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Jean de La Fontaine - 

-Contre tous les convaincus par qui vient sans cesse le temps des assassins, contre l'opinion qui confond le visible et l'intelligible, qui refuse de penser et de distinguer, d'accorder un discours à son objet;
 -contre tous ceux qui ne s'élèvent jamais à l'idée du droit et qui pourtant croient avoir le droit avec eux;
 Jean de La Fontaine écrit
une fable dans laquelle l'humanité horrifiée, en cette fin de siècle, peut lire son histoire.

Le loup et l'agneau (1621 - 1695)

La raison du plus fort est toujours la meilleure:
Nous l'allons montrer tout à l'heure.

 

Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
"Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
Dit cet animal plein de rage:
Tu seras châtié de ta témérité.
-Sire, répond l'agneau, que votre Majesté
ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle;
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
-Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né?
Reprit l'Agneau; je tette encor ma mère.
-Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
-Je n'en ai point.
-C'est donc un des tiens;
On me l'a dit: il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte et le mange,
Sans autre forme de procès.

J. de La Fontaine, Fables, Livre Premier, 10

   Ainsi le loup, à jeun, poussé par le besoin d'apaiser sa faim et par le désir d'apaiser sa conscience (ce qui l'humanise...) veut non seulement manger le faible innocent mais justifier cet acte par l'usage de la raison:
transformer cette injustice en accomplissement de la justice, ce qui est la stratégie de tous les convaincus.

La raison, pourtant, par le principe de contradiction, empêche de faire du jugement "le droit est la force" un jugement analytique car le "droit" ne peut dévier par essence -(il ne serait plus le droit)-  ne saurait être soumis au devenir alors que la force change de camp sans cesse au gré des alliances ou de la ruse: la force ne saurait donc faire le droit.

Il faut donc que la force se retienne un instant, dans le simulacre d'une argumentation au fondement d'une sentence, qui transforme le meurtrier en justicier!

Mais "l'objet" se dérobe par trois fois au jugement prononcé: le loup étant plus haut que l'agneau, l'innocent ne peut troubler l'eau! L'an passé, il n'était pas né!  Il n'a pas de frère et s'il en avait un, serait-il responsable des actions de son frère?

Alors apparaît le ferment de tous les génocides, l'amalgame qui permet toujours de prononcer une sentence de mort car, à force d'identifier l'agneau aux autres, en élargissant le cercle par l'identité, on finira bien par trouver un coupable, et à faire remonter la culpabilité vers l'agneau, en utilisant le principe d'identité.

Kant écrira: "Une connaissance est fausse quand elle ne concorde pas avec l'objet auquel on la rapporte, alors même qu'elle renfermerait des choses valables pour d'autres objets" (Critique de la raison pure, p.80).

-L'intérêt de cette fable est de dénoncer non pas la violence mais la violence masquée de ceux qui cherchent à justifier par l'amalgame et par une raison pervertie,  leurs pratiques injustifiables.
C'est bien le développement de la philosophie maïeutique, qui apprendrait à penser avec et non à penser selon, qui permettrait de faire disparaître le temps des assassins, de ces convaincus qui font croire qu'ils pensent selon la raison alors qu'ils utilisent la raison, qu'ils la pervertissent, pour justifier leurs appétits ou leurs désirs.
Seule l'utilisation de la raison, de ce pouvoir de distinguer le vrai du faux, permettra de délivrer les violents de cette perversion, de les rendre inoffensifs en les mettant à nu et de débarrasser la foule de cette naïveté qui lui fait emboîter le pas au discours dogmatique.


Texte de Joseph Llapasset

On lira avec profit, le très beau texte, sage et mesuré, de Paul Clavier dans le profil: LA RAISON chez Hatier (p. 53 à 55).

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