L'opinion accepte volontiers
que l'oeuvre d'art soit une représentation d'un moi, le moi de l'artiste rendu sensible.
Mais le philosophe pense que ces formules n'ont d'autre intérêt que de faire jaillir les
problèmes qu'elles prétendent résoudre d'un trait de plume: qu'est-ce qu'un
moi ?
Qu'est-ce qu'une représentation?
Dans "Voir l'invisible" (1988) Michel HENRY mêle son
intelligence intuitive au texte de Kandinsky dans une lumière qui tente de cerner ce qui
par essence se dérobe au regard intentionnel, un contenu affectif pur qui ne
saurait être représenté sans réduction, falsification.
Autant dire que la vie comme
épreuve de soi, "immédiation pathétique", bonheur de l'existence,
exige l'abstraction qui seule peut produire un "pathos" par la composition des
couleurs et des formes dans un tout indivisible, fondement de l'individualité vivante
d'une oeuvre belle.
On saisira dans ce précieux livre
l'ébauche d'une réécriture de "L'essence de la manifestation"
(1963): parce que la vie est épreuve de soi elle est aussi accroissement de soi ("Voir
l'invisible", page 209).
C'est le problème de l'utilité de l'art
qui trouve ici sa complète résolution (page 226), dans la certitude de la dernière
phrase: "L'art est la résurrection de la vie éternelle" (page 244).
Ce livre s'impose déjà car, témoignant de la vie et du bonheur, il relève de
l'immortalité de la vie et de sa jubilation.
Aux chercheurs, il présente le sommet
actuel de l'oeuvre ( avec "Phénoménologie matérielle" de
1990) et une entrée royale dans la pensée de Michel HENRY.
Aux lecteurs, il offre, dans une langue claire, un itinéraire rigoureux pour
découvrir que le bonheur n'est pas un contenu quelconque, mais une présence à soi:
c'est pour cela qu'il se dérobe toujours à l'enquête d'un regard, quelle que soit son
acuité.
Aperçu de Joseph Llapasset
(Michel HENRY a approuvé le contenu de cette page).
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et la signification de l'oeuvre d'art"
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