels est proportionnel à leur attachement peu ou prou confidentiel ou critique
à la forme la plus archaïque de ce qui relie les hommes entre eux : la religion en ses
attaches pré-bibliques ou non!
Le discours philosophique, Nietzsche/Heidegger, lont dans le fond bien
éclairé est une révolution totale vis à vis de lorganisation religieuse de
lhomme et du monde.
Mais dès à présent, ce sont des pans entiers de léconomie, des
finances, du commerce, des loisirs, de la recherche de léducation, des médias qui
sont, en profondeur, modifiés par les réseaux électroniques, les technologies du
multimédia et du numérique.
Ignacio Ramonet nhésite pas désigner la société
dinformation comme un phénomène de transformation
civilisationnnel, il
évoque lère dInternet. Sous cet angle-là, il serait
plus judicieux de craindre la world culture et sa conséquence directe, la
vassalisation idéologique globale de lEurope. Si marché et communication
simposent désormais comme des modèles opératoires inducteurs de nouvelles
dynamiques sociales, une question décisive est posée par lauteur de Géopolitique
du chaos:
A lheure du multimédia et du
cyberspace... les
médias traditionnels seront-ils évincés au tournant du millénaire par ce nouveau
miracle que représente Internet? Tous les hommes seront-ils destinés à devenir citoyens
égaux du cyberspace?
Dans le sillage de la pensée Deleuze-Guattari, mais aussi de Spinoza, P.
Lévy anthropologue - informaticien soutient que nous sommes entrés dans lère
post-médiatique. Linternet met en place la machine-univers et
nous fait comparaître devant une grave alternative:
- lhumanité va se transformer en une gigantesque fourmilière aussi docile
quhyperspécialisée;
- lhumanité va transformer une nouvelle organisation de léchange de
linformation, des signes par lintelligence artificielle en extraordinaire
outil de travail créateur planétaire ou dintelligence
collective.
Le trait distinctif de lInternet, le réseau des
réseaux, par opposition à tous les médias modernes classiques est de favoriser
léchange selon la nouvelle règle désormais possible de Tous avec Tous. (Par
opposition à la radiophonie, à la télévision, Un vers Tous, ou à la télécopie, au
téléphone, Un vers Un).
Evoquer la cyberculture consiste à repérer un nouveau rapport démocratique,
dégalité sociale à linformation, au savoir. La logique
associative nest pas le privilège de la communauté scientifique, elle concerne le
monde de léducation, de la formation et notamment, lapprentissage coopératif
en réseau dans lenseignement - à distance ou non.
Qui ne pourrait pas imaginer que la formule logique, politique de la
démocratie ne sen trouverait pas ainsi réactivée sur un mode nouveau? Il
sagirait de rendre possible lintervention des citoyen à
lélaboration des politiques, tant au plan local que global. Le cyberspace
en effet, ouvre la condition de possibilité dune communication non médiatique,
à une très grande échelle sociologique. La nouveauté absolue, cest la
déterritorialisation des échanges, mais aussi craignent certains, la déchristianisation
de leur principe symbolique (P.Virilio). La règle intrinsèque des rencontres
nest plus forcément le nom, la position géographique, sociale ou hiérarchique,
elle devient réseau a-centré de coopération pour une multitude de sujets, synergie des
centres dintérêts ou partages créatifs de savoir, de sens.
Linternet participe dun processus de virtualisation intense,
réel de lintelligence collective. La mise en commun de nos mémoires, compétences,
imaginations, idées, projets rend possible un nouveau principe de coopération
des singularités sociales plurielles où lintérêt de chacun ne soppose plus
à lintérêt de tous. (e-mail, visio-conférences électroniques,
téléchargement de fichiers...). Lenjeu alternatif concerne ce qui est, construction
par le bas oblige, à la source ultime de lordre juridique, de la
modernisation démocratique du capitalisme. Désormais, il est raisonnable de faire
lhypothèse quen Europe, linnervation électronique de nos
démocraties par la toile (WorldWideWeb) rendra impossible un
pouvoir monocentré, monocéphale de type nazi, fasciste ou stalinien,
totalitaire.
Déterritorialisation
et virtualisation sont corrélées, Pierre Lévy insiste sur leffet Moebius
inhérent aux nouvelles vitesses atteintes dans léchange des biens et des messages.
Ce dernier se décline selon plusieurs registres (économique, social, culturel,
existentiel...) où les points de passage entre lintérieur et lextérieur,
lextérieur et lintérieur deviennent dialectiquement réversibles:
- le rapport entre le privé et public,
- le propre et le commun,
- le subjectif et lobjectif,
- la carte et le territoire,
- le nom et lauteur..
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