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Rubrique philo-poche, cours sur Philagora http://www.philagora.net/philo-poche/
La
perception
- (pour
mieux comprendre)
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I. Propédeutique
pour mieux comprendre.
La
perception ça semble tout simple! J'ouvre les yeux, je vois un arbre à une
certaine distance. Pourtant
...
Je vois
un arbre.
-Si je
vois, je vise à travers une sensation, l'exercice d'un sens, la vue. La
"visée" est un acte de transcendance, une sorte d'intention (= je
tends vers) et cet acte intentionnel n'est pour moi, que par la
présence à soi de cet acte de ma conscience.
-Si je vois
"un" c'est que je sais compter et distinguer grâce à l'espace
déployé par mon esprit.
Si je vois un arbre c'est que je détermine par un concept une
représentation primitive: je conçois un être objectif correspondant à un
vécu intérieur: par quel mystère?
La perception ne serait-elle
qu'une représentation déterminée, une prise complète complète d'une
chose?
A y réfléchir, je tombe dans un grand embarras: la sensation comme la
perception semble à la fois incontestable et introuvable: la sensation
n'est en effet jamais donnée: voir c'est déjà dépasser, donner un sens
à la chose: ne serait-ce que son extériorité, sa transcendance
irréductible. Sans cela je ne verrais rien que la nuit d'une image pour
ainsi dire adhérente: sans distance, pas de vision.
Mais que
reste-t-il de la perception elle-même devant l'apport de la mémoire, de la
culture, de l'entendement: à la limite connaître pourrait se réduire à
reconnaître?
Me voilà ballotté entre la nuit de l'image et la clarté de l'entendement,
un rien de l'objet esquissé et le modèle d'un objet dans lequel
l'entendement ne retrouve que ce qu'il y a mis: le tout.
Entre des sensations qui ne sauraient être isolées et une perception
déterminée dans laquelle triompherait l'entendement, il y a certainement
ce "no man's land", entre l'intérieur et l'extérieur, à travers
lequel une donation s'effectue comme réalité du "il y a". Mais
aussi comme doute dans l'ambiguïté constituante du perçu: l'unité de la
présence et de l'absence, de ce qui se fuit.
A la fois présente et
introuvable, promesse d'une plénitude qu'elle ne saurait tenir sans
s'évanouir, la perception esquisse une révélation et, du même mouvement
en montre les limites: recherche d'une plénitude perdue, de ce lieu
mythique d'où toutes les choses seraient perçues dans leur plénitude,
recherche toujours renouvelée car ce point de vue sur la totalité se
dérobe sans cesse.
Je crois voir un arbre,en réalité,mais je ne vois qu'une esquisse
d'un arbre et je ne pourrais jamais remplacer cette esquisse que par une
autre esquisse pour peu que je me déplace.
Cours de Joseph Llapasset ,
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