Des
songeries très sombres
avec quelques éclaircies!
Fleurs
(p. 123).
Un scintillement d'objets
rares et de matières précieuses, dans un palais à l'architecture grandiose,
décoré de fleurs somptueuses, s'achève entre ciel et mer, sur la vision
revigorante d'un massif de roses.
Il y a quelque chose de naïf dans ce goût de Rimbaud
pour les mots clinquants! C'est artificiel, mais assez agréable.
Nocturne Vulgaire (p. 124)
Dans une course désordonnée
à travers une ville misérable, puis une campagne obscure et inquiétante, le
poète est lancé vers un avenir incertain, tandis qu'aux fenêtres du carrosse
qui le sépare du monde, apparaissent des figures étranges.
Violence, sexualité, mort,
horreur et tremblement, nous
retrouvons dans ce cauchemar les obsessions du
poète.
Marine (p. 126).
Quelques mots nautiques
donnent leur coloration au tableau, tout devient mer et navigation dans
le mouvement qui déferle sur le monde.
On est entraîné par cette sorte de déluge, dont
on ne saurait dire s'il va tout détruire...
Fête d'Hiver (p. 127).
Dans un jardin à la française,
décors, musique, costumes créent l'illusion d'une fête galante
au XVIII°
siècle.
Cet intermède plein de fantaisie, exprime, sans paroxysme ni agressivité, le goût
de Rimbaud pour le luxe et les plaisirs.
Angoisse
(p. 127)
Un grand désordre règne dans
les sentiments du poète, ballotté aux extrêmes du triomphe ou
du découragement.
Les beaux rêves du progrès scientifique ou social ont fait long feu. Seuls
demeurent la souffrance et la résignation.
Nous retrouvons, toujours déçue, l'attente du bonheur et d'un
renouveau.
Métropolitain (p. 129).
"Du détroit d'indigo aux
mers d'Ossian, sur le sable rose et orange qu'a lavé le ciel vineux".
Ce début brillant sonne
comme un pastiche!
Mais bientôt le ton retombe dans un prosaïsme triste, avec la vision
d'un paysage sombre, chaotique, dévasté, une "bataille"!
La ville est évoquée par quelques flashs, jardinets de banlieue, prostituée,
pochard arrêté sous un réverbère, propriétés solidement encloses, qui
font rêver les passants.
Un tourbillon d'images insolites et tumultueuses nous étourdit.
Malgré l'incohérence, nous n'avons pas de mal à reconnaître ici une
tonalité majeure, celle du refus et de la condamnation de la société.
Barbare (p. 131).
Le refrain agressif et négateur:
"Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs
arctiques (elles n'existent pas)", traduit une pensée sinistre,
que ne dément pas le reste du texte, lui aussi assez obscur, malgré quelques
éclairs.
Il y a du regret dans ces expériences et ces promesses
manquées.
Fairy (p. 133).
Les bonheurs éveillés par le
seul nom d'Hélène, les soins, le luxe dus à sa beauté se sont
résolus dans l'instant et ne sont plus que du passé.
La langue précieuse, contournée, hermétique avoue
une nouvelle déception.
Guerre (p. 134).
Un discours assez pédantesque
donne à penser qu'après différentes orientations, le poète, refusant ce
qui s'est offert à lui, préfèrerait le détruire.
"C'est aussi simple qu'une phrase musicale" ...si
on veut...
Solde (p. 135).
Rimbaud fait un catalogue
amer et dédaigneux de tout l'humain, pensée, sentiments, recherches, réalisations.
Il affirme ses propres aspirations: "Elan insensé et infini
aux splendeurs invisibles, aux délices insensibles, et ses secrets affolants
pour chaque vice, et sa gaîté effrayante pour la foule".
Rimbaud se met en marge du vulgaire,
incapable de comprendre l'être exceptionnel qu'il est.
Jeunesse.
I Dimanche (p. 136).
Ni l'activité intellectuelle,
ni les efforts individuels des vivants pour subsister positivement ne sont
dignes d'intérêt. Mieux vaut préparer une immense révolution.
Détruire et réinventer, toujours!
II
Sonnet (p.137).
De merveilleuses promesses
sensuelles se réduisent en des rêveries utopiques.
III
Vingt ans (p. 138).
"Ah! l'égoïsme infini
de l'adolescence, l'optimisme studieux: que le monde était plein de fleurs,
cet été!"
En quelques mots justes et
pleins d'émotion, Rimbaud évoque le temps merveilleux de la jeunesse, où
l'on se croit maître de tout.
Il avoue sa nostalgie et sa désillusion.
IV (p.
139).
Considérant avec dédain tout
ce qui fonde le monde actuel, le poète annonce des temps nouveaux, nés de
ses recherches et de son génie.
"Ta mémoire et tes sens
ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice".
La subjectivité, est la maîtresse
absolue.
Promontoire
(p. 139).