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-Petit Trésor- Un conte pour enfant


   De l'autre côté de l'océan, là où le ciel et la mer sont si bleus qu'on les confond, où des poissons aux ailes roses se promènent sur la crête des vagues, où les tortues sont aussi grosses que des barques, il y avait une île remplie de fleurs et d'oiseaux. C'est là qu'habitait Caroline, une enfant si mignonne que ses parents, ses frères, sa nounou Marie et même Séraphin son beau perroquet vert ne l'appelait que Petit Trésor.
Le matin avant de se baigner dans la mer avec sa maman elle s'amusait à ramasser des coquillages ou à bâtir des châteaux pour les fées dans le sable mouillé.

  Quand le soleil avait grimpé tout en haut du ciel, elle allait s'installer à l'ombre des cocotiers dans un grand hamac jaune et elle chantonnait des histoires à ses poupées en se balançant tout doucement. Séraphin accroché la tête en bas au grillage de sa volière répétait avec sa drôle de voix qui grince: "Petit Trrrésor, Petit Trrrrésor!!!!!


C'était une vie merveilleuse!

Malheureusement, on ne peut pas rester toujours petit! Quand on grandit, c'est fini: il faut aller à l'école. Au lieu de flemmasser, on fait sa toilette en vitesse, on s'étrangle en avalant son bol de chocolat parce qu'on a même pas le temps de le laisser refroidir et on court de toutes ses forces pour arriver avant le bruit de la grosse cloche qui crie d'une voix méchante: "Caroline, tu es encore en retard!"
  Il faut apprendre ses lettres, compter sur ses doigts, faire des bâtons sur une page et quand la maîtresse dit que ça n'est pas droit on n'a plus qu'à recommencer. Caroline a voulu expliquer à la maîtresse que, elle, ça n'est pas la peine qu'elle apprenne parce qu'à la maison, elle a 2 grands frères qui savent tout ça; Si mademoiselle veut ils lui feront un joli cahier plein de beaux bâtons, il pourront lui réciter la poésie des Jours de la Semaine et ils savent même compter jusque beaucoup, beaucoup.

 Mademoiselle Amélie qui a de jolis yeux tout ronds comme ceux de Séraphin mais plus grands a regardé Caroline avec un gentil sourire. Elle a secoué la tête en soupirant et elle est allée chercher une grande feuille de papier: "Allons Caroline, fais-moi un beau dessin". Caroline est toute contente, elle va pouvoir peinturlurer et s'amuser pendant que les autres qui n'ont pas de grands frères, les pauvres.... doivent apprendre plein de choses pas du tout intéressantes. Au bout d'un moment, mademoiselle Amélie revient: "Tu as fini?, c'est très bien!, c'est très joli". (mais comment voulez-vous qu'elle ait reconnu Séraphin puisqu'elle a pris le dessin à l'envers!)... "Maintenant tu vas me faire une belle ligne de A, tu vois, comme ça."


Allons ça y est, ça recommence! Elle n'a rien compris! Caroline est tellement découragée qu'elle se met à pleurer, elle voit bien que la maîtresse est aussi entêtée que maman quand elle l'oblige à se laver les mains avant d'aller manger.
Heureusement les autres ont fini leur travail. Maintenant on va faire une ronde, on a mis Jérémie au milieu avec un petite guitare: "Gling, gling, gling" et on tourne autour de lui en chantant: "c'est Gugusse avec son violon.. qui fait danser les filles ... qui fait danser les filles." On tournicote, on se bouscule un peu, Marion dégringole sur Sébastien et tout le monde éclate de rire. Ah, si seulement c'était toujours comme ça la classe!

C'est vrai qu'il y a encore d'autres choses que Caroline aime bien: la pâte à modeler où on invente des drôles de bêtes, la gymnastique quand on fait des galipettes dans tous les sens, les déguisements, là toutes les filles se disputent pour avoir le costume de la princesse, alors elle choisit la fée Carabosse et elle fait peur à tout le monde en parlant avec la voix de son perroquet, Séraphin: "Rrmm, Rrrrmm, je vais vous dévorrrer tout crrrus"; Mais le reste du temps on est assis sans bouger pour travailler. Souvent Caroline oublie d'écouter, elle rêvasse, et elle saute en l'air quand on lui demande: "Qu'est-ce que je disais Caroline?" La maîtresse a une voix si douce qu'un jour Caroline s'est endormie et boum, elle est tombée de son banc! Mademoiselle a eu très peur, elle l'a prise dans ses bras pour voir si elle ne s'était rien cassé et elle lui a donné un gros caramel. Elle est gentille la pauvre mademoiselle Amélie! Si seulement elle pouvait arrêter de nous ennuyer avec ces lettres et toutes ces affaires.

Il y a autre chose de bien agaçant, c'est qu'on l'appelle Caroline. Au début, elle ne comprenait même pas qu'on lui parlait. Maintenant, elle en a assez: son vrai nom c'est "Petit Trésor" oui ou non! Tout à l'heure elle a voulu expliquer ça, alors tous les enfants se sont mis à crier en même temps: "Moi, c'est Ma Bichette, moi Lapin Bleu, moi Roudoudou, moi Poucinet..." Quel vacarme! La dame qu'on appelle madame la Directrice est arrivée en courant, elle était toute rouge elle se bouchait les oreilles en hurlant: "Taisez-vous tous! vous m'embrouillez! Je ne veux pas entendre parler de ces bêtises de bébé! J'ai vos noms sur mon papier et c'est tout.

Ah, elle ne veut pas de Petit Trésor dans son école! Eh bien Petit Trésor restera à la maison avec Séraphin, et Caroline ira toute seule en classe si elle veut."
 Le lendemain, quand maman vient réveiller sa petite fille, elle l'entend murmurer: "Allons Caroline lève-toi vite, il ne faut être en retard!" C'est un vrai miracle, habituellement, il faut supplier, secouer... Maman repart ravie. Mais au bout d'un quart d'heure, rien n'a bougé! "Alors Petit Trésor, tu es prête? Je peux faire chauffer ton lait?" .. Pas de réponse: L'enfant s'est rendormie, ça fait peine de la tirer de son sommeil: "Allons Petit Trésor, on va t'attendre à l'école!

-Petit Trésor n'ira plus à l'école, la dame a dit qu'elle ne voulait pas Petit Trésor, elle prend seulement Caroline." Que faire? Nounou Marie a une idée. Elle monte dans sa chambre, elle prend derrière son armoire une poupée aussi grande que Caroline (prévue pour Noël):
"Et si on disait que cette poupée-là c'est Petit Trésor qui reste à la maison?
-Non répond la coquine, la poupée c'est Caroline, il faut l'envoyer en classe!
"Eh bien d'accord, habille-toi déjeune, et tu la conduiras à l'école!"
C'est amusant d'arriver comme si on était 2.

Tout le monde fait fête aux "jumelles", on installe la poupée à la place de Caroline, et c'est Petit Trésor qui va lui apprendre à faire des bâtons.
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