Veillées
- C'est
l'aube!.
Veillées .I (p. 119).
Rimbaud découvre un bonheur
tout simple, qui se réalise dans la modération, où l'équilibre
s'exprime en négations, c'est à dire en renoncements.
Avec étonnement, ce grand
casseur s'aperçoit qu'il ne faut pas chercher midi à quatorze heures!
II
(p. 120).
Voici, ébauchés en quelques
notations très efficaces, les infrastructures d'un chapiteau de
cirque, ses effets scéniques et sa complexité.
"Rêve intense et rapide
de groupes sentimentaux avec des êtres de tous les caractères parmi les
apparences".
Diversité, illusion, nous retrouvons des thèmes chers à l'auteur.
III (p.
120).
Rimbaud enchaîne une suite
subjective de sensations et d'images.
Dans une lumière et des bruits tamisés, une songerie nocturne confond une pièce
confortable, un navire, une femme, un jardin. Au matin, la lumière de l'aube
disperse ces visions.
Ah! puits des magies".
Nulle amertume, seulement un doute
sur la réalité.
Mystique (p.121).
On peut se croire ici devant
l'immense composition d'un primitif flamand.
Les différents plans du tableau apparaissent. Tout l'univers est
présent, la mer, la terre, les activités des hommes, le ciel, avec ses étoiles
et ses anges. Les vives couleurs de la végétation et des parures
chatoient. Une douceur semble s'étendre.
Mais les "conques des mers" et les "nuits
humaines" ont pris la place de Dieu en majesté, "l'abîme
fleurant et bleu là-dessous" remplace le monde des damnés.
Une façon
jolie de régler son compte à la religion de l'enfance!
Aube
(p. 122).
Ce texte est le plus connu des
Illuminations. Sa fraîcheur, son mystère, son charme
ont suggéré beaucoup de très belles réflexions. Nous n'en dirons donc que
quelques mots.
Avant l'éveil du jour, moment privilégié où tout est neuf, un
adolescent commence une promenade triomphale à travers la campagne ensommeillée.
Petit magicien complice, il donne le signal du lever aux plantes et aux
bêtes.
C'est
l'aube!
Il l'aperçoit. Femme ou
vapeur, il la veut, il la poursuit. Elle se dérobe.
Parvient-il à l'étreindre? Leur chute est commune. Et lorsqu'il s'éveille,
c'est la pleine lumière, où s'évanouissent les songes.
Dans
ce merveilleux gamin curieux, possessif, maladroit, nous aimons retrouver
Rimbaud, un Rimbaud apaisé et, finalement, heureux, parce que comblé par
son rêve.
Des
songeries très sombres
avec quelques éclaircies!