III.
Le spiritualisme =
Définition
générale: la doctrine Au
contraire du matérialisme, qui,en réduisant l'esprit à la matière,
ramène tout ce qui existe à la seule réalité matérielle ( = monisme),
le spiritualisme en affirmant l'existence d'une réalité spécifique
distincte de la matière et du corps qui se nomme esprit ou âme, selon
qu'on l'oppose à la matière (esprit) ou au corps (âme), admet ainsi
deux réalités(dualisme), par exemple l'âme et le corps, irréductibles
l'une à l'autre et pourtant "unies conjointement". (Cf. Descartes,
Les passions de l'âme, Art,30 Le
spiritualisme est donc une doctrine qui affirme l'existence en l'homme
d'un principe de la pensée (l'esprit) qui ne saurait être réduit à la
vie et à la matière. Ce principe est source de pensée et de liberté
alors que dans la nature matérielle on ne trouverait, selon le
spiritualisme,que de l'étendue et des mouvements. On
distinguera (en particulier avec Bergson):
-
Le
dualisme vulgaire qui oppose radicalement deux réalités
qui s'excluent au point qu'il devient impossible de comprendre
comme l'homme et la nature peuvent malgré cette dualité présenter
des comportements et des organisations capables d'autonomie.
-
Le
dualisme comme méthode ou encore le dualisme de "point de
vue" à travers lequel c'est toujours l'unité de la personne
qui est visée: il s'agit de distinguer d'abord pour échapper aux
confusions et de mieux unir ensuite ce qui est si étroitement
conjoint (incarnation) grâce à cette distinction.
=
L'acte de naissance du
spiritualisme: Platon, Phédon ou de l'âme.
(98-100)
On
peut affirmer que c'est Platon qui dans le Phédon signe pour ainsi dire
l'acte de naissance du spiritualisme, en réglant son compte au
matérialisme d'Anaxagore et, à travers lui,à la tribu des
présocratiques: selon Platon Anaxagore promet beaucoup en subordonnant le
tout à une Intelligence ordonnatrice, l'esprit (nous). Mais il ne tient
pas ses promesses allant jusqu'à oublier l'esprit, l'intelligence, pour
expliquer le comportement des hommes. C'est que, comme souffle ou vent, le
"nous" d'Anaxagore est matériel.
Or, si Socrate, en prison, parle à ses amis en position assise dans cette
prison, ce n'est pas parce qu'il a des os et des muscles (simples
conditions qui obéissent à sa volonté intelligente) mais parce qu'il
obéit à un jugement que son âme intelligente (= intellect) a porté sur
ce qui vaut le mieux: non pas s'enfuir après avoir dit et
répété durant toute sa vie qu'il fallait obéir aux lois de son pays,
mais s'en remettre à la cité et au jugement des magistrats qui la
représentent.
En
ne distinguant pas l'âme qui comme intelligence est cause véritable, et
ce sans quoi la cause ne serait jamais cause, le corps, en confondant
cause et simple condition, Anaxagore et sa postérité se perdent, selon
Socrate, dans l'obscurité, dans l'absurdité d'une contradiction.
L'esprit comme intellect témoigne de la divinité organisatrice et de la
part divine dans l'humanité.
Le
spiritualisme apparaît aux rivages de lumière:
- La réalité d'un principe organisateur, d'une âme dont l'acte
est l'intelligence.
- L'existence d'une divinité.
- La participation de l'homme à la divinité par la meilleure
part de lui même.
- Les raisons de croire en l'immortalité de l'âme: comment cette
part divine disparaîtrait-elle avec la matière corporelle
composée? |
Tout
le Phédon doit se lire comme un effort de Platon/Socrate pour
orienter le choix de ceux qui l'écoutent: tout le propos de Socrate est
en effet de leur donner des raisons de croire que l'âme est le
meilleur d'eux même, qu'il faut en prendre soin, que la mort est une
délivrance du corps, que l'âme ne meurt pas. Le spiritualisme émerge de
cette persévérance socratique. L'âme est immortelle parce que, n'étant
pas composée, elle ne peut se décomposer. Le
spiritualisme se nourrira de la pensée de grands philosophes ( nombreux)
mais c'est peut-être Bergson dans Matière et mémoire (1896) et
dans L' Âme et le Corps (1912) qui, armé des connaissances
scientifiques de son époque,continuera le mieux le combat de Platon pour
orienter le choix de tous ceux qui le liront par des raisons de croire en
l'âme et en son immortalité. Nous reviendrons sur cet auteur dans
la page: Philosophie et science;
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Joseph Llapasset
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