De
J.K. Rowling
voici les aventures de Harry
Potter,
parues à
Londres, en quatre romans, depuis 1997, et à Paris à partir de
1998 aux éditions Gallimard:
- 1
A l'Ecole des Sorciers. - 2 La Chambre des Secrets. - 3 Le
Prisonnier d'Azkaban. - 4 La Coupe de Feu.
N'ayons pas
honte de lire Harry Potter et d'y prendre un vif plaisir!
A priori,
j'avoue qu'on n'a pas envie de perdre son temps sur des romans pour
enfants, dont les héros sont des magiciens. J'étais aussi, pour ma
part, un peu agacée par cet incroyable succès, qui me rappelait la
terrible invasion des Pokémons.
Rassurons-nous:
il y a peu de points communs entre les deux phénomènes, et nous
pouvons, sans céder au snobisme, ni bêtifier, nous mettre ici au
diapason des jeunes et nous plonger dans les aventures du petit
sorcier. Cet enfant,
devenu orphelin à l'âge de deux ans, est hébergé chez une sœur de sa mère et y mène une existence misérable, jusqu'au jour
anniversaire de ses onze ans, où une mystérieuse convocation lui
apprend qu'on l'attend à l'école des sorciers. Malgré
l'opposition farouche de sa famille, il entre donc dans cet établissement,
qui devient sa véritable maison.
Dans le monde
scolaire des cours, des camarades, des professeurs, des matches
sportifs, des gros chahuts, des fêtes, il découvre tout à la fois
la magie, l'amitié et de nombreux secrets auxquels sont liés ses
parents, qu'il n'a pas connus.
L'école
Poudlard, baigne dans l'irréalité, à chaque instant y surgissent
des objets incongrus, des solutions inattendues (notons, par
exemple, le coup de baguette qui lave et range la vaisselle en un
clin d'oeil!), des pratiques étranges, mais très vite, elles
paraissent tout à fait naturelles au petit Harry, et même au
lecteur, pour peu qu'il ait un peu de souplesse.
Bientôt, des
signes mystérieux éveillent la curiosité de l'apprenti sorcier:
présences insolites, sortilèges, murmures, demi-révélations...
et le voilà, malgré les mises en garde et les risques de renvoi,
lancé avec Ron et Hermione, ses deux fidèles amis, sur la piste
d'une menace à conjurer, d'une énigme à résoudre, ou d'un
innocent à défendre.
Les dangers,
les angoisses, les combats, les surprises et les déconvenues
tiennent en haleine jusqu'au dénouement. Il faut un rare talent
pour mener des récits cohérents et passionnants dans un univers créé
de toutes pièces, avec des inventions sans cesse renouvelées.
En fait, nous
acceptons facilement cet univers magique, parce que toutes les pièces
en existent déjà dans notre imaginaire. Leurs noms, qu'il s'agisse
de monstres hideux, de tendres licornes d'hippogriffes redoutables,
d'enchantements, de pierre philosophale, de potions ou de formules
miracles, d'objets répugnants, de farces ou d'attrapes, réveillent
en nous les échos d'une mythologie vieille comme l'humanité, ou
font allusion à toutes les horreurs dont raffolent les enfants.
Le génie de
l'auteur est de faire apparaître ce supranaturel d'une façon qui
ne dissout jamais le réel. Elle y parvient à cause de la présence
très forte de tous ses personnages. Malgré leur robe, leur chapeau
pointu, leur baguette magique et leurs pouvoirs, ils restent
absolument humains. Chez les sorciers, comme chez les hommes il y a
des bons et des mauvais, et des caractères très divers, qui sont
vraiment les nôtres.
On rencontre
les farceurs incorrigibles, la studieuse incollable, la fofolle qui
prédit l'avenir, le fils à papa, méprisant et malfaisant, le géant
au grand cœur, qui rêve d'élever des dragons, le patriarche
bienveillant et sage, les maîtres qu'on redoute, ceux qu'on vénère,
ceux qui cachent, sous des dehors sévères, des trésors
d'indulgence et de dévouement, ... Tous ces gens vivent et réagissent
avec nos critères et notre sensibilité, ils nous intéressent, ils
nous font une impression durable et nous nous attachons à eux.
Rares sont
les méchants, mais ceux-là le sont vraiment. C'est d'eux que vient
le danger, c'est contre eux que notre Harry part en campagne. Si
dans chacune de ces luttes du Bien contre le Mal, le jeune Potter et
ses amis ont momentanément le dernier mot, c'est parce qu'à
l'intelligence, au courage, à la science magique, dont leurs
ennemis sont généralement encore mieux pourvus qu'eux, ils
opposent les armes plus puissantes de la loyauté, de la générosité
et de l'amour.
Que tous les
enfants du monde aient plébiscité une oeuvre aussi saine et
positive donne confiance. Puisse
Harry Potter, le petit sorcier orphelin, devenir l'idéal et le modèle
de cette génération, dont on désespère peut-être à tort.
Jacqueline
Masson
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