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La mule d'Isidore
par
Jacqueline -
Un conte pour enfant.
Quand Isidore a perdu sa mule, il n'a pas
voulu en avoir d'autre, il a démonté sa mangeoire et il nous l'a donnée pour en faire
une balustrade rustique. Chaque fois qu'il vient chez nous il caresse les barreaux tout
grignotés en disant "Je reconnais les dents de ma mule!" C'est qu'il y tenait
à sa Jojotte, affectueuse, dure à la tâche, et coriace!
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Avant d'être chez Isidore, la mule se trouvait chez ses cousins, Georges et Pierrette, à
l'autre bout du pays dans une vieille bâtisse au bord d'un ruisseau. Il n'avait l'air de
rien, ce ruisseau, avec son tout petit filet d'eau qui séchait dès les premiers jours de
l'été, et les anciens avaient construit leur maison près de lui sans se méfier.
Pourtant quand on regardait le lit profond comme une rue de ville qu'il s'était taillé
dans le rocher, on comprenait qu'il avait dû être un jour un sacré fleuve.
Georges cultivait sa lavande et sa vigne, Pierrette s'occupait des chèvres et de la
basse-cour. Ils travaillaient beaucoup, mais ils n'étaient pas malheureux. Leurs deux
enfants, une fille et un garçon, qui devenaient grands, commençaient à les aider, et
ils s'entendaient très bien tous les quatre... Tous les cinq en comptant la
Jojotte.
Quand elle arrivait au marché, toute fière, avec son poil bien brossé, et les pompons
rouges que Pierrette lui avait fabriqués, ses deux paniers chargés de fromages, d
'oeufs, de poules et de lapins, les gens se disaient: "En voilà une belle bête,
gentille et travailleuse! C'est moi qui aimerais une mule comme celle-là!"
Un jour d'automne, après
les vendanges, le ciel tout à coup est devenu noir, si noir qu'il a fallu allumer les
lampes dans les maisons, et que, dehors, quand on marchait, on ne savait plus si on était
sur le chemin ou dans les champs. |
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Bientôt de grands éclairs éblouissants ont traversé
les nuages avec des éclats de tonnerre épouvantables qui n'en finissaient pas. La pluie
s'est mise à tomber, normale, d'abord, puis de plus en plus forte, et ensuite comme les
chutes du Niagara. Tout le monde s'était enfermé à l'abri chez soi, Georges et sa
famille comme les autres, et on attendait que ça s'arrête. mais ça ne s'arrêtait pas!
Il y avait toujours des réserves et des réserves d'eau qui se versaient sur la campagne
et sur les villages.
Alors, le petit ruisseau de rien du tout
s'est mis à grossir et à rouler des pierres et des branches d'arbre comme un torrent de
montagne. Il a commencé à remplir son lit, ce lit si profond qu'il avait creusé avant
le temps des hommes. L'eau s'est approchée de la ferme en bouillonnant, elle en a fait
une toute petite île au milieu de la tempête. Ses vagues méchantes ont arraché la
barrière de l'écurie, arraché la porte de la maison et tout traversé, en emportant des
morceaux de meubles des chaises, des outils, des bottes de foin, des tonneaux de vin, tout
ce que George et Pierrette avaient gagné de leurs peines, ou reçu de leurs parents.
Le lendemain, l'orage était fini. |
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Un
grand vent du Nord a balayé tous les nuages, le ciel est redevenu
clair, et on aurait pu croire que rien ne s'était passé, sans les
champs inondés les arbres cassés, les maisons effondrées. Dès qu'ils
ont pu, les gens du village ont couru voir ce qu'on devenait chez
Georges et Pierrette.
Quel désastre! Des murs écroulés, des débris de verre, de vaisselle, de bois, de la
boue brune qui sentait la vase, et pas un bruit, sauf le clip clop de l'eau qui retournait
lentement vers le ruisseau. |
"Georges Pierrette! les enfants!
Jojotte!"... Pas de
réponse. Vingt fois, cent fois peut-être, on a répété les noms, en criant, en hurlant
pour essayer de les réveiller... Rien! Pendant des journées entières on a cherché sous
les restes de la maison, de la cave, de l'étable, dans les buissons, dans le ruisseau....
Rien! De Georges, de Pierrette, des enfants, aucune trace, pas plus que de la pauvre
Jojotte. On a donc pensé que tout le monde avait disparu dans la
tempête. Monsieur le
curé a dit une belle messe et on a beaucoup pleuré parce c'étaient de braves gens qu'on
aimait bien, y compris la Jojotte, qui en tout cas, méritait d'aller au ciel avec ses
maîtres.
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Pendant qu'on priait pour elle au village, Jojotte se traînait dans la pierraille, la
terre mouillée, les herbes glissantes: elle essayait de remonter du ravin vers les champs
pour se sauver du cauchemar où elle avait cru mourir. Après des heures d'efforts, après
être redégringolée plusieurs fois jusqu'au fond de la gorge, la vaillante bête a fini
par aboutir sur le plateau et sur le chemin qu'elle avait pris si souvent pour aller au
marché. Elle le connaissait bien Isidore, parce qu'il lui apportait toujours de l'avoine,
du pain, ou même des morceaux de sucre, en glissant des mots gentils au creux de ses
oreilles.
Tu imagines comme il a était
étonné de trouver la Jojotte couchée devant sa porte, toute fatiguée, toute pleine de
boue, avec à son cou le pieu auquel Georges l'avait attachée le soir de l'orage pour
l'empêcher de galoper dans tous les sens: elle avait tiré si fort qu'elle l'avait
arraché! Puisque les cousins étaient morts et qu'elle l'avait choisi, la mule est
restée chez Isidore.
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Or voilà qu'un jour il reçoit une lettre de Montréal, oui du Québec où il ne
connaissait vraiment personne. C'étaient les enfants de Georges et de Pierrette qui lui
écrivaient, ils voulaient des nouvelles du village où ils étaient nés. Ils n'étaient
donc pas morts! Comment ils avaient surnagé dans l'eau qui les emportait, je crois que
c'est avec de vieux pneus qu'ils avaient réussi à attraper. Comment ils ont abouti à
Marseille, et comment, de là, ils se sont retrouvés au Québec je ne pourrais pas te
l'expliquer, je peux seulement dire que pendant très longtemps, ils n'ont pas voulu
entendre parler du pays où ils avaient eu si peur, et où ils n'avaient plus rien. Ils
ont ouvert un restaurant, et en travaillant beaucoup ils sont devenus presque riches.
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Il y
a quelques années, ils sont revenus au village pour les vacances. Et quand la vieille
Jojotte, qui vivait encore, leur est apparue dans le soleil du matin, ils se sont crus
revenus au temps de leur enfance, au temps où ils l'amenaient au marché, toute fière,
avec ses paniers remplis d'oeufs de fromages et de fruits. |
Comme les mules ont bonne
mémoire je t'assure qu'elle leur a fait fête, et que c'était un plaisir de les voir
tous si contents.
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