II.
Le parcours.
L'impossible
compréhension
La
compréhension est l'origine et la fin (= but) de toute interprétation: on
désire comprendre et on souhaite que son effort se termine dans la saisie
parfaite du sens. En ce sens il n'y a pas d'interprétation sans
compréhension désirée, sans l'idéal ou si l'on préfère l'idée de
comprendre, de saisir le sens conformément à la réalité intérieure de
l'intention.
Mais
comme le sens est de l'ordre de la subjectivité, de l'intériorité il ne
peut qu'être supposé: la vérification est impossible puisqu'on ne voit
pas les coeurs... Reste que l'interprétation ne trouve sa mesure que dans
un écart avec la compréhension.
Dans
de telles conditions, ce qui existe réellement c'est
l'interprétation plus ou moins adéquate à l'intention. L'interprétation
est donc une compréhension qui doit se fier à l'intuition avec tous les
risques que cela comporte.
L'interprétation se fonde sur l'existence supposée d'un coeur
intelligent qui pourrait connaître avant même d'avoir analysé. On ne
chercherait que ce que, d'une certaine manière, l'on connaîtrait déjà.
Comment
l'interprétation pourrait-elle échapper aux choix et aux intérêts de
celui qui interprète?
Quel
serait le critère de l'intuition bien ajustée? La capacité de l'objet
choisi à éclairer, à mettre en lumière le sens et l'orientation des
phénomènes, leur unité originaire au sein de la multiplicité.
L'interprétation
est donc le résultat d'un acte intuitif qui prend dans tel ou tel
sens,qui traduit un texte pour en exprimer le sens au risque de
le trahir. Mais qui pourra mesurer le degré de la trahison, si le sens
n'apparaît que par l'interprétation? Certainement pas par le moyen d'une
autre interprétation ou par une succession d'interprétations.
=>
Que toute vérité humaine est hypothético déductive c'est ce que nous
révèle la réflexion épistémologique. Mais, l'expérimentation permet de
falsifier l'hypothèse ou de la confirmer.
=> Que toute recherche sur le sens procède d'une croyance, d'une
intuition qui pose le sens et s'épuise dans un effort pour comprendre ce
qu'elle a posé en tentant de l'élucider par une analyse rigoureuse, nous
aide à saisir que le sens est donné comme ce qui doit être sans cesse
repris par l'interprétation comme dans un cercle d'une soumission
conquérante. Humilité de l'homme qui n'est pas le maître du sens et
vérité grâce à une reprise.
Si
la science est hypothèse et vérification à l'infini, l'herméneutique est
intuition à l'infini dans un cercle entre la synthèse et l'analyse
dont elle ne saurait sortir: pourtant, au creux de ce cercle, jaillit une
fécondité surprenante et avec elle l'entreprise philosophique dans
laquelle c'est le même qui sait interroger et qui sait répondre, qui
trouvera toujours des raisons de douter au coeur même des raisons de
croire: surgissement d'une liberté.
=> Voir
dans Repères: Expliquer
/ comprendre
=>
Voir Arts,
langage et herméneutique esthétique. Entretien avec Paul Ricœur
par Jean-Marie Brohm and Magali Uhl (page1
- page
2)
Cours de Joseph Llapasset ,
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