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Rubrique Littérature
: http://www.philagora.net/frindex.htm
Diderot- Jacques le Fataliste.
A l'opposé de Sganarelle,
un valet surdoué! (page 2)
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B. Un valet surdoué.
Avec un maître aussi démuni,
Jacques a fort à faire, mais ses qualités, qui semblent innombrables, lui
permettent de parer à tout avec une remarquable vivacité d'esprit
et de corps. Il répare donc les sottises de son maître, le tire de tous
les mauvais pas, et il est ravi de lui démontrer qu'il domine une
situation, parce que, d'avance, il avait tout su observer
et prévoir.
En effet, non content de remédier aux
faiblesses de son patron, il s'institue sans complexes son maître à penser.
L'enseignement qu'il a reçu d' un certain Capitaine dont il cite à tout moment
la pensée, lui donne autorité pour discourir d'abondance sur le moindre
incident, comme sur les plus grands problèmes de l'existence. Son maître,
attentif et zélé, s'efforce d'argumenter avec lui sur la Fatalité, thème
récurrent du valet, et tous deux, des heures durant, "disputent sans
s'entendre" (=discourent sans se comprendre l'un l'autre).
Enfin, le valet tire avantage de sa
supériorité intellectuelle et pratique pour imposer ses choix et ses
décisions. Le sang froid et l'habileté avec lesquels il analyse et dénoue
une situation critique (menace de brigands, vol d'une monture, perte d'un objet,
événements imprévus...) lui permettent de donner au voyage le rythme et les
détours qui lui conviennent, sans avoir à s'en justifier.
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C'est vraiment lui qui mène le jeu.
Sans tenir compte des désirs ou de l'impatience de son compagnon, ou plutôt à
cause d'eux, il prend un malin plaisir à faire traîner sa monture sur
le chemin, faire attendre les explications qu'exigerait son
attitude, ou différer sa narration au moment le plus palpitant.
Car Jacques est un conteur
intarissable, et son maître est un auditeur dont la curiosité passionnée
pour le récit des amours de son serviteur procure à ce dernier l'immense
satisfaction de se faire prier.
Jacques peut même se permettre
l'insolence. Lorsque son maître, furieux qu'on lui ait volé son cheval, se
dispose à le battre, il réplique aussitôt: "Tout doux, monsieur, je ne
suis pas d'humeur aujourd'hui à me laisser assommer. Je recevrai le premier
coup, mais je jure qu'au second, je pique des deux et vous laisse là."
Comme tous deux passent près d'un
gibet, le maître plaisante sur le côté pendable de son domestique, et
celui-ci rétorque qu'il pourrait bien être lui-même le pendu.
Faisant allusion à une attaque de
bandits qu'il a su repousser, il ose énoncer: "Si
Jacques n'avait pas valu mieux que son maître..."
Après avoir joué à son maître un
tour pendable qui provoque une poursuite ridicule, Jacques déclare avec aplomb:
"N'avez-vous pas été ma marionnette et n'auriez-vous pas continué
d'être mon polichinelle pendant un mois si je me l'étais proposé?"
Comment, direz-vous, deux être si
dissemblables pouvaient-ils se supporter l'un l'autre? A la place du maître,
j'aurais vite détesté les airs supérieurs de mon valet. A la place de
Jacques, je me serais ennuyé à mourir avec un imbécile. Sans doute Diderot
a-t-il pensé la même chose au cours de sa rédaction, qui s'est poursuivie des
années durant. Et c'est probablement la raison pour laquelle nos deux voyageurs
prennent un beau jour un tournant.
A partir d'un séjour prolongé chez
une aubergiste intelligente et sympathique, les fantoches s'humanisent,
prennent chair et consistance, leurs caractères et leurs sentiments se
nuancent. Nous nous mettons alors à nous attacher à eux, à découvrir des
qualités au maître, des défauts et des faiblesses au valet.
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Limites d'une Amitié.
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