MON CHIEN ORION.
Orion était magnifique, le
poil luisant, les babines retroussées, à l'oeil vif et sympathique.
Il habitait Paris, près du
Luxembourg, et il aimait beaucoup se promener dans ce grand jardin plein de fleurs et
d'enfants.
Il
observait les sportifs pendant qu'ils trottinaient ou qu'ils faisaient leurs exercices de
musculation. Il courait après les pigeons, il tournait avec le manège, il humait le
parfum des roses, et quand il avait envie de se rafraîchir, il jouait sur les pelouses
avec le tourniquet du jardinier... Il était comme chez lui.
Jean, son maître, le
gâtait beaucoup, il le faisait dormir dans sa chambre et manger comme lui.
Aux grandes occasions,
par exemple pour son anniversaire, Jean l'invitait au restaurant. Quand il lui faisait ses confidences, et
qu'Orion le regardait avec ses bons yeux qui disaient: "Je te comprends, tu n'as même pas besoin de parler", ils se sentaient tous les deux les gens les plus heureux du monde.
Malheureusement, Jean avait un métier qui
l'obligeait à s'absenter souvent et il devait laisser son chien tout seul dans dans
l'appartement.
Alors, Orion, pour se
distraire et peut-être aussi pour montrer qu'il n'était pas content, inventait toute
sorte de bêtises.
Il ouvrait les oreillers pour voir
voltiger les jolies plumes grises et blanches, il mordillait le cartable où Jean rangeait ses revues, il avalait les chaussettes ou les cravates
qui traînaient sur la moquette, il faisait tomber le vase
posé sur la table... il préparait toutes sortes de bonnes surprises pour le retour de son
maître chéri.
Finalement, Jean a compris que son chien s'ennuyait et
qu'il avait besoin de compagnie. Alors, il a appelé son ami André qui vivait dans le sud
de la France,
au milieu
d'un grand jardin,
moins grand bien sûr que le Luxembourg, mais
largement suffisant pour les cabrioles d'un chien.
D'ailleurs, Orion faisait de moins en moins de cabrioles, il avait
quatorze ou quinze ans, ce qui, pour un chien, correspond à l'âge d'une grand'mère.
L'air de la campagne lui ferait du bien, il serait très heureux.
André, qui aimait beaucoup les animaux, a bien voulu se charger de
lui, et Jean l'a emmené là-bas. Mais les chiens se
languissent loin de leur maître. Parfois même, ils meurent de tristesse quand ils ne
peuvent plus le voir.
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C'est ce qui se passait
pour Orion, il ne mangeait presque plus, son poil devenait terne, il
n'avait plus que la peau sur les os.
Quand Jean a su qu'Orion était malade, il a pris l'avion pour venir le consoler et il
s'est précipité chez son ami André. Au fond du jardin, il a vu un pauvre chien qui
dormait à l'ombre d'un figuier: c'était Orion! Tout bouleversé, il l'a appelé: "Orion! c'est moi! c'est Jean!"
Aussitôt, Orion a reconnu la voix qu'il aimait, il a dressé la tête, il a couru vers
son maître, il a sauté aussi haut qu'il pouvait pour lui lècher la figure, et puis, il
est retombé et il n'a plus bougé: il était mort d'émotion et de joie.
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Quel chagrin pour Jean! Il
avait beau se dire qu'il avait donné à son chien le dernier grand bonheur de sa vie, il
était terriblement triste.
Alors il a demandé qu'on
brûle son corps. Le tout petit peu qui est resté -de la cendre et la médaille de son
collier- il les a mis dans un oeuf de pierre, d'une jolie pierre blanche, douce et
brillante. Il a cherché l'endroit le plus tranquille du jardin, et il a
installé l'oeuf à l'ombre sous un pin en l'enfonçant dans le tapis d'aiguilles sèches:
voilà!
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Il croyait, le bon Jean, que personne ne passerait dans ce coin
éloigné...
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Pensez-vous! Les petits-enfants
d'André ont eu vite fait de repérer qu'il y avait là-bas quelque chose d'intéressant.
Grégoire et sa soeur
Joséphine se sont approchés sans oser toucher cette chose qui les intriguait, Guillaume,
qui ne marchait pas encore, est arrivé derrière eux à quatre pattes, il a attrapé
l'objet et il s'est mis à le secouer en riant, ça faisait un petit bruit drôle:
"Tic! tic! tic!", très mignon à écouter.
Un oeuf, on est bien d'accord, ça doit
donner un petit, alors, on attend de voir quelqu'un sortir de cet oeuf-là. Et il n'en
sort personne! On entend pourtant, ce drôle de petit bruit quand on secoue: "tic!
tic! tic!". C'est sûrement le bébé qui parle! Quel bébé? Et quand va-t-il se
décider à se montrer? Les enfants l'attendent avec impatience.
Joséphine est la plus intriguée. Malgré
les gronderies de maman, elle maltraite ce pauvre oeuf en criant: "Alors, tu sors,
oui ou non?" Elle l'agite si fort qu'il lui échappe des mains, et: "clac! clac!
clac!", l'oeuf se casse en trois morceaux!
Les enfants sont effrayés, ils se
regardent sans oser parler: que va dire Tonton Jean?...
Juste à ce moment-là, qu'est-ce qu'ils
entendent?
"Tui! tui! tui!"... Et qu'est-ce qu'ils
voient?
Un beau petit oiseau perché
sur les morceaux de l'oeuf!
Quelle merveille! Alors, ils crient tous
ensemble: "Maman! maman! viens vite! L'oeuf d'Orion a fait un oiseau!"
Et c'est
sûrement vrai, parce que, quand tonton Jean pense à son vieux chien, "Tui!
tui! tui!", un beau
petit oiseau vient se percher près de lui. C'est son ami qui lui rend visite.
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